[Infoligue] Au lendemain des élections – Les gagnants, les perdants

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 6 Juin 10:00:37 CEST 2014



Au lendemain des élections – Les gagnants, les perdants

Par Conny Reuter, Secrétaire général de SOLIDAR
Publié par : http://www.solidar.org/spip.php?page=article&id_article=1457
Le : 26/05/14

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Les élections européennes qui viennent de s’achever n’ont pas fait 
clairement apparaître de vainqueur, mais sont d’ores et déjà riches 
d’enseignements dont nous devons tirer les leçons:

1. La campagne s’est « personnalisée » en mettant en avant les candidats 
têtes de liste, plus que leur parti ou mouvance politiques et c’est tant 
mieux. La dimension européenne des élections s’en est vue renforcée et, 
à maints égards, les candidats ont ainsi pu profiter d’un regain 
d’attention de la part des médias et de l’opinion publique. Le taux de 
participation a augmenté dans certains pays, mais demeure 
malheureusement bien loin des scores réalisés lors les élections 
nationales. Le message « votre voix compte » semble surtout être passé 
chez les électeurs des camps extrémiste, fasciste et populiste. Les 
résultats de ces derniers sont en nette progression ce qui est pour le 
moins préoccupant.

2. Cependant, ce serait une erreur de se concentrer uniquement sur un 
point : il faut bien aller de l’avant et réfléchir aux moyens d’obtenir 
une majorité au Parlement européen qui sera à même de présenter un 
candidat au poste de Président de la Commission Européenne. Cette percée 
de l’extrémisme aux élections européennes appelle une réaction qui ne 
peut se résumer à constituer des majorités viables. Bien plus, les 
décideurs politiques – tant nationaux qu’européens – se doivent de 
restaurer la confiance dans la capacité de la démocratie à trouver des 
solutions pour répondre aux attentes sociales les plus pressantes des 
citoyens en Europe.

3. Par le passé, le vote d’extrême droite ou fasciste était utilisé 
comme vote d’opposition. A présent, les idées d’extrême droite 
paraissent établies dans la sphère politique et ont atteint le cœur de 
nos sociétés. Lorsque les partis de centre-droit, et parfois aussi ceux 
de centre gauche, pense que la meilleure manière d’absorber le potentiel 
électoral de l’extrême droite passe par le ralliement partiel à leurs 
positions xénophobes et populistes, force est de constater que les 
électeurs finissent par apporter leur voix à l’original plutôt qu’à la 
copie.

4. Les médias jouent un rôle prépondérant dans les campagnes électorales 
et, dans le cas présent, il est impossible de faire fi de leur part de 
responsabilité dans l’augmentation du vote d’extrême droite. A trop 
courir après l’audimat et des parts de marché, le journalisme a souvent 
perdu en qualité et en capacité d’analyse. A la télévision, on ne peut 
nier que les reporters ou animateurs d’émissions se prennent souvent 
pour les relais politiques : ils présentent, influencent, orientent les 
opinions par leurs émissions et leurs choix éditoriaux – que ce soit par 
les thèmes abordés ou leurs invités. Malheureusement, ils invitent bien 
trop souvent des extrémistes provocateurs, garant de bonnes parts 
d’audience, et leur donnent ainsi un accès trop privilégié aux débats 
publics, là où ils seraient passés inaperçus. Par ailleurs, beaucoup 
trop de journalistes qui ont couvert les élections européennes n’étaient 
pas tout à fait familier du fonctionnement de l’Europe et des dossiers 
européens, ce qui, naturellement, amène de l’eau aux moulins des « 
Europhobes » dans toute l’Europe.

5. Mais revenons au véritable danger : le discours d’extrême droite a 
fait son entrée dans l’establishment et le consensus démocratique s’en 
trouve ainsi affaibli. La France fait la preuve du processus de 
banalisation qui a permis à l’extrême droite d’occuper peu à peu 
l’espace politique, d’abord aux niveaux local et régional, et à présent 
au niveau européen. Dans une Union comprenant 28 Etats-membres, il y a 
un espace politique pour l’extrême droite, en raison des disparités 
sociales mais aussi de l’incapacité des majorités en place à apporter de 
véritables réponses aux problèmes sociaux les plus urgents affectant les 
citoyens en temps de crise. Si les politiques continuent à se concentrer 
sur le seul sauvetage des banques et à laminer les acquis sociaux, la 
montée de l’extrémisme ne pourra être stoppée. A contrario, Martin 
Schulz a mis en avant des priorités justes et devrait à ce titre être 
capable de rassembler une majorité autour des préoccupations des 
citoyens et d’initier un véritable changement politique au niveau européen!

6. Gagner des élections ne se résume pas à avoir fait campagne pour 
recueillir le plus de votes possibles. La stabilité du vote en faveur 
des partis européens écologiques par exemple est due au fait qu’ils 
restent attachés à leurs valeurs fondamentales : ils se concentrent sur 
leurs domaines de compétence et leurs positions-clefs, leur électorat 
est pro-européen et au général au rendez-vous aux élections. La 
social-démocratie et les socialistes gagneraient à se rappeler au bon 
souvenir de ce qui faisait sa force : leur proximité avec le mouvement 
syndical, mais aussi avec la société civile et les associations.

7. SOLIDAR, en tant que réseau européen regroupant 61 organisations 
nationales s’engageant pour la justice sociale et pour plus de 
démocratie participative, appelle les citoyens et associations à se 
mobiliser et à mener une action commune en faveur d’une société ouverte 
et dans laquelle chacun puisse trouver sa place. A cette fin, nous 
pouvons nous appuyer sur les recommandations de l’Alliance constituée 
dans la cadre de l’Année européenne des citoyens 2013 qui présentent un 
programme en faveur de la liberté, de la démocratie ainsi que des droits 
économiques, sociaux, culturels et civiques. Durant les élections, nous 
avons fait campagne pour un changement politique et proposerons au 
nouveau Parlement et à la Commission une feuille de route pour la 
justice sociale en Europe. Continuer sur le mode opératoire du statut 
quo n’est pas seulement inefficace, mais surtout dangereux!

8. Dans les réactions à chaud aux résultats des élections, on peut lire 
çà et là qu’il n’y a pas de place pour plus d’Europe. Nous pensons au 
contraire que nous n’avons pas besoin de moins d’Europe, mais de plus de 
bon sens et d’une réelle prise de responsabilité au niveau social ce qui 
permettra de couper court au développement des extrémismes et du 
fascisme : nous avons besoin d’une Europe plus sociale!

9. Il est bon de rappeler au lendemain des élections européennes que les 
fondements du projet européen reposent sur les leçons tirées de ce qui 
s’est passé dans les années 30 du siècle dernier et ce qui conduit à la 
2ème Guerre Mondiale. Le projet européen est construit sur les valeurs 
et basé sur la Charte des droits fondamentaux. Nous appelons de nos vœux 
la liberté d’expression, mais pas en faveur de la haine, de la 
xénophobie et du racisme!

Nous proposons une réinterprétation du slogan promue par le Parlement 
européen lors de ces dernières élections : « react, act, impact » - il 
est urgent de réagir, d’agir et de peser de tout son poids pour le 
changement et pour stopper la montée de l’extrême et au final du fascisme!

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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