[Infoligue] Des élus partent à la reconquête des classes de découverte
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 31 Mai 09:39:01 CEST 2011
Des élus partent à la reconquête des classes de découverte
Publié par : http://www.localtis.info
Le : lundi 30 mai 2011
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Devant la baisse inquiétante du nombre de classes de découverte, qui
atteint 30% en dix ans dans certaines régions, des associations
nationales d'élus se regroupent et formulent des propositions au
ministère de l'Education nationale pour inverser la tendance. Des
ambassadeurs locaux et une circulaire qui allégeraient les
responsabilités des enseignants sont parmi les propositions.
Les classes de découverte sont en chute libre. S'inspirant des
propositions du rapport de 2004 de la députée de la Sarthe Béatrice
Pavy-Morançais sur l'intérêt des classes de découverte (lire
ci-contre), des associations nationales d'élus de montagne et de maires
réagissent et interpellent Education nationale, gouvernement et
transporteurs pour relancer une formule, auparavant prisée des écoles.
Ces dix dernières années, ces séjours ont en effet connu une baisse
oscillant de 20 à 30% selon les régions.
"Les freins à l'origine du désengagement pour les classes de découverte
sont liés tout d'abord à la sécurité des enfants", explique Pierre
Bretel, délégué général de l'Association nationale des élus de montagne
(Anem), qui a participé à une réunion sur le sujet, le 11 mai, avec
plusieurs associations d'élus*. "Des événements dramatiques, comme celui
du Drac en 1995, ont ébranlé le goût des uns et des autres pour les
classes de découverte, les conditions draconiennes de la circulaire
Royal sur les violences faites aux enfants ne sont pas encourageantes,
et les lourdeurs administratives rencontrées par les enseignants
volontaires peuvent également avoir raison de certaines velléités",
poursuit-il. "Nous souhaitons désengager de certaines responsabilités
les enseignants, les soulager à plusieurs niveaux tout en valorisant
leur rôle qui est primordial dans ce dispositif. Ils font un travail
considérable en amont et ils doivent souvent le faire sans beaucoup de
soutien", estime Pierre Bretel. "Est-ce vraiment leur rôle de s'occuper
du transport, de parfois chercher les subventions alors qu'ils
s'occupent du déroulé du séjour, des activités parallèlement aux cours
qu'ils donneront ?", interroge-t-il. Le 10 mai dernier, l'Anem,
représentée par son président et sa secrétaire général, Vincent Descoeur
et Chantal Robin-Rodrigo, a pu, lors d'une rencontre avec le ministre de
l'Education, dans le cadre de la défense des écoles de proximité en
montagne, aborder la question des classes de découverte et demander une
remise à plat des règles qui pourrait se faire sous forme de circulaire.
Valoriser le rôle des enseignants
Dans un communiqué du 19 mai (lire ci-contre), les associations
préconisent des "solutions pragmatiques et proches des réalités
locales". Elles demandent ainsi à l'Education nationale de "valoriser le
rôle des enseignants et d'encourager les projets de départs en classes
de découverte, en allégeant les charges administratives qui pèsent sur
les enseignants, en harmonisant les modalités de constitution des
dossiers et en créant un dossier unique, commun à toutes les académies".
"Nous menons ces réflexions depuis fort longtemps. A plusieurs reprises,
nous avons tenté de sensibiliser le ministère de l'Education mais aussi
de l'Ecologie. Aujourd'hui, d'autres associations concernées ou non par
la montagne, urbaines ou rurales, font écho à notre message. Nous
faisons cause commune auprès du ministère, des syndicats enseignants,
des professionnels", se réjouit Pierre Bretel.
La rencontre avec Luc Chatel, le 10 mai, s'est avérée fructueuse : "Le
ministre nous a encouragés spontanément dans cette voie, sous réserve
d'inventaire, mais à double titre, en tant que ministre de l'Education
mais aussi de la Jeunesse. Il a donc décidé, c'est l'une de nos
requêtes principales, de désigner un représentant de son ministère qui
serait force de proposition pour participer, à nos côtés, aux réflexions
en faveur de cette relance."
"Un moyen de socialisation indéniable"
Parallèlement, les associations préconisent "une espèce de boîte à
outils" qui serait mise à la disposition des enseignants pour les
informer, pour faciliter leurs démarches... "Pour ne pas refaire le
monde à chaque fois, on pourrait ainsi capitaliser sur les expériences
faites", assure Pierre Bretel. Des expériences valorisantes pour l'image
des communes qui s'investissent dans ces projets mais surtout pour les
enfants. "La classe de découverte est un moment privilégié pour
permettre à l'enfant de découvrir d'autres modes de vie, de comparer le
monde urbain au monde rural, de prendre conscience de la nature,
d'apprendre à l'aimer et la respecter, de vivre en collectivité avec les
règles de tolérance que cela implique, d'assumer des responsabilités
loin du milieu familial, d'acquérir une autonomie, mais surtout, c'est
un moyen de socialisation indéniable", témoigne Matthieu Claure,
instituteur à l'école Jules-Ferry à Clichy (Hauts-de-Seine), qui
revient, enthousiaste, d'une classe de découverte de dix-sept jours avec
ses élèves de CM1, à Murat-Le-Quaire, en Auvergne. "On s'investit dans
cette démarche qui nous demande une organisation professionnelle et
personnelle puisqu'on s'absente de chez soi plusieurs jours, car notre
motivation c'est de les aider à se développer, à se révéler parfois, en
dehors d'un contexte connu, et cela fonctionne !", confie Matthieu
Claure. Et d'ajouter : "En général les parents comme les enfants sont
demandeurs de classes de découverte, c'est un changement bénéfique pour
tout le monde. Passées les questions et les inquiétudes d'usage la
formule fait l'unanimité." Et pourtant, un seul bémol, qui rejoint le
constat des associations d'élus : encore et toujours les lourdeurs
administratives. "La constitution du dossier peut être longue. Le projet
à monter, contacter les professionnels sur place, l'acceptation par
l'académie de circonscription puis le passage à l'académie... Tout ceci
peut engendrer des projets qui arrivent tard dans l'année où tout est
presque joué", regrette Matthieu Claure.
Des ambassadeurs locaux
Les associations souhaitent résoudre ce problème en préconisant d'une
même voix la désignation d'"un ambassadeur local" à travers la signature
d'un protocole dans la mesure du possible entre les communes émettrices
et les communes réceptrices. "Il y a des communes qui ne le pourront pas
bien entendu, mais nous préconisons qu'un interlocuteur s'occupe de
toute la coordination sur place entre les différents professionnels, de
l'acheminement des enfants... en résumé une personne qui facilite
l'organisation", détaille Pierre Bretel. Certains instituteurs suggèrent
même des sortes de "packs séjour découverte" qui seraient proposés aux
mairies, comme le soulève Matthieu Claure. "Une voie tout à fait
envisageable", acquiesce Pierre Bretel.
Avoir des ambassadeurs, c'est aussi permettre aux zones rurales et de
montagne qui connaissent une baisse de la fréquentation touristique de
maintenir une activité sur place. "C'est aussi investir sur de futurs
touristes. Les jeunes qui auront découvert la montagne ou des zones
rurales reviendront. C'est capitaliser sur le futur", affirme Pierre
Bretel. "Mais c'est à chacun de s'impliquer, insiste-t-il. Education
nationale, collectivités, associations, professionnels doivent aller
dans le même sens."
Les associations nationales d'élus organiseront d'ailleurs à compter de
2012 une opération pilote afin d'expérimenter les solutions proposées et
d'assurer dans le temps un suivi des classes de découverte. Cette
opération permettra de promouvoir des séjours dans les villes et les
communautés situées en zones urbaines ou rurales, de bord de mer ou de
montagne. "Nous avons déjà le soutien de professionnels, moniteurs de
ski et autres. Beaucoup de gens sont prêts à faire des concessions sur
les coûts. C'est aussi en cela que les classes ont un important rôle
social. Elles permettent à tous les enfants de partir, de découvrir ;
pour certains ce seront les seuls départs en vacances", conclut Pierre
Bretel qui semble confiant en l'avenir.
Sandrine Toussaint
* FMVM, AMF, Association des petites villes de France, Association des
maires ville et banlieue de France, Association nationale des élus de la
montagne, Association nationale des maires des stations classées.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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