[Infoligue] L'emploi sportif associatif n'est pas viable sans aides publiques et ne favorise pas la pratique
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 20 Juin 08:41:51 CEST 2017
L'emploi sportif associatif n'est pas viable sans aides publiques et
ne favorise pas la pratique
Publié par : http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/
Le: 19/06/2017
Auteur : Jean Damien Lesay
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Les emplois associatifs dans le champ du sport ne peuvent s'autofinancer
sans aides publiques locales et ne génèrent pas de hausse de la pratique
sportive... Tels sont les principaux enseignements d'un rapport de
l'inspection générale de la Jeunesse et des Sports intitulé "Evaluation
des dispositifs de soutien à l’emploi dans le champ du sport", achevé il
y a un an mais rendu public il y a quelques jours à peine.
Mais au fait, lorsqu'on parle de dispositifs de soutien à l’emploi
sportif, de quoi parle-t-on exactement ? Pour les rapporteurs, il s'agit
tout d'abord du dispositif de la Fédération nationale Profession Sport,
créée en 1989, dont l'ambition est depuis son origine de mutualiser à
l'échelle départementale des emplois dans les clubs sportifs.
Aujourd'hui, Profession Sport met à la disposition des clubs et des
collectivités territoriales 9.500 salariés et assure pour le compte
d'employeurs associatifs ou publics la gestion de 14.700 autres.
L'autre grand dispositif dans ce secteur est le Plan sport emploi, lancé
en 1996 et qui se poursuit actuellement à travers les aides à l'emploi
du CNDS (Centre national de développement du sport). Son principe est
d'accorder des aides – dégressives – aux clubs ou comités des
fédérations sportives pour recruter des éducateurs sportifs ou des
agents administratifs afin de structurer le mouvement sportif.
Un secteur dépendant de l'argent public
Pour cette catégorie d'aides directes, le bilan est, vingt ans plus
tard, "mitigé", selon les auteurs du rapport. 600 emplois ont été créés
en moyenne chaque année dans le cadre du Plan sport emploi, pour un coût
total de 386 millions d'euros. 12.200 emplois ont été pérennisés sur la
période, le coût de chacun de ces emplois pérennisés pour l'Etat étant
estimé à 40.000 euros. Parallèlement, le coût des emplois-jeunes, lancés
en 1998, et qui ont généré à peu près autant d'emplois pérennes dans le
secteur de l'animation sportive (12.500), s'est élevé à 30.500 euros par
emploi.
Plus globalement, 26% des emplois actuels de salariés associatifs de
l'animation sportive ont pour support un dispositif d'emplois aidés, ce
qui, pour les rapporteurs, "est révélateur de la dépendance du secteur à
l'argent public".
Au final, le rapport estime à 31.000 le nombre d'associations sportives
employeuses, soit 19% des 165.000 associations affiliées aux fédérations
sportives agréées. Il met ensuite en avant des données structurelles sur
la pratique en club : avec 18 millions de pratiquants recensés, dont
plus de 2 millions sur des pratiques saisonnières, les effectifs des
clubs sont en moyenne de 109 pratiquants. Or, toujours selon
l'estimation des rapporteurs "un club peut supporter financièrement la
charge d'un emploi s'il atteint 250 adhérents". On en conclut donc fort
logiquement, et en chœur avec les auteurs, que "le gisement d'emplois
solvables dans les associations sportives est relativement limité".
Comment dès lors autant d'associations ont-elles réussi à embaucher ?
"Principalement en raison des soutiens publics locaux, ceux des communes
en tout premier lieu, ceux des départements ensuite, et également des
régions avec des dispositifs de type Emplois tremplins."
Pas de développement de la pratique
Et les rapporteurs d'ajouter : "L'hypothèse que sous-tendant la
conception du Plan sport emploi [PSE] – une croissance des effectifs
dans des proportions qui permettraient de consolider l'emploi créé – a
été partiellement validée, avec la création de plus de 35.000 emplois,
PSE et NSEJ [emplois-jeunes] cumulés, et la pérennisation de 24.700
d'entre eux dans un périmètre de 143.000 associations, hors fédérations
scolaires. Mais la démonstration n'a pas été faite que les emplois
pouvaient, en masse, s'autofinancer sans aides publiques locales."
Mais le constat le plus terrible n'est sans doute pas celui de
l'impossibilité des associations sportives à financer leurs propres
emplois. Non, le plus terrible est que cette débauche d'argent public
n'aurait été qu'un coup d'épée dans l'eau au regard de l'objectif qui
devrait prévaloir en matière de politique publique en faveur de l'emploi
sportif : le développement de la pratique sportive en club. "Cette
croissance de l'emploi ne s'est pas accompagnée, affirment les
rapporteurs, d'une évolution significative de la population des
pratiquants licenciés des fédérations sportives, les 15,8 millions
recensés en 2014 ne marquant qu'une progression de 2 millions par
rapport à 1996, soit 15%, en 18 ans, rythme à peine supérieur à celui de
la croissance démographique sur la même période (13%)."
D'où une proposition-phare : "Il serait préférable que [l'Etat]
substitue à ces aides CNDS affectées aux emplois locaux, un soutien, en
fonctionnement et un investissement, à des projets territoriaux de
rattrapage sportif, dans le cadre de conventions signées avec les
communes, sur des territoires carencés et au profit de publics en retard
de pratique sportive, en y appliquant une ingénierie appropriée."
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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