[Infoligue] Quel avenir pour les pays dans le projet de réforme territoriale ?
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 17 Juin 10:04:44 CEST 2010
Quel avenir pour les pays dans le projet de réforme territoriale ?
Auteur : Luc Picot
Publié par : http://www.projetdeterritoire.com
Le : 15/06/2010
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L’adoption par les députés le mardi 8 juin, de l’article 25 du projet de
loi portant réforme territoriale, avalise la suppression de l’article 22
de la LOADT. Cet article servait de base juridique à la reconnaissance
des pays par l’Etat.
Quelles sont les conséquences de cette suppression pour les pays ?
L’article 22 de la LOADT déterminait les conditions pour que l’Etat
puisse reconnaître les démarches de pays portées par les collectivités
locales (essentiellement les intercommunalités). Il ne définissait pas
la nature juridique de la structure porteuse du pays, son choix
(association, GIP-AT ou syndicat mixte) étant laissé à la libre
appréciation des collectivités membres du pays.
Les collectivités locales (communes ou intercommunalités) s’administrent
librement en vertu du principe constitutionnel fixé à l’article 72.
Elles peuvent donc choisir librement de se regrouper dans des structures
légères de coopération sans autorisation de l’Etat. Tel est le cas pour
les associations de pays ou de développement local qui ont souvent été
créées avant même la création du dispositif pays par la loi Pasqua de 1995.
La création des syndicats mixtes dépend en revanche du pouvoir
discrétionnaire du Préfet. Mais la réalité politique locale conduit
généralement à une collaboration entre les autorités étatiques et les
élus locaux qui souhaitent structurer leurs démarches de coopération
sous la forme d’un syndicat mixte.
La réforme n’aura pas d’incidence sur les contrats portés par les pays,
ce que confirme Michel Mercier qui précise que « les pays existants
continueront à vivre et à contractualiser et qu’à échéance de leur
contrat, ils pourront conclure de nouveaux contrats ». En effet, la
contractualisation entre les collectivités publiques et leurs
partenaires ne nécessite pas de référence législative explicite.
Pour conclure sur la question de la suppression de l’article 22, on peut
constater qu’elle n’aura pas d’incidence directe sur l’existence des
structures porteuses de pays actuelles, d’autant plus que l’Etat ne
souhaite pas remettre en cause ceux qui sont reconnus.
Ainsi l’interdiction de la reconnaissance de nouveaux pays aura une
portée relativement limitée et semble plutôt symbolique. Aujourd’hui les
pays couvrent presque l’intégralité du territoire national.
La vraie question pour les pays est de connaître leur future place dans
les nouveaux schémas départementaux de la coopération intercommunale.
La loi prévoit que pour achever la couverture intercommunale, les
préfets adopteront avec la nouvelle commission départementale de la
coopération intercommunale (CDCI), un schéma qui aura pour objectif de
restructurer le paysage intercommunal local. Ce schéma pourra favoriser
la création de nouveaux EPCI, mais surtout redéfinira le périmètre de
ceux qui existent aujourd’hui, et pourra aller jusqu’à proposer leur fusion.
Ces pouvoirs exceptionnels seront également appliqués aux différents
syndicats de communes (SIVU, SIVOM, etc.) et syndicats mixtes, avec
l’objectif de faire disparaître, par suppression ou rattachement, un
certain nombre de structures (plus de 18 000 existent aujourd’hui) qui
apparaîtraient comme des doublons par rapport aux nouvelles
intercommunalités (périmètre identique, mission nouvellement dévolue à
l’EPCI, etc.).
Les syndicats mixtes de pays ne sont toutefois pas directement concernés
par cette restructuration qui cible les petits syndicats de communes.
Les pays regroupent plusieurs communes et intercommunalités, ce qui
induit une base territoriale plus large rendant difficile leur
rattachement à une autre structure. Une des hypothèses de
rationalisation consisterait à favoriser la fusion des structures
locales d’ingénierie entre elles.
La seconde hypothèse serait que les pays servent de support à la
redéfinition des périmètres des EPCI. On constate d’ailleurs que
certaines intercommunalités réfléchissent déjà à fusionner entre elles à
l’échelle du pays. Ces démarches seront intégrées dans les schémas
départementaux.
Les déclarations, lors des débats parlementaires du Ministre de l’espace
rural et de l’aménagement du territoire, Michel Mercier, vont dans ce
sens puisqu’il considère que « les pays existants deviendront des EPCI,
figureront dans les Schémas de coopération intercommunale, conserveront
les compétences qu’ils exercent, notamment les contrats dont ils ont la
charge ».
Si l’avenir des pays n’est pas compromis, le dispositif des « pays
Pasqua-Voynet » semble toucher à sa fin car le vote conforme de
l’article 25 du projet de loi par les députés, ne permettra plus de
discussion au Sénat ce qui rend la mesure presque définitive. Des
précisions complémentaires pourront néanmoins être apportées par voie
d’amendement.
Le reste du projet de loi continue son parcours parlementaire et sera
soumis aux sénateurs pour une deuxième lecture le lundi 28 juin.
Ainsi, à peine esquissée, la suppression des pays a remis au goût du
jour la question de la coopération intercommunautaire et de l’échelle
pertinente pour mener des politiques publiques.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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