[Infoligue] Alternatiba, un mouvement en mouvement…
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 2 Juin 07:44:19 CEST 2015
Alternatiba, un mouvement en mouvement…
Publié par : http://www.lagedefaire-lejournal.fr/alternatiba-mouvement/
Le : 1 juin 2015
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Jon Palais, de l’équipe d’animation du processus Alternatiba, explique
le succès rencontré par ces « villages des alternatives ».
Pour clôturer le premier Alternatiba qui s’est tenu en 2013 à Bayonne,
la marraine Christiane Hessel (épouse de Stéphane) a lancé l’appel
suivant : créer « 10, 100, 1 000 Alternatiba en Europe ». Deux ans plus
tard, soixante sont programmés en France, mais aussi en Angleterre, en
Suisse, en Belgique, en Autriche. Cette multiplication ne doit rien au
hasard. Elle entérine plutôt la réussite d’une stratégie qui mélange
énergie et réflexion, liberté et discipline, radicalisme et pragmatisme.
A l’origine : l’association Bizi !, créée dans le nord du pays basque en
2009, peu avant la conférence de Copenhague. « Cette conférence a été un
point de focalisation très fort sur la question climatique, et a
participé à mettre en mouvement la société civile », explique Jon
Palais, de l’équipe d’animation du processus Alternatiba. Mais le
soufflé est ensuite retombé : le climat est sorti de l’agenda politique,
les médias lui ont consacré moins d’espace, les esprits s’en sont
détournés. Et les militants ont aussi constaté que la stratégie globale
de lutte contre le changement climatique peinait à se renouveler. Bizi a
donc cherché à relancer un mouvement citoyen. « Le Giec(1) devait rendre
son rapport en septembre 2013. Or le précédent avait joué un rôle
important dans la prise de conscience citoyenne. Et en 2015 – même si
Paris n’avait pas encore été désignée – allait se tenir la Cop21(2). On
s’est donc dit que, si on voulait relancer une dynamique sur le climat,
nous devions le faire dans ce calendrier là. »
Des airs de fête populaire
Reste à savoir comment… « Quand on parle de 2°C supplémentaires, ça
n’impressionne pas les gens. Et quand on leur explique vraiment les
conséquences de ce changement et la vitesse à laquelle il s’opère, on a
tendance à les tétaniser plutôt qu’à les mobiliser. »
A partir de l’été 2012, les militants de Bizi s’orientent vers un
événement qui permettrait de parler du changement climatique en portant
un message complémentaire : oui, la situation est grave et urgente, mais
les alternatives existent, et, en plus, elles créent un monde plus
désirable. Se dessine alors l’idée d’un village mondial des alternatives
dans le centre de Bayonne, au sein duquel les visiteurs pourraient voir,
toucher, comprendre ces initiatives et sentir l’atmosphère d’un monde «
plus juste, plus humain, plus solidaire ».
« En fait, on a voulu aborder le problème par ses solutions. Il a fallu
faire un énorme travail de réseautage. On est allés expliquer notre
projet à une multitude de porteurs d’initiatives qui, parfois, n’avaient
eux-mêmes pas conscience du fait que leurs actions pouvaient contribuer
aussi à la lutte climatique. Une association de troc, ou un club de
couture, par exemple : a priori, ça n’a rien à voir avec le climat.
Pourtant, le troc, ou la fabrication et la réparation de ses vêtements,
en plus de leurs vertus sociales, sont des activités qui ont également
un impact positif pour la préservation du climat, car c’est aussi moins
de produits manufacturés, donc moins d’émissions de gaz à effet de
serre. Ça remet en question les systèmes consumériste et financier et le
rôle qu’ils jouent dans le dérèglement climatique. » Ensuite, tous les
porteurs d’alternatives ont été invités à se regrouper par thème et à
créer eux-mêmes leurs espaces, sur l’alimentation, les transports,
l’énergie, etc. « L’objectif, c’était qu’Alternatiba, ce ne soit pas
nous, mais un événement fédérateur de la multitude d’alternatives déjà
existantes, réunies autour de la thématique transversale du climat »,
confie Jon Palais.
De nouveaux militants
Le 6 octobre 2013, la circulation est coupée dans le centre de Bayonne.
Chaque rue, chaque place, devient la vitrine d’une alternative. Dans
cette ville habituellement déserte le dimanche, 12 000 personnes se
promènent, découvrent des moyens concrets qu’elles peuvent mettre en
œuvre pour lutter contre le réchauffement, des ateliers et des
démonstrations pratiques, des expositions, des conférences, mais aussi
des jeux, des concerts, du théâtre… Le tout prend des airs de fête
populaire. Le succès est retentissant, surtout dans la mesure où «
beaucoup de gens étaient venus d’ailleurs et, en rentrant chez eux, ont
créé leurs propres groupes pour se lancer dans la préparation d’un
événement identique sur leur territoire ». L’objectif est donc atteint :
« pour ce premier Alternatiba, tout avait été réfléchi pour que ce soit
un événement déclencheur. »
A condition de respecter la charte des Alternatiba et de ne pas franchir
quelques lignes rouges clairement définies, chaque groupe reste libre
d’organiser son village comme il l’entend. « Le côté très
pratico-pratique d’Alternatiba, notamment, attire de nouvelles personnes
qui ne venaient pas dans les schémas classiques des réunions militantes.
Là, l’aspect organisationnel et très pratique que suppose la préparation
d’un projet événementiel, a permis d’attirer beaucoup de nouvelles
personnes, car cela leur paraît d’emblée très concret. Cette capacité à
attirer de nouveaux publics est importante, car une partie du défi
consiste à mobiliser de façon très large pour atteindre une masse
critique qui pourrait faire basculer le rapport de force en notre faveur. »
Car, « radicaux et pragmatiques », les organisateurs gardent à l’esprit
l’objectif de la Cop21. « Les alternatives locales portent en elles un
immense espoir, car on voit à travers elles que nous pouvons vraiment
relever de défi climatique. Mais il faut être honnête : aller chercher
son panier bio à vélo, ça ne suffira pas. Il faut aussi que certaines
décisions viennent d’en haut. La démarche d’Alternatiba vise donc aussi
à exercer une pression au niveau des décideurs. » Et après le sommet de
Paris ? « La question est posée depuis le mois de février. On va en
discuter tous ensemble entre tous les Alternatiba. Ce qui est sûr, c’est
qu’il faudra rester en mouvement, réactualiser notre mode d’action pour
repartir sur un nouveau cycle. Les Alternatiba ne sont pas une fin en soi. »
Nicolas Bérard
1- Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
2- La conférence de Paris sur les changements climatiques se tiendra du
30 novembre au 11 décembre.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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