[Infoligue] Le budget d’action sociale de la Cnaf pourrait être amputé de près d’1,5 milliard d’euros d’ici à 2017
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 27 Juin 10:21:21 CEST 2014
Le budget d’action sociale de la Cnaf pourrait être amputé de près d’1,5
milliard d’euros d’ici à 2017
Publié par : http://www.lagazettedescommunes.com
Le : 26/06/2014
Par Michèle Foin
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En 2013, la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) a
sous-consommé son budget d’action sociale de 243,7 millions d’euros. Sa
tutelle souhaite les déduire des crédits de 2014, tout en maintenant le
rythme de croissance de 7,5% par an jusqu’en 2017. Une décision qui
reviendrait à priver les partenaires de la Cnaf (collectivités
territoriales, associations…) de près d’1,5 milliards d’euros d’ici à
2017. Nous avons calculé le manque à gagner prévisible, année par année.
« Honnêtement, aujourd’hui, des augmentations de 7,5% par an, il n’y en
a pas beaucoup dans les finances publiques. Je n’ose pas trop le dire
parce que j’ai peur d’attirer l’attention dessus », a déclaré Laurence
Rossignol, le 21 juin 2014 lors de l’assemblée générale de l’Union
nationale des associations familiales (Unaf)
La secrétaire d’Etat chargée de la famille, des personnes âgées et de
l’autonomie faisait référence à l’augmentation annuelle du Fonds
national d’action sociale (Fnas), négociée en juillet 2013 dans le cadre
de la Convention d’objectif et de gestion (COG) qui lie l’Etat et la
Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) de 2013 à 2017.
C’est malheureusement chose faite. La sécurité sociale, tutelle de la
Cnaf, vient de se pencher sur ses crédits qui affichent une
sous-consommation de 243,7 millions d’euros en 2013 – sur 4,919
milliards prévus.
Si la tutelle ne remet pas en cause l’augmentation annuelle du Fnas,
dans un récent courrier adressé à Daniel Lenoir, directeur général de la
Cnaf, le directeur de la sécurité sociale entend « rebaser » le montant
du Fnas 2014, sur les crédits réellement consommés, amputant le Fnas
2014 de 4,5% de ses crédits. Ces derniers financent l’investissement et
le fonctionnement des établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE),
mais aussi l’accueil de loisirs, l’accueil extra et périscolaire,
l’animation des centre sociaux, et les lieux dédiés à la parentalité.
Tollé - Les administrateurs de la Cnaf n’ont pas apprécié la méthode. «
J’entame ma quatrième COG, et c’est la première fois qu’un tel «
rebasage » a lieu ! », s’insurge Laurent Clévenot, secrétaire général de
l’Unaf, et administrateur de la Cnaf. « Nous avons déjà fait des
constats de sous consommations, mais jamais l’obligation ne nous avait
été faite de sous-consommer l’année suivante », complète Jean-Louis
Deroussen, président du Conseil d’administration de la Cnaf, qui
n’apprécie guère la méthode employée.
« L’Etat s’était engagé sur les crédits alloués. Nous n’avons pas
apprécié que la décision soit prise sans concertation avec les
signataires de la COG. Nous allons écrire à la ministre pour lui faire
part de notre désapprobation », affirme Jean-Louis Deroussen.
Laurent Clévenot, quant à lui, remet en cause la portée juridique de ce
courrier : « Tant que nous n’avons pas voté un budget rectificatif du
Fnas, ce courrier n’a aucun portée ! », prévient-il. « Nous sommes prêts
à entendre que 243 millions d’euros aient été sous-consommés, et qu’on
ne puisse les reporter sur 2014, mais nous ne voulons pas qu’ils servent
de base de calcul jusqu’à la fin de la Cog », ajoute-il.
C’est que mis bout à bout, les montants en jeu sont énormes. Si les
crédits du Fnas sont recalculés sur cette nouvelle base, en cumulé sur
la durée de la COG, cela représentera près d’1,5 milliards d’euros de
crédits en moins, sur les 29 milliards d’euros du Fnas initialement
négociés.
Objectifs inchangés : « un jeu de défausse » sur les communes - Une
inquiétude d’autant plus légitime que Laurence Rossignol a clairement
indiqué que l’objectif de création de places d’accueil restait inchangé,
malgré le « rebasage ».
« Le gouvernement ne prévient pas les communes que le budget va être
amputé de plus d’un milliard d’euros sur la COG, et va ensuite les
laisser se débrouiller seules face aux Caisses d’allocation familiales,
comme il l’a fait avec la réforme des rythmes scolaires. Nous sommes
dans un jeu de défausse permanent ! », s’insurge Laurent Clévenot.
Pourquoi les crédits du Fnas ont-ils été sous-consommés en 2013 ? Tout
le monde s’accorde sur les raisons conjoncturelles : la signature
tardive de la COG en juillet 2013, qui n’a laissé que peu de temps aux
CAF pour faire remonter des projets.
Les élections municipales ensuite. « En période préélectorale, les
équipes municipales ne souhaitent pas forcément engager des dépenses. Le
mauvais état des finances locales a aussi certainement pesé », complète
Jean-Louis Deroussen.
Mobilisation des collectivités - Reste à comprendre les raisons
structurelles, et surtout à y remédier. « Qui nous dit que le rebasage
ne se reproduira pas en 2014 ? », s’inquiète Jean-Louis Deroussen. « Il
faut que nous nous mobilisions collectivement, pour ne plus
sous-consommer les crédits du FNAS ! », a lancé Laurence Rossignol aux
directeurs des CAF début juin.
Pour Daniel Lenoir, il faut accélérer la mise en place des schémas
territoriaux des services aux familles, qui devaient favoriser, à
l’échelon local, la coordination des multiples acteurs de la petite
enfance afin de rééquilibrer l’offre d’accueil des 0-3 ans.
« Sur les 17 départements volontaires pour préfigurer la méthode, deux
pour l’instant ont abouti à la signature d’un schéma territorial »,
signale-t-il. Or la Cnaf comptait sur la loi famille pour remplacer
officiellement la Commission départementale d’accueil des jeunes enfants
(Cdaje), présidée par le président du conseil général, par une
commission petite enfance coordonnée par le préfet, et censée faciliter
la concertation entre les différents acteurs d’un territoire.
Or la proposition de loi actuellement discutée à l’Assemblée n’en fait
pas état. « Pour s’engager dans des projets, il faut que nos partenaires
– collectivités, associations, mutualités, entreprises de crèche… –
aient de la visibilité sur l’avenir. C’est tout l’intérêt de ces schémas
territoriaux que de faire ces diagnostics partagés, sur chaque
territoire. Le gouvernement doit donner des consignes aux préfets pour
réunir ces commissions dans un maximum de départements », explique
Daniel Lenoir, qui espère que les schémas territoriaux seront
généralisés début 2015, même si la commission petite enfance n’est pas
inscrite dans la loi.
Trouver des partenaires - « La petite enfance a brillé par son absence
dans les programmes électoraux. Il faut vérifier que les communes sont
toujours prêtes à y investir, explique Daniel Lenoir. Nous allons voir
avec les Caisses, la commission d’action sociale, ainsi qu’avec nos
partenaires ce qu’ils en pensent. »
Faut-il augmenter le taux de participation des caisses aux projets
d’investissements ? Augmenter les prestations de service ?
« Ce sont des choses qui méritent d’être étudiées », indique Jean-Louis
Deroussen. La Cnaf ne dépense que lorsqu’elle trouve un partenaire. Il
serait dommage de perdre des financements significatifs sur des projets
parce que nos partenaires ne peuvent s’engager sur le complément. Nous
avons des dotations supplémentaires dans le fonds ‘publics et
territoires’. C’est le moment ou jamais d’investir, avec une visibilité
jusqu’en 2017 », plaide-t-il.
Une chose est sure : les administrateurs marchent sur des œufs.
Renégocier la COG, par les temps qui courent, ne permettra sans doute
pas d’obtenir les mêmes conditions qu’il y a un an, que cela concerne
l’augmentation du Fnas, ou les emplois. Or cette « mesure technique » à
1,5 milliards d’euros arrive à point nommé pour la Sécurité sociale,
sommée de dégager 800 millions d’économies d’ici à 2017.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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