[Infoligue] Les associations apprennent à se passer des fonds publics
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 22 Nov 09:39:17 CET 2011
Les associations apprennent à se passer des fonds publics
Publié par : http://www.la-croix.com
Le : 21/11/11
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La Fonda, laboratoire d’idées sur l’évolution des associations, organise
mardi 22 novembre son université d’automne.
Ce rendez-vous est consacré aux nouvelles orientations que le secteur
pourrait prendre à l’horizon 2020 face aux bouleversements de son modèle
économique.
« La Croix », partenaire de l’événement, dévoile en exclusivité un
sondage réalisé dans le secteur non lucratif, ainsi que des chiffres
montrant pour la première fois en 2010 un reflux général des
financements publics.
Plus rien ne sera jamais comme avant dans le paysage associatif.
L’équation sur laquelle reposait son modèle économique, et qui a assuré
pendant de nombreuses années son essor, vient d’atteindre un point de
rupture. Les acteurs du secteur en ont conscience.
Une étude réalisée par la Fonda et dévoilée en exclusivité dans La Croix
montre que 91 % des dirigeants, bénévoles et salariés, questionnés sur
leur avenir en 2020 (1), prévoient d’importantes difficultés
budgétaires. Les dernières études en date confirment pour la première
fois ce sombre pronostic.
Les enquêtes en cours de l’économiste spécialiste du secteur Viviane
Tchernonog mettent ainsi en évidence un tassement des financements
publics en 2010. Le fait est inédit. En effet, en 2000, la manne
nationale représentait 15 % des recettes associatives.
Dans le même temps, l’investissement des communes était de l’ordre de 14
%. Quant aux conseils généraux, entre 2000 et 2005, ils avaient augmenté
leur participation de 2 points, passant de 8 à 10 %.
L’apport de l’État est descendu à 10 % en 2010
Depuis, la situation a évolué, et pas dans le bon sens. L’apport de
l’État est descendu à 12 % en 2005 et 10 % en 2010, tandis que celui des
communes restait stable. Mais le coup dur est venu des conseils
généraux, qui avaient jusque-là servi de contrepoids.
Viviane Tchernonog montre en effet que leur apport a baissé de 4 %
durant le seul exercice budgétaire 2009-2010. « Résultat, on observe que
le pourcentage des associations qui perçoivent un financement public,
quel que soit le montant, est passé de 60 à 50 % », calcule la
chercheuse, qui parle de « point de rupture » : pour la première fois,
les financements publics ne se compensent plus les uns les autres. Au
regard de cette tendance, 78 % des acteurs du secteur estiment que
l’État aura un rôle marginal d’ici à 2020 dans son partenariat avec le
monde associatif.
Cette situation inédite menace-t-elle l’existence même d’un certain
nombre de structures ? Il est encore top tôt pour l’affirmer. En
revanche, elle a déjà pour conséquence une dégradation des conditions de
travail et des salaires du secteur, qui regroupe environ 5 % de l’emploi
en France.
L’emploi salarié précaire, un frein à professionnalisation
En effet, 84 % des acteurs associatifs ayant répondu à l’enquête de la
Fonda considèrent que l’emploi salarié est trop précaire et mal
rémunéré, ce qui pour eux constitue un frein à la nécessaire
professionnalisation.
Les petites associations, notamment, ne trouvent pas assez de ressources
pour assurer des embauches pérennes, alors même que leur activité n’est
pas constante et leurs financements irréguliers. Globalement, près de 45
% des emplois sont à durée déterminée, à temps partiel, ou en contrats
aidés.
Des solutions existent cependant pour changer la donne. Au minimum trois
grandes voies, qui doivent être débattues aujourd’hui dans le cadre de
l’université d’automne de la Fonda, s’ouvrent aux associations pour
continuer à assurer leur développement.
La première solution consiste à rationaliser leur activité en
mutualisant les moyens, les ressources humaines, les savoir-faire. La
grande autoanalyse impulsée par la Fonda met en évidence la difficulté
des associations à opérer cette mue.
Des difficultés à renouveler leur organisation
En effet, 63 % des acteurs jugent que les associations ont des
difficultés à renouveler leur organisation et leur gouvernance. Un
acteur sur deux estime en outre que les associations ne se remettent pas
assez en question, et qu’elles ne sont pas en mesure de se regrouper
pour agir et porter une parole commune.
Deuxième possibilité, s’ouvrir à des activités marchandes. « Cette
option ne suscite pas une grande adhésion (46 % des répondants), car il
y a la crainte que cette sollicitation des publics solvables n’entrave
les capacités d’innovation sociale », analyse Viviane Tchernonog.
Enfin, troisième levier : les associations pourraient s’impliquer
davantage, en lien avec les entreprises, dans l’entrepreunariat social
ou encore dans l’ouverture au « bénévolat de compétence », qui consiste,
pour des entreprises, à faire don des compétences de leurs salariés sur
leur temps de travail.
« Les associations pourront s’orienter, selon leur profil, vers l’une de
ces trois directions, pressent Viviane Tchernonog. À part les petites
associations qui, profitant d’un vivier de bénévoles très actifs,
subissent moins ces difficultés, elles n’auront pas d’autre choix que de
vendre des services, de se réorganiser, et/ou de trouver de nouveaux
partenaires pour continuer à se financer. »
(1) Étude réalisée par la Fonda, portant sur un échantillon
représentatif de 1 256 acteurs associatifs sur le regard qu’ils portent
sur leurs difficultés actuelles et leur vision de l’avenir.
L’intégralité du sondage est disponible sur www.fonda.asso.fr
JEAN-BAPTISTE FRANÇOIS
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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