[Infoligue] En France, les régions de droite lâchent les associations en rase campagne

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 3 Jan 08:59:51 CET 2017



En France, les régions de droite lâchent les associations en rase campagne

Par Coralie Schaub
Publié par : http://www.liberation.fr
Le: 2 janvier 2017

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Sale temps pour les associations de protection de l’environnement. Un 
peu partout en France, elles font face à une baisse drastique de leurs 
financements publics. «Cela s’accélère et s’aggrave. Depuis quelques 
mois, on assiste même à des retraits complets, sans préavis», constate 
Sophie Fleckenstein, coordinatrice du lien fédéral pour la fédération 
France nature environnement (FNE), qui regroupe 3 500 associations. Sous 
la présidence de Laurent Wauquiez, la région Auvergne-Rhône-Alpes a 
ainsi réduit de moitié la subvention annuelle de l’emblématique 
Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature (Frapna, lire plus 
bas), s’attaquant aussi aux associations d’éducation à l’environnement 
comme celles du réseau Graine, à l’agriculture biologique ou aux Amap 
(associations pour le maintien d’une agriculture paysanne).

En Ile-de-France, la présidente, Valérie Pécresse, vient de couper les 
vivres à une foule de structures consacrées à la nature, au climat ou au 
bio, jugées «sans intérêt direct pour les Franciliens». La région 
Hauts-de-France, dirigée par Xavier Bertrand, prévoit pour 2017 une 
baisse de 40 % du budget «développement durable, troisième révolution 
industrielle et transition énergétique» et de 35 % pour les associations 
environnementales. «Alors qu’un quart de la flore régionale est menacé 
et que de nombreuses espèces d’oiseaux sont en danger d’extinction, 
Xavier Bertrand décide de les sacrifier en coupant les subventions aux 
associations telles que le Groupement de défense de l’environnement de 
l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer (GDEAM), le Groupe ornithologique 
et naturaliste du Nord-Pas-de-Calais ou encore la Ligue de protection 
des oiseaux (LPO)», déplore EE-LV Nord-Pas-de-Calais.

Bras de fer.

Pourquoi un tel assèchement ? Un an après la vague Les Républicains (LR) 
des dernières élections régionales, Sophie Fleckenstein considère que 
«l’explication politique est dans certains cas une réalité». Si le 
phénomène concerne aussi d’autres secteurs comme la culture, la jeune 
femme estime que les associations environnementales sont «un peu plus 
touchées» parce que le débat s’est focalisé autour de bras de fer très 
médiatisés comme la «ZAD» de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes 
(Loire-Atlantique) ou la mobilisation contre le Center Parcs de Roybon 
(Isère). «On paie pour avoir lutté contre certains grands projets, les 
dossiers Center Parcs ont fait du mal à beaucoup de nos associations. Et 
on entend des discours du type "on ne va pas financer des associations 
qui par ailleurs nous attaquent", c’est nouveau.» Les régions ne sont 
pas seules en cause. Plusieurs départements ont aussi baissé ou coupé 
les vivres. Ainsi, le président LR du Conseil départemental du Morbihan, 
François Goulard, n’a pas hésité à justifier la coupe de 55 000 euros de 
subventions à l’association Bretagne vivante par son activisme en faveur 
de la protection des réserves naturelles : «Nous ne pouvons pas 
subventionner des personnes qui nous assignent en justice», a expliqué 
sans complexe ce proche de François Fillon.

Dégâts.

Cette période de vaches maigres sera difficile à traverser pour des 
associations qui souffrent aussi de retards de versements des directions 
régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal, 
services déconcentrés de l’Etat) ou des financements européens. Ajoutez 
à cela des difficultés liées à la réforme territoriale et le fait que 
les fonds européens manquent souvent à l’appel, les obtenir relevant de 
plus en plus du parcours du combattant… In fine, les effets sont 
dévastateurs, surtout pour les petites structures, souvent très 
dépendantes des financements publics (parfois jusqu’à 90 %). Les plus 
grosses, elles, résistent mieux. C’est le cas de la LPO, qui compte 
presque 400 salariés. Son directeur général, Yves Verilhac, constate une 
baisse pour l’ensemble des LPO locales de 434 000 euros de la part des 
régions en 2016 par rapport à 2015 avec «sans surprise 
Rhône-Alpes-Auvergne, Hauts-de-France et Paca en tête». Il pointe aussi 
une perte de 158 000 euros de la part des départements sur la même 
période. «On résiste assez bien grâce au privé, qui représente environ 
60 % du budget de la LPO France (dons, legs, ventes en boutique, 
contrats et prestations)», explique Yves Verilhac, qui s’insurge contre 
le mot «subventions» : «Nous ne recevons plus aucune subvention de 
fonctionnement, cela s’est perdu dans les années 90. Nous sommes 
désormais uniquement sous contrats pour service rendu. On n’est pas sous 
perfusion, contrairement au monde de l’agriculture industrielle ou de la 
chasse.»

La LPO n’a pas encore été contrainte d’abandonner de missions ni de 
licencier. Mais d’autres structures sont déjà obligées de laisser tomber 
des projets. «La Frapna, par exemple, ne pourra plus s’occuper de 
qualité de l’air», constate Sophie Fleckenstein. La FNE s’alarme ainsi 
des menaces qui pèsent sur les missions d’intérêt général assurées par 
les associations : gestion des espaces naturels, sensibilisation et 
formation, renseignement de bases de données naturalistes, participation 
à moult commissions nationales et locales…

Les dégâts humains, eux, sont déjà bien concrets.

La Frapna a dû supprimer 18 emplois sur 108, Bretagne vivante 9, 
Mirabel-FNE Lorraine 2, Alsace Nature 1. Et l’Office pour la protection 
des insectes et de leur environnement (Opie) est contraint depuis juin 
de mettre son équipe au chômage partiel… L’année 2017 risque fort d’être 
plus dure encore. Le syndicat des travailleurs associatifs Asso et 
l’union syndicale Solidaires se sont inquiétées début décembre des 
«menaces qui pèsent sur l’emploi des salarié(e)s des associations 
environnementales et d’éducation à l’environnement». «La disparition 
accélérée des aides publiques condamne l’emploi de plusieurs centaines 
de salarié(e)s et entre en contradiction avec les résolutions 
gouvernementales prises pour répondre à l’urgence climatique», 
écrivent-ils dans un communiqué commun.

«Clivage».

Que faire, alors ? «On se demande s’il ne faudrait pas tenter de faire 
davantage appel aux dons ou au mécénat, travailler différemment nos 
projets ou serrer les rangs avec d’autres milieux associatifs, notamment 
dans la culture, évoque Sophie Fleckenstein. En attendant, quand on 
peut, on fait appel aux bénévoles.» Mais tout ne pourra pas reposer sur 
ces derniers, aussi motivés soient-ils. Car la complexité croissante des 
activités des associations nécessitera toujours «un minimum de temps 
salarié, de frais de fonctionnement, de production d’outils, de 
déplacements, de locaux, de matériel», souligne FNE. «Le risque, c’est 
de perdre en expertise et de gagner en clivage : plus on tapera sur les 
associations, plus elles perdront de salariés, plus les bénévoles et les 
convaincus se radicaliseront», conclut Marie Fauvarque, directrice de 
Picardie Nature. Sans compter le risque qui pèse sur l’indépendance : 
«Imaginez si demain un aménageur vous dit, "je mets 300 000 euros au 
pot, mais vous ne parlerez pas de l’impact de mon projet sur les 
chauves-souris".» Pour elle, comme pour ses collègues, le financement 
public est aussi et surtout garant de la liberté d’action des 
associations environnementales.


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L’Auvergne-Rhône-Alpes préfère les braves chasseurs aux écolos bobos

Coup de massue pour la Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature 
(Frapna), pilier régional de la «défense des biens communs (sol, air, 
vivant et eau)». Alors que la dernière convention signée avec le conseil 
régional prévoyait une participation de 771 000 euros annuels pour 
2015-2017, celle-ci a été réduite de moitié en 2016. Décision du nouvel 
exécutif de Laurent Wauquiez (LR), qui a en revanche octroyé 3 millions 
d’euros sur trois ans à la Fédération régionale des chasseurs… «C’est un 
rééquilibrage, ces derniers n’étaient pas pris en compte avant», 
justifie-t-on à la région. La Frapna déplore que l’exécutif «laisse 
tomber des pans entiers du champ d’actions nécessaires pour se prémunir 
des conséquences du changement climatique». Et s’interroge : s’agit-il 
là d’une «récompense du soutien [des chasseurs] à la majorité actuelle 
pendant la campagne électorale» ? Pour certaines Frapna départementales, 
c’est la double peine. L’Ain ne verse plus un centime. En Isère, les 
financements ont été sabrés de 75 %. La Frapna, qui a perdu 18 postes 
salariés sur 108, a lancé un appel aux dons sous le hashtag 
#AdopteUnBobo, référence à la caricature dont elle fait l’objet. «Il 
s’agit de sanctions politiques», estime Céline Labracherie, directrice 
de Frapna Régions. L’association a attaqué en justice le Center Parcs de 
Roybon (Isère), soutenu par Wauquiez qui lui a fait voter une subvention 
de 4,7 millions d’euros…
Coralie Schaub

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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