[Infoligue] Education artistique et culturelle : 48 pages, quelques pistes et quelques piques

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 1 Fév 14:15:27 CET 2013


48 pages, quelques pistes et quelques piques

Publié par : LE MONDE
Le : 01.02.2013
Par Nathaniel Herzberg

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Offrir à "tous les enfants" un "parcours d'éducation artistique et 
culturelle" en privilégiant "une approche territoriale" : Aurélie 
Filippetti avait tracé au comité de pilotage de la consultation un cadre 
assez contraignant. A la lecture des 48 pages que le ministère devait 
rendre publiques vendredi 1er février, la ministre a dû être largement 
satisfaite. Le comité a trouvé, en son sein comme parmi les personnes 
auditionnées, un large consensus sur ces trois orientations.

Assez naturellement, la série de propositions qu'il adresse au terme du 
rapport s'oriente autour de trois axes : la gouvernance (territoriale 
bien sûr), la formation (des enseignants, des animateurs et, lorsqu'ils 
le souhaitent, des artistes) et l'information (en particulier sur les 
bonnes pratiques). Pas de révolution, donc. Le rapport invite bien à 
"actualiser la doctrine de l'éducation artistique", en examinant 
l'impact du numérique, le rôle de la culture scientifique ou la 
nécessité éventuelle d'agir dès la petite enfance. Mais pas de grande 
nouveauté. Et pourtant, ce document, sans fioritures ni emphase, dévoile 
un paysage qui invite à la réflexion. Si aujourd'hui seuls 10 % à 20 % 
des jeunes profitent des dispositifs d'éducation artistique et 
culturelle, c'est tout à la fois une question de volonté, d'échelle et 
de moyens.

Les lecteurs du rapport découvriront ainsi que, dans l'enseignement 
agricole, 100 % des élèves disposent, depuis les années 1960, de 12 
heures hebdomadaires d'"enseignement socioculturel". Une démarche de 
projet, la prise en compte de la parole de l'élève, l'accueil d'artistes 
en résidence : un cursus presque idéal, admet le rapport. Sauf qu'avec 
170 000 élèves, pilotés au plus près du terrain, le modèle de 
l'enseignement agricole n'est "pas transposable" aux 15 millions de 
jeunes de moins de 20 ans visés par le rapport. Trop fin, trop cher.

Des "espaces de liberté"

D'autant que l'Etat s'est désengagé. Le rapport le dit clairement : 
l'éducation nationale et la culture ont réduit leurs dépenses depuis dix 
ans. Un recul entamé avec l'arrêt du plan Lang-Tasca en 2002 et 
poursuivi depuis lors. Or s'il invite à privilégier le pilotage au 
niveau des "bassins de vie", le rapport n'en souligne pas moins la 
nécessité d'une correction par l'Etat des inégalités territoriales.

Redonner des moyens mais laisser aux acteurs davantage d'initiative. Là 
encore, l'administration essuie son lot de critiques. Les enseignants, 
les parents, les artistes se plaignent du corsetage réglementaire. Le 
rapport invite à les écouter. Il réclame aussi et surtout, avec 
insistance, que l'on donne des "espaces de liberté de propositions, de 
dialogue, d'élaboration de projet" aux jeunes eux-mêmes. Une pierre dans 
le jardin de l'éducation nationale.

La tâche est immense, admet le comité. On ne peut pas tout faire. Il 
invite donc à commencer par l'école, en profitant de l'opportunité de la 
réforme des rythmes scolaires. On peut regretter que le comité ne se 
soit pas avancé plus concrètement sur ce terrain. On doit en revanche le 
saluer lorsque, en conclusion, il admet avoir été partagé entre la 
nécessité de tracer une politique structurante, forcément complexe, 
laissant la place au partenariat, et la volonté d'apporter des progrès 
concrets, visibles. "Le rapport fournit un début de réponse, forcément 
insatisfaisant." Belle lucidité.

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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