[Infoligue] Le monde associatif français victime des coupes budgétaires

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 17 Avr 11:54:01 CEST 2015



Le monde associatif français victime des coupes budgétaires

Publié par : LE MONDE ECONOMIE
Le : 17.04.2015
Par Denis Cosnard

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Pour les structures les plus dépendantes des subventions, la seule issue 
consiste alors à aller au tribunal, comme une entreprise classique qui 
dépose son bilan.

A Savigny-sur-Orge (Essonne), les animateurs de la MJC en ont gros sur 
le cœur. Il y a dix mois, pour les 50 ans de leur association, le maire 
(UMP) fraîchement élu Eric Mehlhorn avait prononcé un vibrant discours à 
la gloire de cette « belle aventure », ce lieu de partage « loué et 
reconnu ». Lundi 13 avril, au conseil municipal, le même maire a annoncé 
la suppression de toutes les subventions attribuées à la MJC. Autrement 
dit sa fermeture d’ici à septembre. « Cela signifie plus de 20 
licenciements », se désespère le directeur Didier Michoud.

Le maire n’a rien contre la MJC, a-t-il expliqué. Mais la commune est 
trop endettée, et l’Etat a réduit sa dotation. M. Mehlhorn a donc choisi 
de tailler dans les dépenses. Outre la MJC, Savigny va fermer son centre 
de vacances de Vendée, sa crèche familiale, réduire les subventions aux 
maisons de quartier…

Ce type d’arbitrages violents, la MJC de Savigny n’est pas la seule 
association à en être victime. La MJC de Chilly-Mazarin, dans le même 
département, va, elle aussi, fermer ses portes début octobre. De Tours à 
Auxerre, de nombreuses municipalités ont choisi, pour boucler leur 
budget 2015, de réduire de 3 %, 5 %, voire de 10 %, les aides aux 
associations. A Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), la baisse atteint 
même 25 %. Pour les structures les plus dépendantes des subventions, 
notamment dans l’action sociale ou la culture, c’est parfois le coup de 
grâce. La seule issue consiste alors à aller au tribunal, comme une 
entreprise classique qui dépose son bilan.
«  En ce moment, cela tombe de partout »

Les chiffres sont frappants : au premier trimestre, 240 associations ont 
connu un redressement ou une liquidation judiciaire. « C’est 25 % de 
plus qu’au premier trimestre de 2014, et 52 % de plus qu’au début 2013 
», commente Thierry Millon, le directeur des études du cabinet Altarès. 
Dernier exemple en date : Erai, l’association chargée de la promotion 
des entreprises de la région Rhône-Alpes à l’étranger (126 salariés), 
gérée depuis mardi par un administrateur provisoire.

« En ce moment, cela tombe de partout », confirme Eric Wendels, le 
directeur de la Fédération des familles rurales du Gard. Lui-même vient 
de faire placer en redressement son association, qui gère des crèches et 
réalise des chantiers d’insertion. Elle comptait 139 salariés fin 2014. 
« Aujourd’hui, j’ai dû ramener l’effectif à 89 personnes », 
regrette-t-il. Ces dernières années, la Fédération avait survécu au gel 
des subventions en rognant sur toutes les dépenses et en ne payant plus 
certaines charges. En 2015, la baisse des aides l’a obligée à prendre 
des mesures plus drastiques.

Que se passe-t-il ? En moyenne, les associations françaises vivent à 50 
% de subventions. Or depuis plusieurs années, « l’Etat se désengage et 
concentre ses aides sur les plus grosses structures », analyse Didier 
Minot, porte-parole du Collectif des associations citoyennes. Les 
collectivités locales avaient jusqu’à présent compensé ce recul. Le 
monde associatif, qui emploie 1,8 million de personnes, a ainsi pu 
maintenir son effectif global. Mais avec la crise des finances 
publiques, les premiers ministres Jean-Marc Ayrault puis Manuel Valls 
ont décidé de geler, puis de réduire nettement la dotation de 
fonctionnement attribuée aux collectivités. Elle a été rabotée de 1,5 
milliard d’euros en 2014, et va encore diminuer de 3,7 milliards en 2015.

« Cette baisse de la dotation de l’Etat amène les collectivités à serrer 
leurs budgets, et pour une bonne partie d’entre elles à réduire les 
subventions », constate Nadia Bellaoui, présidente du Mouvement 
associatif. D’autant que de nombreux maires ont été élus sur la promesse 
qu’ils n’augmenteraient pas les impôts. La réforme territoriale a aussi 
incité certaines collectivités à serrer les cordons de la bourse. « 
Avant, les subventions dépendaient d’élus qui connaissaient notre 
travail, peste le directeur d’une association d’insertion. A présent, ce 
sont des technocrates des communautés de communes ou des conseils 
régionaux qui décident, et ils nous asphyxient ! »

Les associations les moins bien gérées sont les premières à tomber. « La 
baisse des aides amplifie souvent des problèmes antérieurs, juge le 
consultant Guy Kugler, du Samu associatif. Parfois, il n’y a parfois pas 
de projet clair, les statuts sont flous… »

Les difficultés actuelles en annoncent d’autres. Après les communes, les 
nouveaux élus des départements vont bientôt voter eux aussi leurs 
budgets, et prendre des mesures douloureuses. « Mais le plus dur 
arrivera en 2016, avec la nouvelle baisse des dotations de l’Etat, 
anticipe M. Minot. Au début, on trouve des économies, on fait plus appel 
aux bénévoles. Là, on va vers des catastrophes ! » Le Collectif des 
associations citoyennes redoute la suppression de 25 000 à 30 000 emplois.

« On est très inquiets, car quand les subventions se tarissent, il y a 
peu d’alternatives », ajoute Mme Bellaoui : avec la crise, l’appel à la 
générosité publique devient aussi plus difficile. Quant aux entreprises 
privées, elles limitent également leurs contributions.

     Denis Cosnard
     Journaliste au Monde


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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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