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Lire notamment : "La deuxième priorité de ma politique est le
développement de la pratique artistique à l’école, dès le plus jeune
âge et pour tous. On parle encore aujourd’hui d’éducation artistique
et culturelle, mais le virage c’est la pratique..."<br>
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Françoise Nyssen : « Il faut combattre la “ségrégation culturelle” »<br>
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La ministre de la culture détaille les priorités de la Rue de
Valois, parmi lesquelles la mise en place d’un « passe culture »
pour les jeunes de 18 ans.<br>
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Publié par : LE MONDE <br>
Le : 18.12.2017 à 09h33 <br>
Propos recueillis par Cédric Pietralunga et Sandrine Blanchard<br>
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Après six mois à sillonner la France, Françoise Nyssen expose la
politique qu’elle entend mener rue de Valois. La ministre considère
qu’il faut « briser les déterminismes socio-économiques et
géographiques en misant sur une offre culturelle de proximité ». Le
passe culture, promis aux jeunes de 18 ans, pourrait devenir un «
service public universel de la culture ».<br>
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Vous êtes ministre de la culture depuis sept mois, mais vous
n’incarnez pas encore une politique de la culture. Etes-vous trop
discrète ?<br>
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On ne vend pas un livre qui n’est pas écrit. Avant d’incarner la
politique culturelle de la France, j’avais à l’imaginer, à
l’élaborer. 2018 sera l’année de sa concrétisation. Je rappelle que
je suis arrivée à un moment stupéfiant : le FN au second tour, et
une vraie difficulté des Français à se mobiliser. C’est dans ce
contexte que j’ai accepté de m’engager auprès d’Emmanuel Macron,
convaincue que la question culturelle était la clé de ce moment
politique.<br>
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Vous vous sentez en mission ?<br>
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La culture n’est pas un supplément d’âme, elle est constitutive de
l’âme. Je suis entrée au gouvernement avec mes convictions, quarante
ans d’engagement et l’envie d’agir. Pour autant, je voulais voir et
rencontrer avant d’agir. J’ai mis une énergie totale, durant les
sept premiers mois, à parcourir la France, à ne pas rester derrière
mon bureau à lire des notes parfois un peu éloignées des réalités
du terrain. Cela a pris du temps, mais c’était nécessaire.<br>
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Qu’avez-vous vu lors de ce tour de France ?<br>
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Il y a une France qui ne va pas bien. Je veux que le ministère de la
culture soit d’abord au service de ceux qui sont exclus. Une grande
majorité de nos concitoyens ne bénéficient pas des politiques
culturelles qu’ils financent pourtant avec leurs impôts. Il faut
combattre ce qui est perçu comme une « ségrégation culturelle ».<br>
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Tous vos prédécesseurs ont plaidé en faveur de la culture pour tous.
Mais cela reste un vœu pieux…<br>
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Bien sûr, il n’est pas écrit que tel spectacle ou tel livre n’est
pas fait pour vous, mais rien n’est fait pour dire que c’est pour
vous. Il faut briser les déterminismes socio-économiques et
géographiques en misant sur une offre culturelle de proximité.<br>
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Comment cela se concrétisera-t-il ?<br>
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Mon action s’organise autour de quatre priorités. La première, c’est
la revitalisation des villes par le patrimoine. En 2018, 326
millions d’euros seront consacrés à sa restauration, dont 15
millions réservés aux petites communes, et 9 millions d’euros
supplémentaires soutiendront la revitalisation de centres-villes
anciens. La deuxième priorité de ma politique est le développement
de la pratique artistique à l’école, dès le plus jeune âge et pour
tous. On parle encore aujourd’hui d’éducation artistique et
culturelle, mais le virage c’est la pratique. Doit-on apprendre
Britten ou chanter Britten ? L’enfant qui chante a la curiosité de
savoir qui est l’artiste. A la fin de ce quinquennat, je souhaite
qu’aucun enfant ne se sente illégitime face à une œuvre ou un lieu
de culture. Les artistes seront au centre de cette transmission.
Bonne nouvelle : ils le demandent. La culture n’est plus invitée à
l’école : elle s’y installe, et durablement.<br>
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Vous voulez aussi ouvrir davantage les bibliothèques ?<br>
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C’est la troisième priorité de mon action. Erik Orsenna remettra
très prochainement son rapport sur le sujet. Puis je présenterai mon
plan d’action pour que nos 16 000 bibliothèques deviennent le
premier réseau de culture de proximité. Pour la majorité de la
population, la bibliothèque est la première porte culturelle. Ce
sont des lieux de grande humanité, sans clivage : on ne doit
justifier de rien pour y entrer. Le premier ministre vient de
l’annoncer aux collectivités territoriales : 8 millions d’euros
seront mobilisés pour financer l’extension des horaires des
bibliothèques. Enfin, la quatrième priorité sera le passe culture,
que nous déploierons en septembre 2018.<br>
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La notion de service public de la culture, c’est votre leitmotiv ?<br>
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Il ne faut surtout pas uniformiser la culture, ou l’enfermer dans
une trame consensuelle. Pour cela, le ministère de la culture
soutient la création et les artistes. Mais sa mission première
aujourd’hui est d’ouvrir l’accès à cette vie culturelle à ceux qui
en sont exclus. Alors oui, « service public de la culture » me
semble être la juste approche. La pratique artistique, les
bibliothèques et le passe culture seront les outils de cette
politique.<br>
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Vous avez annoncé vouloir porter plainte après la publication par «
Le Monde » de documents exposant vos pistes de travail, sur la
réforme de l’audiovisuel notamment. Pourquoi ?<br>
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En aucune manière il n’était envisagé de déposer plainte contre les
journalistes ou un organe de presse. C’est lorsqu’un mail a circulé
avec ce document de travail confidentiel qu’on a envisagé de déposer
plainte pour que cela ne se reproduise plus, indépendamment de
l’article du Monde. Nous avons finalement décidé de nous en tenir à
l’enquête interne.<br>
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Devant des députés, Emmanuel Macron a qualifié de « honte »
l’audiovisuel public. Reprenez-vous ce terme ?<br>
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L’audiovisuel public, ce sont 3,9 milliards d’euros financés par la
redevance, donc par les Français eux-mêmes. L’effort d’économies
demandé à France Télévisions, c’est 50 millions d’euros, soit moins
de 1 % de son budget. Mais il faudrait cesser de ne parler que de
budget. Quels sont les défis aujourd’hui posés ? La reconquête du
jeune public, qui se détourne massivement de nos antennes, la
production d’une information indépendante et de référence qui fait
rempart contre les « fake news »,un effort d’investissement dans la
création, les contenus et l’offre numérique. Pour réaliser tout
cela, il faudra, oui, certainement, une transformation importante.<br>
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Mais il y a une différence entre inciter les acteurs à bouger et
qualifier leur travail de « honte ». Ne craignez-vous pas de
déstabiliser la présidente de France Télévisions ?<br>
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Delphine Ernotte a, dans un premier temps, adopté une posture
défensive alors qu’on demande à tous les Français de faire des
efforts. Mais je l’ai vue depuis et les réflexions au sein de
France Télévisions sont aujourd’hui résolument tournées vers la
transformation.<br>
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Vous connaissez bien Nicolas Hulot. Il a dit qu’il se donnait un an
pour voir s’il pouvait « être utile ». Vous, combien de temps vous
donnez-vous ?<br>
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Je ne suis pas assez politique et trop entrepreneuse pour me poser
cette question. Tant qu’on peut faire sa part, on la fait. Le
pessimisme de la raison nous oblige à l’optimisme de la
détermination.<br>
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Vous êtes une femme de gauche, mais beaucoup disent que le pouvoir
penche à droite, concernant la politique migratoire, par exemple.
Vous sentez-vous à l’aise dans ce gouvernement ?<br>
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Permettez que je réponde avec J. M. G. Le Clezio : « La migration
n’est pas, pour ceux qui l’entreprennent, une croisière en quête
d’exotisme, ni même le leurre d’une vie de luxe, dans nos banlieues
de Paris. C’est une fuite de gens apeurés, harassés, en danger de
mort dans leur propre pays. » Ce point de vue, je le fais valoir
sans qu’il m’en soit fait le reproche. Et je souhaite défendre
l’accès à la vie culturelle pour tous ceux qui sont sur le sol
français.<br>
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Vous n’avez pas d’expérience politique mais avez été chef
d’entreprise culturelle. Cela vous sert-il ?<br>
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J’ai toujours vécu ma vie comme un apprentissage, un enrichissement
permanent. J’avance dans la curiosité et le questionnement, en
dehors des certitudes. Je suis fondée par le principe
d’indétermination d’Heisenberg : j’avance en fonction des
problématiques, rien n’est jamais figé, mais toujours en mouvement.<br>
<br>
Vous avez dit être « la ministre des travaux pratiques ». Vous le
revendiquez toujours ?<br>
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C’est sans doute pour cela que je suis là. Mais je ne pense plus en
ces termes. Je suis Françoise Nyssen, ministre de la culture en
France.<br>
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Françoise Nyssen : « Le passe culture ne sera pas un “gadget” »<br>
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La ministre de la culture revient sur la promesse de campagne
d’Emmanuel Macron et sur sa mise en œuvre.<br>
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Publié par : LE MONDE <br>
Le : 18.12.2017 <br>
Propos recueillis par Cédric Pietralunga et Sandrine Blanchard<br>
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La promesse de campagne d’Emmanuel Macron de créer un « passe
culture » d’une valeur de 500 euros pour tous les jeunes de 18 ans
va-t-elle être tenue ?<br>
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Le passe culture verra le jour dès 2018. Ce qui importe, c’est la
façon dont cette promesse va se concrétiser. J’ai décidé de la
forme qu’il prendrait avec une double exigence : qu’il ne soit pas
un simple chèque, et qu’il ne profite pas uniquement à ceux qui ont
déjà des activités culturelles. En somme, que le passe ne soit pas
un « gadget ». Mais tel que nous sommes en train de le dessiner, le
passe culture est une révolution. Une voie d’accès inédite vers la
culture.<br>
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C’est-à-dire ?<br>
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Nous allons créer un nouveau service public universel de la culture.
Le passe culture sera une application géolocalisée pour mobile,
créditée de 500 € par l’Etat pour les jeunes de 18 ans, mais
téléchargeable par tous. Nous voulons qu’il soit le « geste réflexe
», la porte d’entrée vers l’ensemble de l’offre culturelle, comme
les applications qui peuvent exister pour les voyages ou la
restauration. Il n’y a pas d’équivalent pour la culture aujourd’hui.
Le passe permettrait d’accéder à de l’offre en ligne, mais aussi de
connaître toute l’offre culturelle à proximité : où acheter un
livre, où trouver un stage de hip-hop ou de théâtre, etc. Ce sera
comme un GPS de la culture. L’outil pourrait aussi offrir des
solutions de mobilité. Car il existe des endroits en France où les
jeunes sont victimes d’une forme d’assignation à résidence
culturelle. Nous allons développer l’application avec l’aide d’une
start-up d’Etat, pilotée par un chef de projet, qui coconstruira
l’outil avec des usagers et des acteurs du secteur culturel. Je
souhaite que la proposition soit éditorialisée, pour que le passe
aide chacun à aller vers l’offre culturelle qu’il ne connaît pas. De
premiers tests auront lieu au premier semestre 2018 sur trois
territoires, pour un lancement en septembre.<br>
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Qui seront les premiers opérateurs à se lancer sur cette nouvelle
application ?<br>
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L’objectif est de pouvoir embarquer le plus grand nombre
d’opérateurs – petits et grands, publics et privés –, pour que le
passe donne une autonomie totale aux jeunes. Je vais lancer un appel
à contribution ce lundi, à l’occasion d’une première séance de
travail qui réunira des acteurs culturels ayant déjà manifesté leur
intérêt pour le projet et des jeunes qui nous parleront de leurs
usages. Cette réunion a lieu à la maison de la culture de
Seine-Saint-Denis, ce qui n’est pas anodin. C’est une manière de se
positionner avec le public de ces territoires. L’important pour
l’heure, c’est la méthode, qui sera coconstructive et évolutive.<br>
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Un budget de 430 millions d’euros a été évoqué, comment sera-t-il
financé ?<br>
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Il faut réfléchir à la diversité du financement. Je souhaite que les
acteurs qui seront partenaires du passe et en bénéficieront,
puissent contribuer d’une façon ou d’une autre à son financement.
Nous avons engagé les discussions.<br>
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : <a class="moz-txt-link-abbreviated" href="mailto:denis.lebioda@laligue-alpesdusud.org">denis.lebioda@laligue-alpesdusud.org</a>
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Nos sites :
<a class="moz-txt-link-freetext" href="http://www.laligue-alpesdusud.org">http://www.laligue-alpesdusud.org</a>
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