[Infoligue] Sport scolaire : y a-t-il un pilote dans la salle ?

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 16 Fév 08:47:45 CET 2012


Sport scolaire : y a-t-il un pilote dans la salle ?

Publié par : http://www.localtis.info
Le : mardi 14 février 2012

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Créer un "contrat local sportif" et "mutualiser les installations 
sportives", voilà deux des préconisations de Robert Lecou, issues de son 
rapport "Le sport à l'école et le sport scolaire", remis le 9 février à 
Nicolas Sarkozy. Dans la lettre de mission adressée au député de 
l'Hérault, le 30 août 2011, le président de la République demandait de 
répondre aux questions suivantes : "Comment améliorer la lisibilité de 
l'offre sportive à l'école [...] ? Comment améliorer le maillage et la 
cohérence de l'offre sportive pour les élèves, ainsi que le 
développement de passerelles avec le sport civil ? Comment évaluer les 
effets positifs pour les élèves de ces dispositifs complétant 
l'enseignement obligatoire de l'éducation physique et sportive ?"
Pour y répondre, Robert Lecou dresse tout d'abord un état des lieux où 
l'on apprend que 648 heures de formation en éducation physique et 
sportive par élève dans le premier degré et 700 heures dans le second 
degré sont dispensées par 29.557 professeurs d'éducation physique et 
sportive, pour un coût total estimé à 3,3 milliards d'euros en 2012. Par 
ailleurs, les fédérations sportives scolaires rassemblent 810.000 
licenciés pour l'Usep (Union sportive de l'enseignement du premier 
degré), un million pour l'UNSS (Union nationale du sport scolaire) et 
800.000 adhérents pour l'Ugsel (Union générale sportive de 
l'enseignement libre).
D'un point de vue qualitatif, le rapport note "l'image très favorable de 
l'éducation physique et sportive", et ce sur une longue période. Mais 
des inégalités subsistent : les garçons pratiquent un sport en club plus 
volontiers que les filles, et l'inscription à l'association sportive 
scolaire (AS) diminue tout au long de la scolarité avec une réelle 
fracture à l'issue du collège. En lycée professionnel, elle se stabilise 
autour de 50% pour les garçons contre à peine 20% pour les filles.

Les régions au coeur du sport scolaire

Autre enseignement du rapport : le rôle des régions, largement disséqué. 
En 2009, le budget sportif des régions représentait 521 millions d'euros 
(en hausse de 18% par rapport à 2007), dont la moitié consacrée à 
l'investissement en faveur des équipements sportifs. Pour le rapporteur, 
"les régions en matière sportive cherchent à favoriser la continuité 
entre le collège et le lycée (sous la forme d'actions ou d'informations) 
; créer des passerelles entre le sport scolaire et le sport civil ; 
adapter les disciplines sportives proposées dans les établissements aux 
réalités de chaque région". Toutefois, la "démarche de projet" propre 
aux régions peut se heurter à la "logique de guichet" de l'Education 
nationale, même si "la contractualisation rend possible l'élaboration de 
projets partagés". Dans ce cas, le pilotage est assuré par le directeur 
régional de l'UNSS et le représentant du recteur, "dont l'implication 
quand elle existe est très appréciée", note le rapport non sans 
sarcasme, avant d'enfoncer le clou : "Cela fonctionne bien mais 'à 
condition de savoir taper sur la table de temps en temps'."
Après avoir dénoncé tour à tour "un empilement dommageable" de 
dispositifs et un "défaut de pilotage", relevé un "fonctionnement 
associatif atypique" et noté que les professeurs d'éducation physique et 
sportive constituaient "un monde à part, plein de paradoxes" dans une 
discipline où tout "a été intellectualisé, parfois à l'excès", le 
rapporteur présente vingt-quatre préconisations pour faire évoluer le 
sport scolaire. Robert Lecou suggère tout d'abord une série de mesures 
pour "reconnaître et affirmer l’importance du sport scolaire". Déclinant 
ses propositions pour le premier puis le second degré, il aborde des 
sujets tels que la durée de l'activité physique, la formation et la 
valorisation des enseignants, la gouvernance du sport scolaire, le 
statut et le pilotage de l'UNSS, ou encore l'autonomie des AS. Il met 
aussi en avant l'intérêt de "classes à projet ou établissements à 
dominante", notamment dans les établissements où est menée 
l'expérimentation "cours le matin, sport l'après-midi". Avant d'aborder 
le sujet central des rythmes scolaires, il décline des propositions qui 
sortent du cadre strictement scolaire sous le titre "Projet et 
cohérence, partenariat et ouverture", où l'on retrouve le contrat local 
sportif et la mutualisation des installations sportives.

Un contrat local sportif pour décloisonner les niveaux d'enseignement

Le premier se justifie par le besoin de "trouver le bon niveau de 
pilotage de proximité". "Traditionnellement le département jouait ce 
rôle, mais d'autres territoires paraissent plus adaptés comme la commune 
ou le bassin", écrit Robert Lecou, avant d'ajouter : "Pour dynamiser le 
sport scolaire, pour en assurer un meilleur suivi et garantir une 
évaluation, il serait utile de définir sur un territoire donné, des 
contrats d'objectifs dont les établissements, les collectivités et les 
fédérations seraient signataires. [...] Une démarche par territoire 
favorise également le travail en réseau et garantit la continuité des 
parcours pour les élèves alors qu'aujourd'hui la caractéristique est 
plutôt le cloisonnement et la rupture entre l'école et le collège, entre 
le collège et le lycée." Pour le rapporteur, le contrat local sportif 
réunirait, dans un même partenariat, sur un territoire donné, les 
établissements, les fédérations sportives, les collectivités 
territoriales, les élèves et les parents d'élèves, permettrait 
l'attribution de moyens en fonction des réalités locales et organiserait 
une évaluation autour d'un même territoire.

Les équipements face aux évolutions des pratiques

Enfin, en matière d'équipements, le rapport note que "les acteurs ou 
partenaires du sport scolaire entendus ont souvent souligné 
l'insuffisance, en France, des équipements et infrastructures sportifs", 
et précise que "dans ce domaine, ce sont les collectivités territoriales 
les plus engagées en matière de réalisation ou de rénovation". Certaines 
tendances sont encore pointées du doigt : "L'apparition du futsal fait 
entrer le football dans une salle, ce qui crée des tensions en matière 
de disponibilité de locaux. Autrefois, le sport à l'école, c'était 
d'abord l'athlétisme alors qu'aujourd'hui on fait très peu d'athlétisme. 
Puis on est passé au handball puis au badminton avec à chaque fois des 
tracés au sol spécifiques dans les gymnases. [...] On délaisse des 
disciplines majeures alors que l'on pourrait faire de la course ou de la 
marche à moindre équipement [...]. L'évolution est celle qui va vers 
plus de confort sous la forme d'équipements couverts." Et Robert Lecou 
de préconiser de mutualiser les installations sportives, au bénéfice 
partagé du sport scolaire et du sport civil, d'optimiser leur 
utilisation et d'encourager la programmation pluriannuelle des 
rénovations et des constructions d'équipements qui font actuellement défaut.
En conclusion, et comme pour souligner une nouvelle fois le défaut de 
pilotage déjà pointé, Robert Lecou préconise une dernière mesure... sans 
doute à mettre en place avant toutes les autres : "Désigner un 
responsable chargé de rendre effectives les mesures envisagées et 
d'enclencher la dynamique attendue."

Jean Damien Lesay

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Denis Lebioda
Chargé de mission 
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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