[Infoligue] L'Assemblée nationale se penche sur la désaffection des colonies de vacances pour les jeunes
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 24 Jan 09:35:03 CET 2013
L'Assemblée nationale se penche sur la désaffection des colonies de
vacances pour les jeunes
Publié par : http://www.localtis.info
Le : mercredi 23 janvier 2013
*****************
La fréquentation des colonies de vacances est en baisse. Une mission
d'information sur l'accessibilité des jeunes à ces séjours, constituée
au sein de l'Assemblée nationale, procède à ses premières auditions.
Entre état des lieux des centres de vacances, accessibilité, respect des
attentes et besoins des adolescents, financement et accompagnement des
familles, statut des encadrants, conditions d'élaboration du contrat
éducatif... tour d'horizon des premiers enseignements.
Les effectifs des centres de vacances et de loisirs baissent d'année en
année. C'est ce que constate la commission des affaires culturelles de
l'Assemblée nationale. Pour mieux comprendre le phénomène et tenter d'y
trouver des remèdes, elle a mis en place une mission d'information sur
l'accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs,
présidée par Annie Genevard (Doubs) et dont le rapporteur est Michel
Ménard (Loire-Atlantique). Cette dernière a procédé, jeudi 17 janvier, à
ses premières auditions.
L'objectif est de dresser l'état des lieux de l'accueil collectif des
mineurs en centres de vacances ou de loisirs. Tout au long des travaux,
les questions soulevées toucheront ainsi au patrimoine, au financement,
aux tarifs, à l'encadrement, et notamment au contrat d'engagement
éducatif, une problématique récurrente chez les organisateurs de séjours
collectifs, selon Michel Ménard, qui présidait cette première séance.
Première personne auditionnée, Philippe Didier-Courbin, adjoint à la
directrice générale de la Cohésion sociale (DGCS), était invité à
partager la vision de son administration. Dans ses propos liminaires, il
a précisé que la DGCS n'avait aucune compétence directe en matière de
réglementation ou de financement des vacances collectives, sa vision
provenant essentiellement du suivi de l'action sociale des CAF (caisses
d'allocations familiales), notamment à travers la convention d'objectifs
et de gestion (COG) qui lie l'Etat à la Cnaf et dont le renouvellement
est attendu après l'échéance de la convention 2009-2012. La vision de la
DGCS est encore partielle en raison du déséquilibre entre les moyens
consacrés par les caisses à l'activité loisirs au détriment de
l'activité vacances.
Veiller à la dimension "ado"
Pour Philippe Didier-Courbin, le premier constat sur les dispositifs en
faveur de l'accueil de loisirs des jeunes est que ceux-ci "répondent
généralement de manière satisfaisante et conséquente aux attentes et aux
besoins, à certaines nuances près". Et le haut-fonctionnaire de pointer
un manque d'adéquation par rapport aux attentes dans l'accueil de
loisirs des adolescents : "Au delà de la question du coût, fait-on une
proposition qui correspond à l'évolution de la demande de jeunes qui ont
peut-être besoin d'offres qui permettent de développer progressivement
leur autonomie, de façon à prendre un début de distance par rapport à
leur quotidien et à leur famille ?" Sur la base d'expérimentations déjà
conduites sous son égide, la Cnaf, à travers la future COG, devrait
porter une attention particulière aux réponses apportées aux
adolescents, a encore précisé Philippe Didier-Courbin.
Autre moyen d'action envisagée par le représentant de la DGCS pour
développer les séjours collectifs : l'accompagnement des familles. "Il
faut tenir compte de la spécificité des attentes et des besoins de
certaines familles. Proposer à une famille d'origine étrangère le départ
dans des conditions avantageuses financièrement d'un enfant dans un
environnement mixte, ce sont des choses qui ne se font pas
immédiatement. S'il n'y a pas d'accompagnement, il y aura un échec", a
expliqué Philippe Didier-Courbin. D'où, selon lui, l'importance de
penser à l'accompagnement dans la future COG.
Mais rien ne se fera sans moyens financiers supplémentaires… Quand le
rapporteur a suggéré de porter une attention particulière aux enfants
qui ne sont pas issus de familles défavorisées aidées par la Cnaf ou qui
ne bénéficient pas du comité d'entreprise de leurs parents, Philippe
Didier-Courbin a rétorqué : "Si le budget reste stabilisé au niveau de
ce qu'il a été dans le cadre de la COG 2009-2012, on pourra peut-être
faire des inflexions du type de celles auxquelles vous pensez. Mais si
nous avons une diminution du fonds d'action social de la Cnaf, ce qui
n'est pas exclu, les arbitrages seront encore plus compliqués."
Surcoûts de l'encadrement
Au chapitre financier toujours, les conséquences de l'arrêt du Conseil
d'Etat du 10 octobre 2011 – obligeant à octroyer aux personnels
d'encadrement des centres de vacances un repos quotidien ou un repos
compensateur (lire ci-contre nos articles du 13 octobre 2011 et du 2 mai
2012) – laissent supposer un surcoût d'organisation pour les centres de
vacances de l'ordre de 4 à 7%, selon l'Igas (inspection générale des
Affaires sociales). Pour y remédier, Philippe Didier-Courbin a indiqué
que la Cnaf devrait jouer sur les dispositifs nationaux qui permettent
d'apporter une aide financière directe aux centres de vacances plutôt
que sur une mécanique qui consisterait à solvabiliser davantage les
familles.
A cheval sur les problématiques de coûts, d'encadrement et
d'accompagnement, le cas des publics spécifiques a enfin soulevé de
nombreuses questions : "On demande aux centres de vacances d'assurer la
responsabilité d'enfants placés en foyer pour un coût quatre fois
moindre alors que l'encadrement n'est pas professionnel. Il pourrait y
avoir une réflexion sur le soutien financier pour prendre en charge ces
enfants en centres de vacances", a lancé Michel Ménard. "Il y a une
réflexion sur les enfants handicapés qui permet de développer des modes
de prise en charge des surcoûts engendrés", a indiqué Philippe
Didier-Courbin, avant de poursuivre : "Pour les mineurs relevant de
mesures de protection, les surcoûts incombent aux collectivités
responsables de la prise en charge de l'éducation de ces enfants [les
départements, ndlr]. Nous devons être dans un dialogue entre les lieux
où se définissent les coûts des vacances et les responsables de
l'Assemblée des départements de France."
Enfin, l'audition d'André Nutte, inspecteur général des Affaires
sociales honoraire et président du groupe de travail sur le contrat
d'engagement éducatif, a été l'occasion de revenir longuement sur les
conditions d'élaboration de ce dernier (lire ci-contre nos articles du
17 octobre 2011 et du 23 mars 2012), qui pose le principe d'un repos de
onze heures par période de 24 heures pour les personnels d'encadrement
des colonies de vacances. Mais de l'aveu même de son instigateur, ce
contrat "n'est pas viable à long terme". Quant à employer des jeunes en
service civique pour encadrer des centres de vacances, c'est une
disposition exclue de la loi sur le service civique. La question du
statut de l'encadrement des centres de vacances pourrait donc devenir
centrale dans la suite des travaux de la mission d'information…
Jean Damien Lesay
--
-----------------------
Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
-----------------------
Nos sites :
http://www.laligue-alpesdusud.org
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog
-----------------------
Plus d'informations sur la liste de diffusion Infoligue