[Infoligue] Le redécoupage régional concerne l'Ecole

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 3 Juin 09:41:15 CEST 2014


Le redécoupage régional concerne l'Ecole

Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le : 03/06/14

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Le président de la République a présenté le 2 juin son projet de 
découpage administratif de la France. Il a annoncé que les nouvelles 
régions, réduites au nombre de 14, auraient en charge les lycées et les 
collèges à partir de 2020. Une réorganisation en profondeur qui pourrait 
impacter fortement la vie des établissements.



"Le temps est donc venu de simplifier et clarifier pour que chacun sache 
qui décide, qui finance et à partir de quelles ressources", explique F 
Hollande dans un communiqué publié le 2 juin. "Le temps est venu 
d’offrir une meilleure qualité de service et de moins solliciter le 
contribuable tout en assurant la solidarité financière entre 
collectivités selon leur niveau de richesse... Demain, ces grandes 
régions auront davantage de responsabilités. Elles seront la seule 
collectivité compétente pour soutenir les entreprises et porter les 
politiques de formation et d’emploi, pour intervenir en matière de 
transports, des trains régionaux aux bus en passant par les routes, les 
aéroports et les ports. Elles géreront les lycées et les collèges. Elles 
auront en charge l’aménagement et les grandes infrastructures", a 
déclaré le président. Il a fixé la date de cette réforme : 2020. Il 
prend le risque d'un alignement des élections cantonales et régionales à 
l'automne 2015.



Aujourd'hui les collectivités territoriales dépensent près de 34 
milliards en dépenses d'éducation et 26 milliards pour la dépense 
intérieure d'enseignement. C'est à peu près un quart de la dépense 
totale quand l'Etat en assume 56%. Elles sont donc des acteurs de 
premier plan et surtout de plus en plus présent (14% seulement en 1980).



La carte régionale dessinée par l'Elysée interroge sur sa cohérence. Le 
président a présenté une carte prévoyant 14 régions. C'est un nombre 
supérieur à celui annoncé (12). "La difficulté en France c'est le legs 
historique de défiance envers tout fédéralisme", nous a dit Benoit 
Bunnick, enseignant la géographie à l'Espe de Corse. "Sur quelle logique 
ce découpage va-t-il être fait ?" Comme l'explique une page de son blog, 
le découpage régional, né dans les années 1950, s'est fait sur le 
principe de "l'espace vécu". Les régions ont été généralement conçues 
autour d'une métropole. Or le découpage présidentiel pose problème sur 
ce point. Quelle sera la métropole de l'ensemble du nord-est ou de la 
région Poitou-Centre-Limousin ? Quelle est la réalité de l'ensemble 
Picardie Champagne si ce n'est son aspiration par l'Ile-de-France ? Les 
déséquilibres internes sont tellement puissants qu'un découpage en 14 
morceaux est bien difficile à justifier. L'Europe a spontanément divisé 
la France en 8 grandes régions NUTS1. Les grandes entreprises (EDF, 
Auchan, France Telecom par exemple) divisent elles aussi la France en 
moins de 10 grandes régions. La simplification de 2020 pourrait n'être 
qu'une étape...



Mais ce sont surtout les prochaines compétences régionales qui 
interrogent. Agrandir les régions tout en leur confiant les collèges 
avec les lycées posera de nouveaux problèmes, si l'on en croit Henriette 
Zoughebi, vice - présidente de la région Ile-de-France en charge des 
lycées. " Je pense que rencontrer les jeunes et construire avec eux est 
enrichissant mais aussi efficace. La région a la charge de 471 lycées. 
Il y a plus de 1000 collèges en Ile-de-France. Si on nous donne la 
charge de l'ensemble on ne pourra plus donner que des réponses 
technocratiques. C'est la technostructure qui aura la main sur 
l'éducation. Au niveau des élus on ne pourra pas avoir un véritable 
regard avec autant de communautés éducatives. Si la simplification c'est 
ça, alors ça veut dire qu'on enlève la relation élus et communautés 
éducatives. Ce ne sera plus possible de faire le tour des communautés 
par exemple pour le plan d'investissements comme je l'ai fait. Si on 
pense qu'il y a besoin d'une relation entre les citoyens et les élus il 
faut être attentif à ce que la charge soit compatible avec cette relation".



Enseignants et élèves sont directement concernés par la réforme 
territoriale. Alors que l'Etat doit diminuer ses dépenses, éloigner le 
pouvoir de décision démocratique des établissements pourrait bien leur 
jouer un mauvais tour.

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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