[Infoligue] Subventions sportives : l'Isère lance l'écoconditionnalité
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 27 Jan 10:00:20 CET 2011
Subventions sportives : l'Isère lance l'écoconditionnalité
Publié par : http://www.localtis.info/
Le : mercredi 26 janvier 2011
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Et si le respect de l'environnement lors de l'organisation d'un
événement sportif devenait une condition sine qua non pour l'obtention
de subventions de la part des collectivités territoriales ? C'est la
direction que prend le conseil général de l'Isère à travers son tout
nouveau label "éco-événement" récompensant les manifestations sportives
et remis pour la première fois samedi 22 janvier aux organisateurs de la
Foulée blanche, une course de ski de fond réunissant quelque sept mille
participants. "Cette action s'inscrit dans le cadre de l'Agenda 21 du
conseil général. Certaines grandes manifestations en Isère rassemblent
des milliers de personnes et produisent des déchets. C'est toujours plus
incitatif si au bout il y a une récompense pour les associations,
d'autant plus que la mise en place de ces actions peut avoir un coût
pour elle", explique Yannick Belle, conseiller général délégué à la
jeunesse et au sport. "Après une première phase de sensibilisation,
d'information et d'accompagnement, certaines collectivités entrent en
2011 dans une seconde phase, innovante, où les subventions vont être
conditionnées au respect de critères de développement durable", note
Arnaud Jean, chef de projet à la mission sport et développement durable
du ministère des Sports.
Sélectionner et accompagner les associations
En Isère, le principe est désormais simple : les événements qui
n'obtiendront pas le label verront leurs subventions baisser. "Les
baisses envisagées interviennent dans un contexte budgétaire délicat.
Cette année, mon budget est en baisse de 25%. Nous devons être plus
sélectifs dans nos aides et le critère environnemental est un moyen de
sélectionner et de pousser les associations à aller dans notre sens",
détaille Yannick Belle. "Cette démarche traduit bien une volonté
politique forte des collectivités, commente Arnaud Jean. On touche à la
fibre sensible en donnant moins de subventions ou pas du tout. C'est un
processus coercitif. Mais personne n'est pris en défaut car cela arrive
après deux ans d 'échanges et de sensibilisation."
Deux ans, c'est effectivement le temps du travail de long terme voulu
par le conseil général de l'Isère. Durant cette période, les
associations soumettent leur plan d'actions puis des observateurs en
contrôlent la mise en oeuvre lors de l'événement. "La manifestation
doit être exemplaire sur tous les plans. Ce n'est pas un label qu'on
veut banaliser. Après la Foulée blanche, il y aura peut-être deux ou
trois manifestations labellisées cette année. Pour les autres, il y a
encore beaucoup à faire. Pour l'instant, on nous demande surtout des
gobelets, mais il y a toute la démarche de covoiturage à mettre en
oeuvre, les poubelles de tri, le recours à des producteurs locaux. Or,
il faut s'engager sur l'ensemble des thématiques pour avoir le label",
justifie Yannick Belle.
Pour rendre les choses concrètes, le conseil général a décidé de créer
trois niveaux d'intervention. Une baisse des subventions pour les
associations qui ne font pas d'effort en matière de développement
durable. Un maintien des subventions pour celles qui se lancent dans la
démarche de labellisation. Une augmentation pour celles qui obtiennent
le label. La Foulée blanche a ainsi vu sa subvention croître de 10%
cette année. "La diminution des manifestations qui ne jouent pas le jeu
va financer l'augmentation de subventions de celles qui jouent le jeu",
souligne Yannick Belle. Face à cette position du conseil général, les
associations organisatrices d'événements ont bien réagi. D'autant que
l'accent était mis sur un accompagnement très concret : dès le départ,
outils et guide des actions à mettre en place leur ont été distribués
gratuitement.
Un label unique au niveau de territoire
Autre innovation dans la démarche du département rhônalpin : la volonté
de faire de son label écoresponsable un label unique pour tous les
acteurs du sport sur son territoire, qu'il s'agisse des services
déconcentrés de l'Etat (direction départementale de la cohésion sociale,
ex-direction départementale de la jeunesse et des sports), du comité
départemental olympique, des parcs naturels ou de la communauté
d'agglomération de Grenoble. Cette initiative permettra donc d'y voir
plus clair dans le foisonnement d'étiquettes actuellement disponibles
sur le marché de l'écovalorisation des événements. Si le Comité national
olympique et sportif français (CNOSF) a délivré son label-phare
"Développement durable, le sport s'engage" à quatorze manifestations en
2009 et à trente et une en 2010, d'autres organisations ont choisi de se
faire certifier par des labels fédéraux, privés ou encore issus des
collectivités territoriales et des services déconcentrés de l'Etat.
"Tous sont assez sérieux et parfois complémentaires, mais cette
profusion entraîne une certaine confusion pour les acteurs du sport",
remarque Arnaud Jean. "Si chaque collectivité impose ses propres
critères, c'est ingérable pour les associations. Le label commun
simplifie leur tâche", renchérit Yannick Belle. En Isère, les acteurs
concernés décident de manière concertée de l'attribution du label. Et si
seul le conseil général s'est fixé des objectifs rigoureux en termes de
subventionnement, la direction de la cohésion sociale, via les aides du
Centre national de développement du sport (CNDS), prend également en
compte le critère environnemental.
Enfin, la démarche iséroise dépasse le cadre du sport. L'ensemble des
subventions aux communes obéit en effet au même esprit. "Par contre,
précise Yannick Belle, on n'applique pas de malus. Soit les communes
respectent nos critères environnementaux, soit c'est zéro subvention. En
sport, l'objectif n'est pas de sanctionner les associations mais de les
tirer vers le haut. J'espère ne pas avoir à appliquer le malus, mais
s'il faut l'appliquer on l'appliquera." Une fois n'est pas coutume,
cette innovation portée par un département sera observée de très près au
plus haut niveau. "On réfléchit actuellement à la mise en place de cette
écoconditionnalité des subventions en matière sportive au niveau de
l'Etat pour 2012", conclut Arnaud Jean.
Jean Damien Lesay
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Les manifestations sportives bientôt exemptées de la contribution sur
les imprimés ?
Afin de protéger l'environnement et de responsabiliser les producteurs
d'imprimés papier, l'article L.541-10-1 du Code de l'environnement
instaure une contribution financière à la collecte, la valorisation et
l'élimination des déchets papiers due par le donneur d'ordre qui émet ou
fait émettre ces imprimés. Exception à cette règle : les imprimés émis
dans le cadre d'une mission de service public, les livres et les
publications de presse (à condition que moins des deux tiers de leur
surface soient consacrés à la publicité). Il en découle que les
publications d'information culturelle ou sportive, même mises
gracieusement à la disposition du public, sont taxées comme des
prospectus publicitaires.
Pour que "les publications oeuvrant en faveur de la démocratisation
culturelle et du développement de la pratique sportive ne soient pas
pénalisées," un groupe de dix-neuf députés a déposé le 20 décembre
dernier une proposition de loi visant à exclure les publications de
presse dont l'objet principal est d'informer sur des manifestations
culturelles, artistiques ou sportives.J.D.L.
Référence : proposition de loi 3059 visant à concilier la fiscalité
environnementale avec la démocratisation culturelle et le développement
de la pratique sportive, déposée le 20 décembre 2010 à l'Assemblée
nationale.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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