[Infoligue] Le mouvement sportif ne veut plus être un exécutant des politiques sportives de l'Etat
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 10 Déc 08:47:05 CET 2013
Le mouvement sportif ne veut plus être un exécutant des politiques
sportives de l'Etat
Publié par : http://www.localtis.info/
Le : vendredi 6 décembre 2013
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Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a préparé un
ensemble de 23 propositions visant à remodeler le modèle sportif
français et notamment à rééquilibrer les forces entre l'Etat et le
mouvement sportif. Denis Masseglia, le président du CNOSF, s'en est
expliqué à Localtis.
"On ne peut pas rester indéfiniment le seul pays d'Europe occidentale
dans lequel le mouvement sportif n'a aucun rôle ou si peu dans la
gouvernance du sport. Ça ne peut pas marcher simplement en organisant
des instances où tout le monde se retrouve autour de la table et où la
décision finale incombe à l'Etat." Ce constat sans appel est celui de
Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif
français (CNOSF). Il arrive à un moment crucial pour le sport français,
alors qu'un projet de loi-cadre – le premier depuis trente ans – est en
préparation. Dans le débat à venir, le CNOSF ne se contente pas de
pousser un cri d'alarme. Il achève la rédaction d'un texte dont
l'ambition est de "passer d’une nation de sportifs à une nation sportive".
"Le modèle sportif français est le même depuis les années 1960. Comment
peut-on imaginer qu'un système datant des années 1960 reste immuable ?",
s'interroge Denis Masseglia. En guise de réponse, le président du CNOSF
entend balayer largement le système actuel qu'il juge trop complexe et
trop onéreux : "Les moyens dévolus aux actions diminuent d'année en
année, pendant que le coût des services augmente." Et de citer les 5.255
agents du ministère des Sports, quand la plupart de nos voisins
possèdent une administration d'Etat du sport de quelques centaines de
personnes à peine. "Les rouages de l'administration sont extrêmement
complexes. Il faut absolument les simplifier. Quand on est président de
club, pointe Denis Masseglia, c'est compliqué de monter certains dossiers."
"L'Etat a tous les leviers de commande"
Mais le poids de l'administration n'est pas le seul point noir du sport
français pour le président du CNOSF. Selon lui, l'équilibre général de
la gouvernance est à revoir entièrement. "La continuité d'une politique
sportive ne peut être menée à bien que si le mouvement sportif en est un
acteur majeur. Or aujourd'hui, nous sommes un exécutant majeur",
explique Denis Masseglia, qui détaille : "La lettre de cadrage du Centre
national pour le développement du sport (CNDS) est faite par la seule
ministre, et sa gouvernance est faite avec une décision qui ne peut
appartenir qu'aux services de l'Etat. On ne dit pas que nous devons
commander, on dit simplement qu'on ne peut pas avoir un vrai partenariat
tant que l'instance de décision ne respecte pas un équilibre des parties
prenantes. Si un seul peut décider pour tous, on fait de la
concertation, on émet un avis, mais la décision n'est pas forcément
celle à laquelle on peut s'attendre si l'on recherche un vrai consensus.
Un acteur, l'Etat, ne peut pas avoir tous les leviers de commande."
Si on le laissait toucher les commandes du CNDS, Denis Masseglia
commencerait par prendre des mesures sur la formation. "Il y a 15 ou 20
ans, les diplômes fédéraux étaient reconnus pour pouvoir enseigner
contre rémunération. Aujourd'hui, il y a des diplômes de branches et des
diplômes d'Etat, il n'y a plus les diplômes fédéraux. Il faut absolument
redonner aux fédérations - soit globalement avec des diplômes
spécifiques, soit par l'intermédiaire d'un renforcement de leurs
capacités à faire de la formation - la possibilité de former les gens
dont on a besoin dans les clubs où il manque 15 à 20.000 emplois
d'animation. On ne demande pas les mêmes compétences à quelqu'un qui
accueille et anime qu'à quelqu'un qui entraîne au haut niveau", plaide
Denis Masseglia, qui réclame depuis des années des postes de techniciens
sportifs fédéraux payés par les fédérations avec des subventionnements
du CNDS. "Je trouverais ça logique, je n'ai jamais pu l'obtenir",
précise-t-il.
"J'en appelle au Premier ministre"
Autre sujet qu'un rééquilibrage des forces pourrait aider remettre sur
le métier : les critères de financement en faveur du développement du
sport. "Il faut aussi qu'on s'entende sur le mot 'développement', avance
le président du CNOSF. Quels sont les paramètres qui déterminent le
développement des pratiques ? La pratique non organisée a des paramètres
forcément non objectifs. La pratique organisée a au moins la capacité de
pouvoir quantifier avec un paramètre incontournable : le nombre de
licences." Une vision qui prend en partie le contrepied de Valérie
Fourneyron, ministre des Sports, qui, à travers les dernières décisions
du CNDS, cherche à décorréler le niveau des subventions aux associations
du niveau des licences, partant du principe que les territoires qui ont
le plus besoin de moyens sont précisément ceux où la pratique sportive
est la moins développée.
Déjà examinées par son conseil d'administration, les 23 propositions du
projet du CNOSF – qui, d'après nos informations, vont de l'affirmation
de l’expertise technique des fédérations dans les processus de
qualification et de formation de l’ensemble des certifications
professionnelles à l'abondement du financement du CNDS par une
augmentation du prélèvement sur l’ensemble des produits de la Française
des Jeux et des paris sportifs en ligne à hauteur de 2% déplafonné –
doivent encore faire l'objet d'observations de la part des fédérations
membres puis d'une approbation en assemblée générale, le 9 janvier
prochain. Leur version définitive pourrait offrir une contribution
essentielle à l'élaboration du futur projet de loi. Mais l'exercice sera
d'autant plus périlleux que Denis Masseglia ne s'adresse pas à Valérie
Fourneyron mais "en appelle directement au Premier ministre, parce que
c'est compliqué pour un ministre de 'scier la branche sur laquelle il
est assis'". "Il ne s'agit pas d'un problème de personne, mais de
conception", rassure-t-il.
Jean Damien Lesay
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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