[Infoligue] Quand j'entends le mot culture, je sors mon... dictionnaire

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mer 5 Oct 08:47:22 CEST 2016


Quand j'entends le mot culture, je sors mon... dictionnaire

Publié par : http://www.localtis.info
Le : mercredi 5 octobre 2016

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Elus locaux aux affaires culturelles, savez-vous que les citoyens vous 
attendent sur des politiques aussi bien en faveur de la lecture et du 
cinéma que de la cuisine et de la tolérance, mais pas forcément sur la 
promotion de la musique hip hop ni du graffiti ? C'est le résultat 
surprenant d'une étude sur "Les représentations de la culture dans la 
population française" publiée par le service statistique du ministère de 
la Culture.

Le département des études, de la prospective et des statistiques (Deps) 
du ministère de la Culture publie les résultats d'un travail original 
sur "Les représentations de la culture dans la population française". 
L'approche diffère  nettement des études traditionnelles sur les 
pratiques culturelles des Français, qui révèlent des disparités, sinon 
des fractures, sociales et territoriales (voir notre article ci-contre 
du 16 janvier 2013).

La "polysémie du mot culture"

L'étude du Deps - menée auprès d'un échantillon de 1.500 personnes - 
montre au contraire que le terme et l'idée de culture sont très 
largement acceptés et partagés par la population, à l'exception d'une 
petite minorité - essentiellement des jeunes hommes peu diplômés - qui 
rejette tout ce qui évoque la culture classique ou scolaire. Pour son 
auteur, "c'est le résultat majeur de cette étude : il y a globalement 
une représentation commune, 'transociale', du mot culture et de la 
culture dans la population française".

En revanche, l'étude met aussi en évidence "la polysémie du mot 
culture". La diversité des réponses, données sous forme de mots ou 
d'expressions, aboutit à pas moins de 28 registres différents, la 
définition donnée par une même personne pouvant d'ailleurs combiner 
plusieurs registres. Si on s'en tient aux items les plus cités, arrivent 
en tête la culture au sens de savoir et de connaissance (41% de 
citations spontanées), puis la lecture et la littérature (37%), la 
musique et la danse (21%), le cinéma (21%), les arts (19%), 
"l'anthropologie, l'autre" (15%), les musées (14%)... La liste comprend 
également des valeurs - tolérance, échange et partage (12%), ce que l'on 
transmet (4%) -, mais aussi la science (5%), la religion (4%) ou la 
cuisine (3%). Le patrimoine est un peu malmené par les résultats, 
puisqu'il n'est cité que par 5% des répondants.

Cinq façons de percevoir la culture

A partir de cet ensemble forcément très disparate (y compris la culture 
au sens de l'agriculture...), le Deps retient "cinq acceptions 
spontanées de la culture", qui permettent de clarifier un peu le 
paysage. La première concerne "les disciplines artistiques et les 
équipements culturels" - financés pour une bonne part par les 
collectivités. Les items regroupés dans ce premier ensemble sont, de 
loin, le plus cités par les Français, puisqu'il regroupe 71% de la 
population.
Le deuxième ensemble, évoqué par 46% des répondants (les réponses 
multiples sont possibles) associe la culture à la connaissance et au 
savoir, autrement dit à ce qu'il est convenu d'appeler la culture 
générale. Le troisième ensemble retenu par 37% des Français est 
intéressant puisque, loin des diverses déclinaisons de la culture 
"académique", il associe la culture à des valeurs comme la tolérance, le 
bien-être, la curiosité...

Les deux autres ensembles sont plus marginaux, sans être pour autant 
négligeables. Le quatrième, partagé par 19% des Français, fait ainsi 
référence au registre anthropologique de la culture (ensemble d'us et 
coutumes et de valeurs d'un groupe humain). Enfin - plus inattendu -, 
15% des répondants associent spontanément le mot culture à l'agriculture...

La cuisine plus "culturelle" que la lecture ou le cinéma ?

Le Deps a également interrogé les Français sur "ce qui fait et ne fait 
pas culture". Sans être vraiment surprenantes, les réponses n'en sont 
pas moins intéressantes. Ainsi, relèvent indiscutablement de la culture 
: la visite de musées ou de monuments (84% de citations, ce qui 
correspond bien à l'engouement pour le patrimoine et les musées), la 
science (77%) et les voyages (73%). La suite du classement est plus 
étonnante. Viennent ensuite en effet la cuisine (62%), le fait d'aller 
au théâtre (62%), la lecture de la presse (58%), l'écoute de la musique 
classique (57%), la lecture de romans (57%), la pratique d'un instrument 
de musique (53%), ou encore le fait d'aller au cinéma (50%). Faire la 
cuisine serait donc davantage une pratique culturelle que le fait de 
lire un livre ou d'aller au cinéma...
Les Français ont une opinion tout aussi arrêtée sur ce qui ne relève pas 
de la culture. On y trouve ainsi les émissions de téléréalité (83%) - 
qui s'en étonnera ? -, mais aussi les jeux vidéo (63%) et les parcs 
d'attraction (50%). Bien que parfois élevés au rang d'art, les séries 
télévisées (46%), le rap et le hip-hop (44%), le graffiti et le tag 
(42%) ne sont pas reconnus comme relevant de la culture par une majorité 
de Français, au même titre que la chasse et la pêche (48%).

Libéralisme, éclectisme critique, classicisme et contestation

Enfin, à partir des réponses spontanées ou encadrées, le Deps a 
également identifié quatre groupes de répondants en fonction des 
attitudes caractéristiques à l'égard de la culture. On y trouve ainsi le 
libéralisme ("tout est culturel") qui correspond à 29% des Français, 
l'éclectisme critique ("tout est potentiellement culture") avec 32% de 
la population (vision plutôt large de la culture, mais assortie de 
restrictions et de conditions souvent associées à une exigence de 
qualité), le classicisme ("la culture n'est pas extensible"), avec 30% 
des Français (culture restreinte à un champ précis, plutôt classique, et 
souvent associée au savoir et à la connaissance) et l'attitude 
contestataire ("la vraie culture est ailleurs"), dans laquelle se 
reconnaissent 9% de la population (rejet de toutes les activités 
proposées). Cette dernière attitude "peut sans doute en partie 
s'expliquer par un sentiment d'exclusion d'une culture perçue comme 
appartenant à un autre groupe social que le sien ou par la critique 
volontaire d'un ordre considéré comme dominant".


Jean-Noël Escudié / PCA

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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