[Infoligue] Jeunes en service civique : des profils variés, mais tous une place à trouver

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 12 Mar 08:05:26 CET 2015


Jeunes en service civique : des profils variés, mais tous une place à 
trouver

Publié par : http://www.localtis.info
Le : mercredi 11 mars 2015

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Célébré le 9 mars 2015, le cinquième anniversaire du service civique a 
aussi été l'occasion d'en apprendre plus sur le profil des jeunes 
volontaires et sur les bénéfices d'une telle expérience. S'exprimant en 
fin de journée devant quelque 2.000 volontaires, François Hollande a 
annoncé certaines évolutions destinées à renforcer la "solennité" du 
dispositif et les droits des jeunes concernés.

Manon est en service civique aux Petits Frères des pauvres. Divine est 
au Secours catholique et Mathilde aux pompiers de Paris. Valentin forme 
des collégiens à la persévérance scolaire avec l'association Energie 
Jeunes. Pour le défenseur des droits, Stéphanie a été jeune ambassadrice 
des droits auprès des enfants. Après avoir été lauréate de l'Institut du 
service civique, elle a trouvé du travail dans un centre social de 
Seine-Saint-Denis. Quant à Maxime, après une mission de service civique 
à l'Union française des centres de vacances et de loisirs (UFCV) et un 
passage, lui aussi, par l'Institut du service civique, il finit son 
parcours en école de commerce par un stage chez Accenture.

Les jeunes en service civique ont des profils, des missions et des 
aspirations variés. Ils ont 21 ans en moyenne - le service civique est 
ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans. 56% des volontaires sont des jeunes 
femmes, soit un plus grand équilibre que dans le cadre d'autres 
dispositifs de volontariat, selon les observateurs de l'Institut 
national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep). Concernant 
le niveau d'éducation, le profil des volontaires est semblable à celui 
des jeunes de 16-25 d'aujourd'hui : une majorité de diplômés de 
l'enseignement supérieur (autour de 40%) et de bacheliers (autour de 
30%) et un quart de non-diplômés. Seuls les titulaires de CAP-BEP sont 
sous-représentés (6% parmi les volontaires en service civique, 14% parmi 
les jeunes de France).
Pour le président de l'Assemblée nationale qui s'exprimait le 9 mars en 
ouverture du colloque organisé à l'occasion des cinq ans du service 
civique (voir notre article du 10 mars), il n'y a pas "de 
sous-représentation des jeunes résidant dans les quartiers 
prioritaires". Il pourrait être opportun, estime Claude Bartolone, de 
s'orienter "vers une légère sur-représentation" de ces jeunes. "Ni 
élitiste, ni voie de rattrapage", le dispositif est "ouvert à tous", 
mais "on se responsabilise pour que ce soit mélangé", pour que toutes 
les catégories de jeunes y aient accès, a quant à lui commenté Martin 
Hirsch, qui avait porté en 2010 le texte de loi sur le service civique.

En 2013, d'abord des missions liées à la solidarité, l'éducation, la culture

Majoritairement en service civique dans des associations, les 
volontaires ont réalisé en 2013 des missions liées à la solidarité 
(26%), à l'éducation (19%), à la culture et aux loisirs (18%), au sport 
(13%), à l'environnement (10%), à la mémoire et à la citoyenneté (8%), à 
la santé (3,5%), à des actions humanitaires menées à l'international 
(2%) et à l'intervention d'urgence (1%).

Parallèlement à la montée en charge du dispositif, la diversité des 
missions proposées devrait s'accroître du fait de la mobilisation accrue 
des administrations ministérielles et des collectivités locales. 
S'exprimant lui aussi à l'occasion des cinq ans du service civique, 
ainsi que des 20 ans de l'association Unis-Cité qui est à l'origine de 
ce cadre d'engagement, François Hollande a une nouvelle fois confirmé 
son objectif quantitatif - 150.000 volontaires par an dès 2016, puis 
davantage si la demande suit. Le président de la République a également 
cité les domaines destinés à être des pourvoyeurs importants de missions 
volontaires : l'environnement - notamment dans le cadre de la COP 21 -, 
l'éducation - 5.000 à 10.000 missions -, le sport - des milliers de 
services civiques "dans toutes les disciplines", la fédération française 
de football se serait déjà engagée à proposer "des centaines de missions 
pour l'organisation de l'Euro 2016" -, la santé - dans les hôpitaux, les 
établissements de santé, les établissements accueillant des personnes 
âgées -, la culture, la sécurité - pour assurer notamment une "présence 
humaine" dans les trains ou les gares - et à l'international.

Bientôt une cérémonie de "remise d'attestation" et une carte d'étudiant

Pour faire connaître et promouvoir le service civique auprès des jeunes, 
François Hollande a aussi annoncé qu'il souhaitait utiliser la Journée 
d'appel à la défense et à la citoyenneté ; aujourd'hui, "on se demande à 
quoi elle sert", a glissé le président de la République. Ce dernier 
souhaite aussi rendre le service civique plus "solennel", en instaurant 
une cérémonie annuelle commune - le 10 mars, jour anniversaire de la loi 
- dans les préfectures où les jeunes se verront remettre une 
attestation. En outre, une délégation de jeunes volontaires défilera 
désormais de façon systématique le 14 juillet.

C'est toutefois davantage sur la question des droits des volontaires et, 
au-delà de la période d'engagement, de leur insertion professionnelle 
que l'intervention du président de la République était attendue. "La 
carte d'étudiant sera fournie à tous ceux qui sont en service civique", 
a-t-il annoncé, soit un accès à différents avantages dont les 
volontaires pourront désormais bénéficier en plus de l'indemnité de 573 
euros perçue mensuellement. Au-delà, sur les conditions de l'autonomie 
des jeunes, il importe de "faire connaître aux jeunes leurs droits, les 
dispositifs qui existent" - emplois d'avenir, contrat de génération, 
garantie Jeunes, prime d'activité à partir du 1er janvier 2016 -, pour 
François Hollande qui propose de faire aussi, de cet enjeu, des missions 
de service civique.

Des volontaires "engagés", "attentistes" et "opportunistes"

Le chef de l'Etat n'aura pas abordé la question de l'impact de 
l'expérience volontaire elle-même sur l'insertion professionnelle. 
Quelques heures avant, lors du colloque organisé par l'Agence du service 
civique, l'Injep avait apporté un peu de matière à la réflexion. Par 
rapport aux motivations initiales des jeunes, déjà, l'Injep repère trois 
profils : les "engagés" (six jeunes sur dix), désireux d'aider et "en 
quête d'une expérience émotionnelle assez forte" ; les "attentistes", au 
projet de vie encore flou, qui attendent "que le service civique pose un 
cadre" ; et les "opportunistes" dont la "motivation est avant tout 
utilitariste" (une minorité, environ un jeune sur dix).

"On est souvent un mélange des trois", a toutefois reconnu le 
représentant de l'Injep. Ce que confirme la teneur des témoignages des 
volontaires présents à l'Assemblée nationale le 9 mars : si Medhi 
insiste sur la nécessité d'"évaluer et de médiatiser l'engagement de la 
jeunesse" pour "lutter contre les stéréotypes et alimenter la rage de 
faire", Tiphaine rappelle que, pour de nombreux jeunes, le service 
civique peut être "un choix par défaut" quand les entreprises ferment 
leurs portes aux personnes dépourvues de "première expérience".

Pour clarifier son projet, le service civique jugé plus utile que le stage

Selon l'Injep, le service civique représente globalement un "atout pour 
les parcours des jeunes". 70% des anciens volontaires interrogés 
considèrent que cette expérience les a aidés à clarifier leur projet 
professionnel ; le service civique est, en la matière, jugée plus utile 
(49%) que la réalisation d'un stage (24%). 60% jugent en outre que 
l'expérience volontaire "est une aide pour trouver un emploi". "Pour les 
jeunes peu ou pas qualifiés, on observe une tendance plus grande à la 
reprise d'étude", a commenté l'équipe de l'Injep lors du colloque du 9 mars.

Plusieurs initiatives sont aujourd'hui menées pour faire en sorte que 
l'expérience de volontariat soit davantage valorisée dans le parcours 
des jeunes. C'est le cas de l'appui fourni par l'Institut du service 
civique à d'anciens volontaires pour les aider à réaliser leur projet - 
formation, emploi ou création d'activité. Côté entreprises, le groupe 
Casino dispense auprès de ses équipes de recrutement une information 
pour les familiariser au dispositif de service civique et les 
sensibiliser à l'intérêt d'une telle expérience.

La réserve citoyenne pour les autres

A cette occasion, les premiers enseignements d'une autre étude, menée 
par le cabinet Plein Sens, valorisaient les effets positifs du service 
civique sur les bénéficiaires. En l'occurrence, la présence de jeunes en 
service civique redonne à des personnes âgées, souvent isolées, dans le 
Nord-Pas-de-Calais, "un rôle, une estime de soi et une vie sociale" et 
permet la mise en œuvre d'actions concrètes de prévention de la perte 
d'autonomie.

Et, puisque les bénéfices sont nombreux tant du côté des volontaires que 
des bénéficiaires, les jeunes et moins jeunes de plus de 25 ans pourront 
bientôt donner de leur temps dans le cadre de la "réserve citoyenne". 
D'abord sur l'éducation à la citoyenneté et à la laïcité dans les 
écoles. Mais pour François Hollande, un tel dispositif de mobilisation 
des compétences des citoyens "peut s'appliquer à tous les ministères". 
Pour préciser les contours de cette réserve citoyenne, le président de 
la République vient de confier une mission de préfiguration à Jean-Marc 
Sauvé, vice-président du Conseil d'Etat, et à Claude Onesta, entraîneur 
de l'équipe de France de hand-ball.

Caroline Megglé

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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