[Infoligue] La citoyenneté reste une notion floue pour les jeunes

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 16 Fév 10:25:51 CET 2016


La citoyenneté reste une notion floue pour les jeunes

Le résultat d’un sondage réalisé pour le Cnesco et la CASDEN.

Publié par : https://savoir.actualitte.com
Le : 16/02/2016

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A l’heure où les débats sur la citoyenneté se font de plus en plus 
présents, et alors que de nombreuses initiatives sur l’éducation à la 
citoyenneté émergent, la CASDEN, banque coopérative de toute la Fonction 
publique et le Cnesco, Conseil national d’évaluation du système 
scolaire, ont demandé à l’institut BVA d’interroger les Français sur 
leur perception de la citoyenneté et leur opinion sur son apprentissage.

Les résultats de ce sondage analysé par Nathalie Mons, sociologue et 
présidente du Cnesco, révèlent que les Français portent une vision 
nouvelle et multidimensionnelle de la citoyenneté, intégrant aussi les 
valeurs traditionnelles civiques. D’après les résultats, le fait d’être 
citoyen s’apprend principalement au sein de la famille mais aussi à l’école.

Vers une vision nouvelle de la citoyenneté

Pour la majeure partie des sondés, soit plus de 80% d’entre eux, le fait 
d’être citoyen revient à « respecter la loi », « défendre le droit à 
l’éducation pour tous », « participer à la vie politique (voter, 
militer…) » et « lutter contre les discriminations ». Cette adhésion 
massive aux définitions proposées par le sondage dénote une vision à la 
fois large et hétérogène de la définition de citoyenneté. Il y a un fort 
attachement au respect de la loi (72%) contrairement à « la solidarité 
avec les plus démunis » (26%) ou à « la participation à la vie 
associative » (20%).

Selon Nathalie Mons : « Ces premières données montrent une vision 
multidimensionnelle et moderne de la citoyenneté intégrant les valeurs 
traditionnelles que sont le respect de la loi et la participation à la 
vie politique mais aussi des dimensions valorisées récemment dans la 
société comme la défense du droit à l’éducation pour tous, la lutte 
contre les discriminations et la solidarité avec les plus démunis ».

Un manque de connaissance chez les jeunes

En parallèle, l’étude met en lumière la méconnaissance chez les jeunes 
de leur rôle en tant que citoyen. 9 Français sur 10 estiment que les 
jeunes n’ont pas suffisamment connaissance de leur rôle en tant que 
citoyen. Cette opinion est aussi partagée par les concernés : seulement 
un peu plus de 20% des jeunes âgés de 18 à 24 ans, pensent connaître 
leur rôle de citoyen. Les plus de 65 ans, eux, ont un avis plus tranché 
sur la question et sont moins de 10% à répondre affirmativement, soit 
deux fois moins nombreux.

Nathalie Mons explique qu’ « il y a un consensus trans-générationnel 
autour de la question. Les réponses données par les personnes 
interrogées paraissent paradoxales dans un pays valorisant fortement 
l’éducation civique. En France, le nombre d’heures d’enseignement 
consacré à cette matière est l’un des plus importants d’Europe. Le 
jugement négatif exprimé par les répondants peut, cependant, s’expliquer 
par le fait qu’au-delà de cet important investissement éducatif 
théorique dans l’enseignement civique, l’apprentissage de la citoyenneté 
en France révèle de nombreuses lacunes. »

La famille et l’école : deux piliers fondamentaux dans l’apprentissage 
de la citoyenneté

Afin de discerner où se développe la conscience citoyenne chez 
l’individu, l’étude montre dans quel cadre les jeunes apprennent à 
devenir de futurs citoyens. Deux tendances se dégagent dans les réponses 
données : d’après les Français, c’est d’abord au sein de la famille, 
lieu de transmission historique de valeurs, que s’apprend la citoyenneté 
(65% l’ont désigné en premier choix), et en deuxième lieu, à l’école (un 
peu plus de 20%).

Nathalie Mons ajoute que « selon l’âge des sondés, l’opinion n’est pas 
la même. Plus les répondants sont jeunes, plus ils sont enclins à 
choisir l’école en tant qu’environnement jouant un rôle important dans 
l’apprentissage à la citoyenneté. Près de la moitié des 18-24 ans (46%) 
ont fait ce choix. A l’opposé, chez les 65 ans et plus, ils sont 74% à 
pencher pour le cadre familial. »

Un attachement significatif à l’enseignement de thématiques liées aux 
valeurs sociales

Questionnés sur les thématiques qui leur semblent importantes pour 
former les citoyens, les Français adhérent à l’inclusion, dans les 
enseignements d’éducation civique, d’un large champ de thématiques 
civiques, politiques, institutionnelles et sociales. Cependant, ils 
mettent plus l’accent sur l’apprentissage des valeurs (« les droits de 
l’homme et de l’enfant », « l’égalité filles/garçons », « les principes 
de laïcité », etc.) que celui des institutions politiques et juridiques. 
Malgré l’actualité, l’apprentissage à « l’usage des médias » (un peu 
moins de 25% considèrent que c’est très important) et « l’utilisation 
des réseaux sociaux » (un peu moins de 15%) suscitent un intérêt limité.

Nathalie Mons précise que « s’il y a assez peu de différence suivant les 
caractéristiques individuelles des personnes interrogées, les femmes 
sont plus nombreuses que les hommes à privilégier les items liés à 
l’égalité (« égalité filles/ garçons », « lutte contre les 
discriminations »…) et les moins de 25 ans pensent plus souvent que les 
plus âgés qu’un enseignement sur l’utilisation des réseaux sociaux est 
important. »

Des activités pédagogiques actives comme complément à l’éducation 
civique traditionnelle

Le cours classique d’éducation civique est toujours plébiscité par les 
Français (93%). De même, ils sont 86% à reconnaître la légitimité de 
l’étude des textes fondateurs. Cependant, une tendance valorisant une 
pédagogie plus active se dessine nettement.

Les Français sont 93% à vouloir « la participation des élèves à la vie 
collective et à l’organisation de la classe » et 91% pour « 
l’organisation de débats civiques en classe ». 88% souhaitent 
privilégier « l’écoute de témoignages de personnes extérieures » et 86% 
plébiscitent le développement de « projets solidaires et environnementaux ».

« Cette adhésion à des pédagogies plus actives dans le champ de la 
citoyenneté est à mettre en lien avec les résultats d’un champ de 
recherche dans les pays anglo-saxons, qui a révélé leur efficacité pour 
la socialisation politique des jeunes citoyens. Ces recherches montrent 
en effet que ce sont les participations des jeunes à des projets et à 
des débats citoyens dans leur école qui, plus que le suivi de cours 
traditionnels d’éducation civique, sont en lien positivement avec les 
indicateurs d’attitude, de connaissance et d’engagement civique et 
politique des plus jeunes (participation associative, participation 
électorale, croyance dans les institutions, tolérance pour l’altérité, 
…) », affirme Nathalie Mons. « Ces nouvelles dimensions de 
l’enseignement civique sont aujourd’hui intégrées dans le nouvel 
enseignement moral et civique (EMC) mis en place dans toutes les classes 
du primaire au lycée, depuis la rentrée 2015. » poursuit-elle.

Si 93% des sondés ont entendu parler de « l’enseignement moral et 
civique », 90% de « l’organisation d’élections de délégués de classe », 
et 75% de la « participation à la vie de l’école », ils connaissent 
beaucoup moins « le Conseil des délégués pour la vie lycéenne (CVL) » et 
« les projets citoyens ou solidaires hors de l’école ».


Stephan Colin

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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