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<i>Une tribune cosignée par Jean-Marc Roirant, secrétaire général de
la Ligue de l'enseignement</i><br>
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Il faut réformer les rythmes scolaires<br>
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Publié par : LE MONDE <br>
Le : 12.03.2013 <br>
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Un débat public intense entoure actuellement la réforme des rythmes
scolaires. Rappelons-le, cette réforme vise à faire de nouveau
bénéficier nos écoliers d'une semaine de quatre jours et demi de
travail scolaire, situation qui prévalait avant la réforme Darcos de
2008. En ajoutant une demi-journée de classe, elle permet d'alléger
les quatre longues journées scolaires, inefficaces en termes
d'apprentissage, tout en continuant à accueillir les écoliers
jusqu'à 16 h 30 dans le cadre d'études surveillées et d'activités
périscolaires, ces dernières étant organisées par les municipalités.<br>
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Mais alors que, aujourd'hui, la réforme est débattue, ce n'est plus
l'intérêt de l'enfant qui est au coeur des échanges publics. Le
débat se centre désormais sur les nouvelles contraintes qui
s'imposeront aux adultes (les enseignants doivent-ils travailler une
demi-journée supplémentaire, comme avant 2008 ?), ou des réflexions
organisationnelles (la demi-journée supplémentaire doit-elle
s'organiser le mercredi ou le samedi ?).<br>
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Pourquoi la réforme des rythmes scolaires entraîne-t-elle un débat
si confus et de telles résistances récurrentes, alors même que lors
de la concertation autour de l'école qui s'est tenue à l'été 2012,
tous les professionnels et partenaires de l'école - les syndicats
des enseignants, les fédérations de parents d'élèves, les
représentants des associations de collectivités territoriales, les
chercheurs, les représentants du secteur touristique - se sont
accordés pour juger cette réforme à la fois pertinente et
nécessaire.<br>
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NOUVEAUX COÛTS<br>
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Elle touche à la vie quotidienne des professionnels de l'école. Elle
aura pour conséquence majeure de modifier l'emploi du temps des
enseignants en rajoutant une demi-journée de cours qu'ils ne
dispensaient plus depuis la réforme Darcos de 2008. La réforme est
aussi remise en question par des municipalités ou conseils généraux
qui y voient de nouveaux coûts, dans une période de contrainte
budgétaire.<br>
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Elle bouleverse également les représentations sociales et les
valeurs des professionnels de l'école. Elle donne la possibilité aux
municipalités de développer de nouvelles activités périscolaires
durant ce qui est vécu par les enseignants comme le temps scolaire
historique, le sacro-saint "8 h 30 - 16 h 30". Faire passer la
réforme, c'est changer ces représentations, une tâche plus ardue que
tout changement d'organisation scolaire.<br>
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Enfin, elle implique que dans chaque municipalité se construise un
projet et donc un consensus engageant un grand nombre d'acteurs
porteurs de cultures et d'identités professionnelles différentes :
éducation nationale, municipalités, conseils généraux si des
transports scolaires sont impliqués, associations oeuvrant dans
l'éducatif, établissements publics chargés d'infrastructures... Elle
est aussi ardue parce qu'elle concerne l'enseignement primaire, dont
la gestion est atomisée entre des milliers de municipalités.<br>
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Le gouvernement précédent avait bien compris la difficulté. Luc
Chatel, après avoir réuni une commission sur les rythmes scolaires
en 2010 dont les préconisations étaient similaires à celles de la
réforme aujourd'hui engagée, avait préféré en différer
l'application. L'amorce du débat sur le sujet dès le quinquennat
précédent démontre que cette réforme dépasse largement le clivage
droite-gauche, car elle implique très fondamentalement l'intérêt des
enfants les plus jeunes.<br>
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Faut-il renoncer devant tant de difficultés ? Non, car il s'agit
d'une réforme cruciale qui, de plus, conditionne l'efficacité des
autres politiques prévues dans l'enseignement primaire.<br>
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L'EXCEPTION FRANÇAISE<br>
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Elle vise, avant tout, à redonner à chaque écolier sa pleine
capacité d'apprentissage, en répartissant plus harmonieusement les
heures d'enseignement strictement scolaire sur un nombre plus
important de jours. Aujourd'hui, avec une semaine scolaire de quatre
jours travaillés seulement, alors que la norme en Europe est à la
semaine d'au moins 4 jours et demie, avec 144 jours d'école par an
contre 180 en moyenne dans les 34 pays membres de l'Organisation de
coopération et de développement économiques (OCDE), la France est
une exception sur la scène internationale par le faible nombre de
jours dont bénéficient nos écoliers.<br>
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Par ailleurs, les chercheurs chrono-biologistes ont démontré qu'une
semaine d'apprentissage sans la rupture constituée par un jour non
travaillé respecte le rythme biologique de l'enfant. L'argument
aujourd'hui avancé selon lequel les enfants se reposeraient le
mercredi est non fondé scientifiquement, cette journée sans école
dérègle leur horloge biologique. Grâce à ce changement dans le temps
scolaire, l'écolier bénéficiera aussi soit d'un accompagnement au
travail scolaire, soit d'activités périscolaires.<br>
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La réforme est particulièrement importante pour les enfants issus de
milieux défavorisés, qui bénéficient d'un faible encadrement du
travail scolaire à la maison. Certes, animer ces activités a un
coût, c'est pourquoi le ministère a créé un fonds d'amorçage avec
une aide financière différente selon la richesse des municipalités.
Une évaluation régulière de la réforme est nécessaire pour s'assurer
que la qualité de ce nouveau service éducatif ne diverge pas selon
les territoires, une mutualisation entre collectivités locales des
savoir-faire en matière d'activités périscolaires également.<br>
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Enfin, la réforme est aussi cruciale car elle conditionne
l'efficacité d'autres réformes en cours. Bénéficier d'un jeune
maître bien formé, de nouvelles pédagogies dans le cadre du
dispositif "Plus de maîtres que de classes" qui permet la
co-intervention de deux professeurs, d'un accès à l'école maternelle
dès 2 ans, trouvent leur efficacité si l'élève est disponible
intellectuellement pour les apprentissages. Il s'agit donc d'une
réforme à la fois centrale mais urgente. Chaque année passée sans
réforme conduit nos écoliers à perdre une part non négligeable des
heures utiles pour leurs apprentissages. Faut-il continuer à en
différer la décision ?<br>
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Collectif<br>
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Parmi les cosignataires de ce texte<br>
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Christian Forestier, copilote du dispositif de concertation autour
de l'école et coprésident du comité de pilotage de la Conférence
nationale sur les rythmes scolaires ; Nathalie Mons, sociologue et
copilote du dispositif de concertation autour de l'école ; Jean-Marc
Roirant, secrétaire général de la Ligue de l'enseignement ; Odile
Quintin, coprésidente du Comité de pilotage de la Conférence
nationale sur les srythmes scolaires ; Dominique Schnapper,
directrice d'études à l'EHESS ; ...<br>
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : <a class="moz-txt-link-abbreviated" href="mailto:denis.lebioda@laligue-alpesdusud.org">denis.lebioda@laligue-alpesdusud.org</a>
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Nos sites :
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