[Infoligue] Analyse : A qui vont les subventions publiques ?
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 17 Avr 09:41:33 CEST 2014
Analyse : A qui vont les subventions publiques ?
Publié par :
http://associations.laligue.org/fr/ressources/paysage-associatif/ressources-pour-les-associations/340/analyse-a-qui-vont-les-subventions-publiques.html
Le : 9 Avril 2014
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Le financement public représente près de la moitié du financement total
du secteur associatif. Aujourd’hui, ce sont les grandes associations
employeuses qui captent l’essentiel des subventions publiques.
L'augmentation du nombre d’associations participe sans doute aux
tensions qui pèsent sur l’accès aux subventions publiques, mais dans les
faits, les jeunes associations accèdent très faiblement aux circuits de
financements publics et aux subventions publiques en particulier : les
associations créées à partir de 2006 représentent 23 % du nombre total
d’associations mais ne perçoivent que 4 % des subventions publiques en
direction du monde associatif. La majeure partie des subventions
publiques sont reconduites auprès des associations plus anciennes qui
vivent de subventions publiques. L’accès difficile des jeunes
associations aux subventions publiques est préoccupant dans la mesure où
il constitue un obstacle au renouvellement de l’action des associations.
Une relative diversité des subventions publiques selon les secteurs
d’activité
Le secteur médico-social est le principal destinataire des subventions
publiques : il perçoit 45 % des subventions publiques en direction des
associations, ce qui s’explique notamment par la taille du secteur et la
nature des fonctions remplies par ces associations dont les publics sont
souvent en situation de difficulté et qui sont fortement employeuses de
professionnels salariés. La répartition des subventions selon le secteur
d’activité apparaît cependant assez diversifiée : les associations
culturelles, récréatives et sportives, les associations d’éducation et
de formation, les associations de gestion d’une activité économique
perçoivent respectivement 23 %, 14 % et 12 % des subventions publiques
en direction des associations.
La concentration des commandes publiques apparaît en revanche très
élevée : 74 % des commandes publiques sont concentrées dans les
associations dans l’action sociale et la santé, 11 % dans l’éducation.
Ces deux secteurs apparaissent concrètement seuls susceptibles d’accéder
aux commandes publiques. Les secteurs de l’action humanitaire, sociale
et de la santé sont par ailleurs ceux pour lesquels le financement
public prend le plus souvent la forme de commandes : 64 % des
financements publics en direction de ces secteurs le sont sous forme de
commandes publiques.
Subventions et commandes publiques concentrées dans les très grandes
associations
Les financements publics – subventions ou commandes – s’adressent pour
l’essentiel aux associations employeuses : les quelque 183 000
employeuses – qui représentent 14 % du nombre total d’associations –
perçoivent 91 % des subventions publiques et 95 % des commandes publiques.
La plupart des nombreuses petites associations ne perçoivent qu’une part
minime des subventions publiques : elles s’appuient pour l’essentiel sur
quelques petits financements privés apportés par leurs membres et
surtout sur le travail bénévole pour fonctionner : 71 % des associations
ont un budget annuel inférieur à 10 000 euros et perçoivent 2 % des
subventions publiques.
Les subventions publiques sont surtout concentrées dans les grandes
associations : 2 % des associations (environ 27 000) perçoivent 71 % des
subventions publiques, pour un montant moyen de l’ordre de 360
000 euros. Ces associations sont de très grosses associations, vivant
souvent de financements publics et dont la subvention est d’ailleurs
parfois l’unique ressource. Participant à des missions de service
public, très fortement employeuses, ces associations ont souvent vu
leurs subventions reconduites en priorité.
Les associations de taille moyenne se trouvent dans une situation
particulière : souvent plus jeunes, souvent porteuses d’innovations,
s’appuyant de manière importante sur un engagement citoyen, ces
associations, dont les projets dépassent largement l’intérêt de leurs
membres, emploient des professionnels salariés et vivent grâce au
travail bénévole et à partir de montages complexes de ressources
publiques mais surtout privées dans lesquelles la participation des
usagers a une part importante : c’est surtout dans ces associations que
les subventions publiques jouent un rôle essentiel de soutien des
dépenses de fonctionnement. Souvent, ces associations ne disposent pas,
en raison de leur taille, des compétences et des moyens nécessaires pour
participer aux appels d’offres ou accéder aux circuits de commandes
publiques : la généralisation de ces dernières les a particulièrement
fragilisées.
La baisse des subventions fragilise les associations moyennes
La baisse massive des subventions dans les dernières années, et son
corollaire – la généralisation des commandes publiques – ont des
conséquences importantes sur l’avenir des associations et sur les
fonctions qu’elles remplissent. L’impact de cette évolution sur la
capacité du secteur à innover est relativement bien repéré par les
acteurs en présence, mais d’autres conséquences sont moins visibles.
Pour de nombreuses associations, le recours à une augmentation de la
participation des usagers est en réalité la seule alternative à la
contraction de nombreux financements publics et en particulier à la
baisse des subventions publiques. Mais le recours aux usagers induit des
processus croissants de sélection des publics associatifs en fonction de
leur solvabilité. La baisse des subventions publiques a en outre pour
effet de fragiliser les associations moyennes qui ne sont pas en mesure
d’accéder aux commandes publiques. Le développement du secteur
associatif dans la période récente montre d’ailleurs un triple phénomène
: une augmentation du nombre des petites associations de membres
s’appuyant principalement sur le bénévolat et la participation des
usagers, la concentration du poids économique des grandes associations
qui contribuent à la mise en place des politiques publiques et
l’amenuisement du nombre et du poids des associations moyennes dont
l’importance est pourtant essentielle à l’équilibre du secteur associatif.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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