[Infoligue] Ministre de l’Éducation nationale > Discours au Congrès des 150 ans de la Ligue de l’Enseignement à Strasbourg
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 27 Juin 09:25:54 CEST 2016
Ministre de l’Éducation nationale > Discours au Congrès des 150 ans de
la Ligue de l’Enseignement à Strasbourg
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Le : 25 juin 2016
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Ce samedi 25 juin 2016, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation
nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a prononcé le
discours de clôture du congrès des 150 ans de la Ligue de
l’Enseignement. L’occasion pour la ministre de dire son attachement à
l’Éducation populaire et de rendre hommage au travail de la Ligue.
Retrouvez ici le discours de la ministre :
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le président de la Ligue de l’Enseignement,
Monsieur le Secrétaire général,
Madame la Secrétaire générale adjointe,
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Permettez-moi, au début de ce discours, d’emprunter, pour vous saluer,
une phrase prononcée au XIXème siècle :
« Chers bienfaiteurs obscurs, passionnés, infatigables, qui, à force de
volonté, à force de ténacité, finissent par apporter à tout un peuple
une dot magnifique d’intelligence et de lumière ».
Celui qui salua ainsi vos prédécesseurs, s’appelait Léon Gambetta. Nous
sommes en 1881, au Congrès de la Ligue de l’Enseignement, à Paris, salle
du Trocadéro. Et si je reprends ses mots, à Strasbourg, 150 après, c’est
pour une raison simple. Ils sont toujours aussi justes.
Oui, vous êtes bien les dignes héritières et les dignes héritiers de
celles et de ceux qui se sont levés pour répondre à l’appel publié par
Jean Macé, le 25 octobre 1866, dans L’Opinion Nationale.
Alors, naturellement, en 150 ans, la ligue a connu aussi, bien des
évolutions, et bien des changements. Mais dans ces changements, une
chose ne change pas : la fidélité à ce principe exposé par Jean Macé,
présentant les articles de la ligue, je le cite :
« Elle n’a qu’un article dans son programme philosophique, faire des
hommes qui pensent, pour penser ensuite comme ils l’entendront; qu’un
article dans son programme politique, faire des citoyens, faire des
électeurs, ce qui est plus important mille fois que faire des élections ».
Alors, je ne vais pas, même si c’est tentant, citer tous les grands
discours, toutes les grandes idées, et toutes les grandes figures de la
Ligue de l’Enseignement, de Jean Macé à Joffre Dumazedier, en passant
par Jean Zay et Léon Bourgeois.
Si je devais résumer ce que représente, pour moi, la ligue de
l’enseignement, je n’irais pas forcément chercher bien loin. Je ne
remonterais pas le fil de votre longue histoire, riche de bien des
expériences et de bien des réussites.
Je remonterais plus modestement au 21 juin 2016. Vous voyez qu’en termes
de voyage temporel, je reste mesurée.
Ce jour-là avait lieu le concert des chorales lauréates de l’École en
chœur. Les élèves venaient des quatre coins de la France. Ces élèves
étaient non seulement fiers et heureux de leur réussite, mais c’était
aussi, pour beaucoup d’entre eux, la première fois qu’ils venaient à
Paris. Qu’ils sortaient, tout simplement, de leur environnement habituel.
Le regard de ces élèves, leurs sourires, ainsi que celui de leurs
familles, de leurs enseignants, de toutes celles et de tous ceux qui les
ont accompagnés, voilà les images qu’éveillent en moi la ligue de
l’enseignement.
Elle a été, sur cette opération, comme sur bien d’autres, un partenaire
exemplaire. Et cela depuis le début.
La Ligue a 150 ans d’existence. L’École de la République, avec les lois
Ferry de 1881, en a 135.
Derrière cette constance et cette longévité il y a eu, pour chacune de
nos institutions, des changements considérables.
La Ligue, comme l’Ecole, en tenant compte de la singularité des temps
dans lesquels elles s’inscrivent, ont évolué.
Elles l’ont fait pour une seule raison : rester toujours fidèles à leurs
missions et à leurs vocations premières, et à cette haute idée de
l’émancipation par le savoir, la connaissance et la culture.
Le plus récent des changements, et non le moindre, à l’Éducation
Nationale, vous en avez sans doute entendu parler, et pas plus tard
qu’hier : il s’agit de la Refondation.
Elle répond à deux constats très simples : nos élèves maîtrisaient de
moins en moins les savoirs, en particulier les fondamentaux. Et le poids
des déterminismes économiques et sociaux n’a cessé de peser de plus en
plus fortement sur leur scolarité.
Nous avons donc agi, résolument, à tous les niveaux.
D’abord, en accordant la priorité au primaire, parce que rien de durable
ne peut s’édifier sans une base solide.
Il fallait aussi faire évoluer, ensemble, les programmes et les façons
d’apprendre, en ajoutant, aux cours disciplinaires, d’autres
organisations, complémentaires.
Ce sont les enseignements pratiques interdisciplinaires et
l’accompagnement personnalisé au collège, mais aussi, dans le premier
degré, le dispositif plus de maître que de classe, qui consiste à
affecter un maître supplémentaire dans l’école pour renforcer
l’encadrement des élèves.
Mais faire en sorte que nos élèves apprennent mieux, c’est aussi
regarder la réalité en face.
L’Ecole est ouverte à toutes et à tous. Cependant celles et ceux qui en
franchissent le seuil, n’ont pas tous les mêmes chances. Il ne suffit
pas d’avoir une ligne d’arrivée commune pour que les élèves soient
égaux. Ce qui compte, ce n’est pas seulement le point d’arrivée mais
aussi l’endroit d’où l’on part.
A ne regarder que la ligne d’arrivée, on en vient à considérer comme
égaux un élève pour qui la scolarité est un 100 mètres, et l’autre pour
qui c’est un marathon avec en plus des haies à franchir !
Il faut ne jamais les avoir subies, ces inégalités, pour penser qu’elles
ne changent rien, et qu’il suffit d’un peu de volonté, de se forcer, et
que tout se résout naturellement !
Oui, il y a des parcours de réussite scolaire en dépit des inégalités;
oui, il y a du mérite personnel dans certaines trajectoires au sein de
notre système éducatif.
Mais jamais ces quelques exemples ne sauraient justifier le sort de
toutes celles et ceux qui sont massivement entravés dès les premières
années de leur scolarité.
Les inégalités n’attendent pas le nombre des années. Elles existent et
se creusent, dès le plus jeune âge, dès l’école maternelle.
Nous avons donc donné, à la maternelle, un programme à la hauteur de ses
enjeux, et nous menons une politique volontaire de scolarisation des
moins de trois ans, en particulier dans les REP et les REP+, car les
progrès, lorsque l’on agit dès le début, sont absolument considérables !
Agir, véritablement, politiquement, pour davantage de justice, davantage
d’égalité exige une autre chose : être inégalitaire en moyens, pour être
égalitaire dans les faits.
Oui, il est juste que les 1 089 collèges des REP et leurs 6 800 écoles
de secteur voient leurs moyens augmentés, non seulement pour les
dispositifs pédagogiques renforcés, mais aussi pour la rémunération des
personnels et l’attractivité, donc la stabilité, des postes.
Il est juste, dans l’allocation des moyens, de tenir compte de critères
sociaux et territoriaux, en plus du critère démographique.
Il est juste que les bourses soient distribués, non pas, à l’aveugle,
sans tenir compte des conditions de ressources, mais en prenant en
compte les situations de chacune et de chacun !
Et il est juste de conduire, enfin, contre le décrochage, une action
déterminée, qui a déjà commencé à porter ses fruits !
Nous sommes passés, ces dernières années, de 140 000 décrocheurs par an
à 110 000, soit 30 000 de moins. Ce sont 30 000 jeunes qui, en
retrouvant le chemin de l’École, ont repris celui de l’émancipation.
Ces quelques chiffres, derrière lesquels il y a des enfants de la
République comptent plus pour moi, c’est vrai, que la bataille de mots,
cette logomachie stérile, à laquelle certains voudraient se livrer en
permanence en fustigeant je ne sais quel égalitarisme contre ce qu’ils
croient être une incitation au mérite, et qui n’est que mascarade !
Regardons les faits en face, arrêtons de nous payer de mots, soyons
honnêtes et courageux !
Il ne suffit pas, voyez-vous, d’appeler une bourse, « bourse au mérite »
pour que cela fonctionne, et que le mérite en soit récompensé comme par
magie !
Oui, j’assume de préférer l’action et la réforme pour plus d’égalité et
plus d’efficacité plutôt que les effets de manche qui, depuis des
décennies, ont si peu changé les choses tout en affaiblissant les
principes et les valeurs auxquels nous croyons.
Voilà pourquoi j’ai tenu également à mener une politique en faveur de la
mixité sociale !
Mais décréter la mixité sociale, cela ne fonctionne pas. L’imposer,
c’est, au fond, nourrir des oppositions.
La mixité sociale doit se construire, en concertation avec l’ensemble
des personnes concernées, depuis les personnels de l’éducation nationale
jusqu’aux élèves et à leurs familles, naturellement, en passant par tous
les acteurs susceptibles d’être mobilisés sur le terrain.
Voilà pourquoi j’ai lancé une série d’expérimentations sur des
territoires pilotes, qui nous permettront ensuite, par un accompagnement
scientifique, de généraliser les bonnes pratiques, et de lier, comme
vous le faites si souvent, la pensée à l’action, et l’action à la pensée.
Et je vais juste préciser une chose : c’est qu’au-delà des postures de
principe, on réalise, quand on va sur le terrain, qu’en réalité,
beaucoup d’élus, de tous bords, sont mobilisés sur ce terrain. La
preuve, nous avons aujourd’hui 25 territoires pilotes, 22 départements
et 16 académies, soit plus du double du nombre que nous escomptions au
départ.
Pourquoi ? Pour une raison toute simple. C’est qu’ils savent, comme vous
le savez, comme tous les acteurs de terrain le savent, que c’est un
enjeu essentiel. Un enjeu républicain.
Oui, les trois mots qui ornent le fronton de nos écoles sont pour moi,
comme pour vous, non pas seulement un beau tableau à contempler, mais
des injonctions, des impératifs.
Et les élèves doivent savoir que nous les concevons ainsi et que nous
nous battons pour eux. C’est ainsi qu’à nous regarder ils comprendront
le sens de cette devise et le sens de la citoyenneté. Citoyenneté,
citoyen, citoyenne ; quel beau mot.
Au fil de notre Histoire, vous pouvez en témoigner, la citoyenneté a,
pendant longtemps, été un mot d’ordre.
Et de ce mot, nous pouvions dire, alors, ce que Musset écrit à propos de
la République dans Lorenzaccio : « Et quand ce ne serait qu’un mot,
c’est quelque chose, puisque les peuples se lèvent quand il traverse
l’air ! ».
Mais l’éclat de ce mot a pâli, encore une fois. A force de l’entendre, à
force de le voir, à force d’être convaincus que nous étions, toutes et
tous, citoyens de la République, peut-être avons-nous cru qu’il
s’agissait là d’un titre acquis une fois pour toute, que rien ne
pourrait remettre en cause.
J’ai, pour ma part, tenu à rendre à l’École ce rôle essentiel : celui
d’un creuset de la citoyenneté, par le parcours citoyen, qui envisage
l’apprentissage de la citoyenneté comme un parcours cohérent : il se
déploie à la fois dans le cadre des enseignements, dans le cadre de
l’école, et se prolonge par une ouverture vers la société dans son ensemble.
Il s’appuie sur des enseignements spécifiques, l’Enseignement Moral et
Civique et l’Éducation aux Médias et à l’Information, mais aussi sur la
vie scolaire en tant que telle.
La réflexion menée par des élèves de primaire sur les règles de la
classe, ou, dans les collèges et les lycées, les conseils de la vie
collégienne sont autant d’occasions, pour nos élèves, de développer, au
jour le jour, une pratique citoyenne. Car la citoyenneté est aussi un
savoir-faire et un savoir-être. Vous le savez mieux que personne.
Et c’est pourquoi l’apprentissage de la citoyenneté ne s’arrête pas aux
murs de l’École. Voilà pourquoi j’ai aussi voulu permettre, à l’ensemble
de nos concitoyens, de pouvoir s’engager au sein de l’École de la
République.
C’est, par exemple, s’inscrire dans la Réserve Citoyenne, pour venir à
la rencontre de nos élèves et échanger avec eux : les réservistes
citoyens sont déjà au nombre de 6000 dont, depuis hier, la Ville de
Strasbourg. C’est aussi, pour les plus jeunes, les missions de service
civique, qui vont connaître, ces prochaines années, une importance
accrue au sein de nos établissements.
L’Ecole n’est pas hors de la cité. Ce n’est pas une forteresse. C’est un
lieu singulier, certes, précieux, assurément, mais au nom de quoi en
fermerait-on les portes, quand des citoyens témoignent de leur envie de
s’engager, à nos côtés, auprès de nos élèves, auprès de notre jeunesse ?
Et il en va évidemment de même s’agissant des associations comme les
vôtres, qui sont des partenaires essentiels, et qui participent
pleinement à cette fabrique du citoyen qui a motivé, dès l’origine, la
création de la Ligue.
Oui, j’ai tenu à remettre l’École au cœur de la République, et la
République au cœur de l’École.
Et c’est également pour cette raison que j’ai redonné, à la laïcité, à
cette liberté qui permet toutes les autres, et qui instaure, au sein de
l’Ecole, une distinction cardinale, entre croire et savoir, une
importance qu’elle n’aurait jamais dû perdre.
Ces dernières décennies, la laïcité a souffert d’attaques nombreuses,
d’instrumentalisations et souvent même d’une méconnaissance profonde,
encore aggravées par un laisser-faire et un aveuglement coupables.
J’ai voulu rompre avec ces compromis et refuser les accommodements, ces
petits renoncements qui préparent les grands.
J’ai donc tenu à ce que les cas d’atteintes au principe de la laïcité à
l’école fassent l’objet de remontées immédiates et systématiques et que
tout manquement donne lieu à une réaction, ferme et appropriée.
Signaler et sanctionner, sans jamais détourner le regard, mais sans
jamais s’interdire de penser, telle est aujourd’hui la règle au sein de
nos établissements.
J’ajouterai cependant à ces deux dimensions une troisième, qui les
précède, dans les faits, et qui leur donne tout leur sens : c’est
l’importance de la pédagogie. C’est ainsi que nous rendons possible une
appréhension de la laïcité dans toute sa richesse.
Le ministère a conduit, entre mars et avril 2015, un vaste programme de
formation de 1200 formateurs sur le thème de la laïcité, à travers huit
séminaires inter-académiques. Ceux-ci sont, à leur tour, en train de
former près de 300 000 enseignants d’ici à la fin de l’année.
Enfin, parce que je veux que la laïcité s’inscrive dans la culture
professionnelle de tous les professeurs, des modules de formation à la
laïcité et à l’enseignement laïc des faits religieux ont été élaborés
par la DEGESCO sur la plate-forme M at gistère, à laquelle l’ensemble des
enseignants peut avoir accès. Par leur formation, nous assurons aussi
celle des élèves.
J’ai également tenu à ce que soit rappelée la place centrale de la
laïcité en affichant la charte de la laïcité et en la faisant signer par
les parents d’élèves.
Et c’est encore pour renforcer cette culture commune de la laïcité,
qu’un livret laïcité a été transmis au personnel, pour qu’ils puissent
se l’approprier et la faire respecter, avec, toujours, une connaissance
et une conscience claire de ses enjeux.
Enfin, faire vivre la laïcité à l’école suppose d’avoir le courage de la
clarté sur des points qui font souvent débat ou même polémique.
Ici, au cœur de l’Alsace, je mesure combien notre attachement commun à
la laïcité résonne au regard du droit local et de ses particularités,
notamment sur l’obligation faite à l’Etat d’assurer une offre
d’enseignement religieux.
Cette spécificité dans les trois départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin
et de la Moselle est héritée du Concordat français de 1801 et pérennisée
par le droit local allemand (ordonnances de juillet 1873 et de novembre
1887).
Elle relève, au titre du droit local, d’un principe fondamental de la
République, reconnu par le Conseil constitutionnel le 5 août 2011.
Je le dis donc clairement pour la sérénité de tous : il n’est pas
question de revenir sur ce principe et je suis parfaitement respectueuse
de cette dimension de l’identité des territoires concernés.
Pour autant, les modalités de cet enseignement religieux interrogent
légitimement beaucoup d’associations laïques. Si nous avons largement
inversé les modalités du choix des familles, de la dispense vers
l’inscription, l’observatoire de la laïcité a proposé de placer l’heure
d’enseignement religieux en plus des 24 heures d’enseignement commun, et
non plus en leur sein.
Il ne s’agit en aucun cas-là de ré-ouvrir ou d’engager je ne sais quelle
querelle avec les religions. Ou de remettre en cause le droit local.
Non, ce qui est en jeu, c’est le principe d’égalité des élèves de ce pays.
Alors que la refondation de l’école a fait du premier degré la priorité
absolue pour la maitrise des apprentissages fondamentaux, devons-nous
priver les élèves de ces 3 départements d’une heure d’enseignement
hebdomadaire ?
Alors que le temps scolaire s’est rétréci, tout au long du dernier
siècle, alors que nous avons justement fait la réforme des rythmes
scolaires pour offrir une matinée de plus d’apprentissage scolaire et
libérer du temps pour d’autres formes éducatives, faut-il à tout prix
maintenir l’heure d’enseignement religieux dans les 24 heures de la
scolarité commune ?
Ma conviction, c’est que le principe d’égalité justifie au minimum
qu’une réflexion approfondie soit conduite. On ne peut pas détourner les
yeux de ce problème ou le laisser sans solution.
C’est pourquoi j’ai décidé d’engager un dialogue, à la seule échelle
locale, sous l’égide des deux recteurs concernés. Je leur ai demandé
d’examiner les possibilités d’évolution susceptibles de recueillir un
large assentiment. Mais sans fragiliser des éléments du droit local qui
font partie d’une identité historique qui doit être pleinement respectée.
L’esprit de consensus et de respect des acteurs locaux doit en tout état
de cause prévaloir, dans une recherche d’équilibre qui réponde aux
enjeux de l’institution scolaire sans remettre en cause des spécificités
locales auxquelles sont attachés tous les membres de la communauté
éducative au sein des trois départements concernés.
J’ai demandé aux recteurs de travailler pour me faire des propositions
avant la fin de l’année 2016.
Il ne s’agit ni de passer en force, ni de laisser en l’état, mais de
construire ensemble des solutions susceptibles de faire progresser de
concert, et c’est l’évidence, la laïcité et l’égalité.
Car l’École est, pour chaque élève, une chance immense.
Nous pouvons en être fiers. Nous pouvons être fiers du travail mené,
jour après jour, par nos enseignants.
Gambetta, à votre congrès, avait bien raison de s’exclamer qu’ils nous «
arment pour la bataille de la vie » et « [qu’] il n’y a pas de fonction
sociale plus éminemment utile pour la France ! »
Et c’est bien parce que je reconnais la valeur de leur travail, et leur
importance, que je n’ai pas voulu simplement me contenter de mots, mais
accompagner cela d’une reconnaissance par la hausse de leur
rémunération, notamment dans le primaire.
Mais je sais également, nous savons, que l’École ne peut pas tout, toute
seule. Elle a besoin de vous. Notre complémentarité est une force.
Oui, je crois en l’éducation populaire. Le mot peut paraître ancien,
voire suranné dans notre société de zapping médiatique.
Mais il est plus qu’un mot. Son histoire, la vôtre, est celle d’un
renouvellement permanent, d’un défi sans cesse relevé face à la
désespérance civique.
Eh bien, nous sommes, aujourd’hui, à un tournant de notre histoire
commune. Un nouvel élan est en train d’être donné à l’éducation
populaire, grâce à la réforme des rythmes scolaires, et à la
généralisation des ateliers périscolaires.
Oui, par ces ateliers, nous développons l’accès de tous nos élèves au
sport, à la culture, aux sciences et à la citoyenneté.
Dans ces temps offerts à l’ensemble des élèves, il y a là une chance à
saisir, une chance historique pour repenser la complémentarité de tous
les acteurs de l’éducation populaire, et lui conférer une universalité.
Car à l’universalité du suffrage, doit bien répondre celle de l’éducation.
Cela passe, notamment, par les PEDT, qui donnent un cadre à l’alliance
éducative entre l’Ecole, les associations, les collectivités
territoriales, et les familles. Vous êtes déjà nombreux à y prendre
part. Mais nous devons amplifier encore le mouvement.
Car c’est à ce prix que l’école combinera la réussite pour le plus grand
nombre, et la transmission des valeurs, par le vécu, l’expérience, et
non l’injonction. Car il ne suffit pas de dire citoyenneté, pour que
celle-ci devienne une réalité vécue, et cet engagement admirable qui
vous anime, jour après jour.
La citoyenneté, cela se vit. Cela se ressent. Cela se traduit
concrètement par des actes.
C’est ainsi que de nouvelles utopies démocratiques, comme régénérer
l’Europe et la citoyenneté européenne seront rendues possibles. Car vous
savez, sans doute mieux que quiconque, que les utopies d’hier sont les
réalités de demain. Vous en êtes la preuve vivante. Et Jean Macé, dans
ses rêves les plus fous, n’aurait pu imaginer le moment que nous sommes
en train de vivre aujourd’hui !
Voilà pourquoi notre action commune me donne, malgré le contexte actuel,
malgré la radicalisation et le développement des théories complotistes,
malgré la montée du populisme, un véritable espoir.
Un espoir qui animait déjà Jean Macé au cœur d’un second empire hostile
à la République.
Un espoir qui a animé la ligue tout au long de son existence.
Et un espoir qui nous inspire, nous guide et nous fait progresser encore
aujourd’hui.
Oui, de nombreux défis nous attendent, que nous devons relever, y
compris au-delà de nos frontières nationales puisque nous vivons, ces
jours-ci, une grave crise à l’échelle de l’Union européenne.
J’ai eu l’occasion de le dire hier, ici à Strasbourg à l’école
européenne: l’éducation, la culture, le savoir, l’intelligence mais
aussi une nouvelle conception de la citoyenneté européenne seront
nécessaires pour surmonter cette crise qui n’est pas seulement
économique et institutionnelle, mais bel et bien politique, au sens le
plus noble et le plus ambitieux du terme.
Face à ces défis, je tiens à vous dire une chose, car nous aurons toutes
et tous notre rôle à jouer: c’est un soutien précieux, pour la ministre
de l’Éducation Nationale que je suis, que de pouvoir compter sur un
allié fidèle, dont je partage les valeurs, et qui a pour nom :
La ligue de l’Enseignement.
Je vous remercie.
Najat Vallaud-Belkacem,
ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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