[Infoligue] La baisse du budget consacré aux droits des femmes inquiète

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 18 Juil 06:46:12 CEST 2017


La baisse du budget consacré aux droits des femmes inquiète

Plusieurs associations ont adressé une lettre au premier ministre et à 
la secrétaire d’Etat dédiée pour que soit épargné ce budget.

Publié par : LE MONDE
Le :  17.07.2017
Par Cécile Bouanchaud

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Après avoir dragué les associations féministes pendant sa campagne, 
Emmanuel Macron semble prendre ses distances. Exit le « ministère plein 
et entier des droits des femmes », qui s’est soldé par un secrétariat 
d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, rattaché au premier 
ministre. A la diète le secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes 
et les hommes, dont le budget devrait être revu à la baisse.

Le temps du « I’m feminist », lancé par le candidat En marche ! lors du 
Women’s Forum for the Economy and Society, en décembre 2016, semble 
loin. Neuf mois plus tard, celui qui se présentait comme un candidat « 
profondément féministe » est devenu président. Et les promesses sur 
l’égalité hommes-femmes, grande cause nationale du quinquennat, semblent 
avoir été supplantées par une autre promesse de campagne, celle 
d’économiser 60 milliards d’euros sur cinq ans.

« Un budget déjà ridicule »

Alors que les budgets sont en train d’être finalisés dans les différents 
portefeuilles ministériels, plusieurs associations féministes 
s’inquiètent d’une restriction drastique dans l’enveloppe allouée aux 
droits des femmes. Le Journal du dimanche évoque une coupe de 25 %, soit 
un budget qui passerait à 20,1 millions d’euros. Selon un rapport du 
Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, le budget 
alloué aux droits des femmes s’élevait à 29,6 millions d’euros en 2016, 
soit 0,05 % du budget global de l’Etat.

« Ça n’a pas de sens de faire des économies sur un budget aussi ridicule 
», s’alarme Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’Association 
européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), qui 
évoque ces mêmes chiffres, obtenus « de manière officieuse mais de 
sources en lien avec le ministère ». Pour obtenir une réponse formelle, 
une vingtaine d’associations, ainsi que l’ancienne ministre chargée des 
droits des femmes, Laurence Rossignol, ont adressé, lundi 17 juillet, 
une lettre à Edouard Philippe et à la secrétaire d’Etat, Marlène Schiappa.

De son côté, le secrétariat « dément formellement le chiffre des 25 % » 
mais confirme « des économies nécessaires », précisant que les 
arbitrages seront rendus d’ici à la fin du mois.

Les frais de fonctionnement rabotés

Le cabinet tente toutefois de minimiser ces coupes budgétaires, en 
soulignant que la dimension interministérielle du secrétariat d’Etat, 
rattaché à Matignon, permettra que des projets portant sur les droits 
des femmes soient financés par d’autres ministères. « Par exemple, les 
interventions en milieu scolaire portant sur l’égalité hommes-femmes 
seront portées par le ministère de l’éducation », fait savoir 
l’entourage du secrétariat d’Etat, qui précise que « la grande cause 
nationale, financée par l’Elysée et Matignon, apportera un budget 
supplémentaire pour le droit des femmes ». Et de résumer :

De l’aveu du secrétariat d’Etat, une baisse du budget semble toutefois 
inévitable. Concernant les secteurs qui seront impactés, le cabinet se 
montre rassurant, précisant qu’il s’agira de coupes « dans les frais de 
fonctionnement, comme la suppression des notes de frais et des réceptions ».

« Pour éviter les abus », le secrétariat d’Etat compte passer au peigne 
fin chacune des demandes de subventions adressées par les associations. 
« Il n’y aura plus de reconductions automatiques », résume le cabinet de 
Marlène Schiappa, précisant que « les associations qui ne rendent pas 
compte de l’utilisation de l’argent public ne seront pas reconduites ». 
Les associations devront désormais répondre à deux questions : « les 
actions qu’elles mènent font-elles partie des priorités des missions du 
ministère ? Et ces actions sont-elles effectives et efficaces ? »

« Un blocage inédit »

Selon le secrétariat d’Etat, la priorité sera donnée aux associations « 
dont l’objet est l’accueil des femmes victimes de violences sexistes et 
sexuelles ». L’Association européenne contre les violences faites aux 
femmes au travail, qui bénéficie de subventions de l’Etat depuis vingt 
ans, rentre dans ces prérogatives, mais évoque « une situation de 
blocage inédite ».

Si Marlène Schiappa a bien signé la convention 2017-2019 avec cette 
association, celle-ci n’a toujours pas reçu la première tranche de 
subventions censées lui être allouée depuis juin. Financée à 80 % par 
les subventions de l’Etat, à l’instar d’une vingtaine d’autres 
associations féministes, l’AVFT avait pourtant réclamé cette année une 
hausse de ses budgets.

« Nous avons de plus en plus de signalements de cas de harcèlement au 
travail », souligne l’AVFT qui rappelle qu’elle participe à une mission 
pour laquelle elle a été mandatée par l’Etat. « L’Etat nous délègue une 
partie de ce qui doit être fait par les services publics parce que nous 
avons une expertise sur le domaine. Il faut que nous puissions continuer 
à remplir cette mission », appuie Isabelle Gillette-Faye, porte-parole 
de la fédération nationale Gams (Groupe femmes pour abolition 
mutilations sexuelles et des mariages forcés), qui estime que ce 
désengagement de l’Etat risque de « laisser de nombreuses victimes de 
violences sur le carreau ».

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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