[Infoligue] Trois questions à Frédérique Pfrunder, Déléguée générale du Mouvement associatif
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 17 Mar 09:17:14 CET 2017
Trois questions à Frédérique Pfrunder, Déléguée générale du Mouvement
associatif
Publié par : http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr
Le : 17/03/17
**********************
Localtis - Où en est la déclinaison territoriale de la charte des
engagements réciproques entre associations et pouvoirs publics ?
Frédérique Pfrunder - Le comité de suivi national de la charte va
remettre un rapport au ministre mi-avril. Il n'y a pas un nombre de
déclinaisons considérables, on en a recensé au moins 70 - ce n'est pas
exhaustif car au niveau des communes notamment c'est difficile de tout
repérer. On ne connaît qu'une charte sectorielle, celle de la Protection
judiciaire de la jeunesse. Entre la signature de la charte en 2014 et
aujourd'hui, il y a eu des élections territoriales qui n'ont pas aidé au
démarrage. Au niveau des régions, ça se met en route, même si la plupart
des chartes signées ne sont pas tripartites - elles sont signées par les
associations et l'Etat ou la région.
Les exemples existants montrent toutefois que c'est une démarche
vraiment intéressante pour un partenariat, une dynamique de construction
entre associations et pouvoirs publics. Qu'est-ce qu'on crée comme lieu
de dialogue pérenne et transversal ? Il y a un enjeu à prendre en
considération la vie associative dans toute sa diversité. L'idée est
vraiment d'éviter de pousser les associations dans une logique
concurrentielle parce que les crédits baissent. Ce n'est pas si simple
et la charte n'est pas la solution à tout, c'est un outil qui peut
permettre la création de lieux de dialogue, de reconnaître le
partenariat et pas juste la logique de financement.
Y a-t-il des réserves civiques territoriales qui commencent à se
développer ? Quelle est la position du Mouvement associatif sur ce
dispositif ?
A notre connaissance, il n'y a rien qui se développe vraiment. Ce qu'on
souhaite c'est que, si cela se met en place, cela se construise avec les
associations. C'est un impératif pour que cela ait un sens. Les
associations sont les foyers de l'engagement bénévole : sur les 16
millions de bénévoles, 13 sont dans des associations. Elles ont cette
capacité de mobilisation, ce savoir-faire, donc si l'Etat ne s'appuie
par sur cette expertise il ne va sans doute pas se passer grand chose.
La réserve civique peut permettre à des gens qui n'ont pas envie d'être
dans une association de s'engager au service de la société. Il faut que
cela se construise avec les acteurs du territoire, avec les associations
qui mettent aussi leur activité au service des pouvoirs publics – de
l'Education nationale, des collectivités, etc.
Pour que les mouvements qui représentent les associations et l'économie
sociale et solidaire parviennent à se faire entendre au moment de
l'élection présidentielle, n'y a-t-il pas la nécessité de parler d'une
seule voix ?
Le Mouvement associatif est membre-fondateur de la Chambre française de
l'ESS, qui a sorti un texte auquel on a contribué (voir notre article du
9 mars 2017, ndlr) et on partage ce qui est porté. Ensuite, les
associations, qui sont une très large part de l'ESS, sont aussi plus que
l'ESS. On a des enjeux communs, mais les associations portent aussi
l'engagement, la participation citoyenne, le lien social. Et 85% des
associations ne sont pas employeuses. Dix personnes qui se mettent
ensemble pour répondre à un besoin, c'est une association qui ne va pas
chercher obligatoirement à créer une activité économique. On est dans
l'ESS, mais on a aussi d'autres messages à porter.
En outre, l'ESS regroupe des acteurs assez différents et cela nous
paraît nécessaire qu'on continue à reconnaître la spécificité de
l'action associative qui est au service de l'intérêt général. L'intérêt
général n'est pas exactement la même chose que l'utilité sociale.
L'ouverture du périmètre de l'ESS à des sociétés commerciales à partir
du moment où elles ont une utilité sociale crée une certaine confusion,
il nous paraît important de savoir où sont les frontières entre les uns
et les autres.
--
-----------------------
Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
-----------------------
Nos sites :
http://www.laligue-alpesdusud.org
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog
-----------------------
Plus d'informations sur la liste de diffusion Infoligue