[Infoligue] Réforme territoriale : les associations s’adaptent difficilement
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 14 Nov 16:45:44 CET 2017
Réforme territoriale : les associations s’adaptent difficilement
Publié par :
https://www.associationmodeemploi.fr/article/reforme-territoriale-les-associations-s-adaptent-difficilement.62598
Le : 14/11/2017
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Nouvelles régions, fusions des intercommunalités, communes nouvelles…
Difficile pour les associations d’y retrouver leurs marques. Mais
s’agit-il d’un changement dans les habitudes ou d’une mutation plus
profonde des rapports entre les collectivités et le monde associatif ?
Comme tous les ans Recherches & Solidarités sonde le moral des
responsables associatifs. En septembre, l’association a ainsi fait
paraître la quinzième édition de « La France associative en mouvement »,
dans laquelle elle relève en particulier l’inquiétude et les difficultés
qu’ont générées les reconfigurations territoriales opérées ces dernières
années.
Une nécessaire adaptation à des nouveaux dispositifs d’aide aux associations
C’est une association sur deux qui, selon les auteurs de l’étude, a dû
s’adapter au nouveau paysage territorial : « Nouveau découpage régional,
fusion de communes ou d’intercommunalités, nouvelle répartition des
compétences… ont engendré une réduction des soutiens financiers et
matériels et une nécessaire adaptation à des nouveaux dispositifs
d’aide, à de nouveaux interlocuteurs et à de nouvelles orientations
politiques. Autant de changements plutôt mal vécus ».
Toutes les associations ne sont pas touchées pour autant. Le nouveau
découpage régional par exemple ne concerne qu’un petit quart des
associations (12 % s’estiment beaucoup concernées et 12 % à la marge).
C’est bien sûr dans les nouvelles régions issues de la fusion des
anciennes que l’impact est le plus grand. En Auvergne-Rhône-Alpes, 29 %
des associations disent le ressentir, et notamment les associations
agissant dans le domaine de l’environnement, touchées par de fortes
baisses de subventions (lire « Nouvelles régions : les associations
s’inquiètent »), ainsi que les plus grandes associations.
Les associations concernées par les fusions d’intercommunalités
Mais il n’y a pas que les régions qui ont bougé. Les départements ont
perdu leur clause de compétence générale et les intercommunalités ont
beaucoup évolué depuis 2015 et la loi Notre avec de nombreuses fusions.
Alors qu’en 2012, il existait 2 581 EPCI (établissements publics de
coopération intercommunale), ce chiffre a été divisé par deux en cinq
ans (1 266 en 2017). 29 % des associations disent être concernées par
ces fusions d’intercommunalités.
Conséquence dans les chiffres recueillis par Recherches & Solidarités :
36 % des responsables associatifs sont perturbés par l’arrivée de
nouveaux élus qu’il faut apprendre à connaître et 35 % par les nouvelles
répartitions de compétences. 9 % des associations indiquent avoir vécu
négativement ces changements et 51 % « assez négativement ». Cela fait
tout de même 6 associations sur 10 ! Pour les auteurs de l’étude, « la
tendance est nette, et les associations ont manifestement été
perturbées, de surcroît lorsque le découpage régional s’est ajouté ».
La réduction du soutien financier en premier
Lorsqu’on demande aux dirigeants associatifs de manière plus détaillée
le type de difficultés rencontrées, c’est pour quasiment une fois sur
deux (45 %) la réduction des soutiens financiers ou matériels qui est
citée en premier. Suivent les changements dans les dispositifs d’aide
(27 %), l’identification des nouveaux interlocuteurs (26 %) et les
orientations politiques nouvelles (23 %).
Ces dernières, explique Recherches & Solidarités, « ont plus
particulièrement perturbé les responsables des associations au périmètre
large, comportant plusieurs départements et allant parfois jusqu’à la
région. Il en est de même, dans l’environnement, la jeunesse et
l’éducation populaire, et sans lien avec ces secteurs, dans les plus
grandes associations, dépassant la dizaine de salariés et un budget
annuel de 500 000 euros ».
L’ensemble de ces remodelages bousculent les habitudes mais vont au-delà
d’un simple changement d’interlocuteurs. Poussées par les baisses de
dotations, les collectivités ont aussi tendance à être plus exigeantes
dans les attributions des aides. Ces évolutions, se cumulant avec les
mesures nationales (baisse annoncée du nombre de contrats aidés),
impactent largement les associations.
Après l’État, les collectivités vont à leur tour serrer leurs budgets
L’économiste et sociologue Viviane Tchernonog l’avait annoncé : après
l’État (15 % des budgets associatifs en 1999 et 11 % en 2011), les
collectivités vont à leur tour serrer leurs budgets… Et l’on voit mal
qui pourra cette fois prendre le relais. Les associations, du coup, se
voient mal parties.
Une association de Nouvelle-Aquitaine témoigne qu’à l’occasion d’un
changement de poste pour lequel elle bénéficiait d’une convention
jusqu’en 2020, elle apprend que le poste ne sera renouvelé… que pour un
an. Telle autre s’énerve de devoir réexpliquer une énième fois à sa
nouvelle intercommunalité ce qui la spécifie (elle est à cheval sur le
social et le culturel et ne rentre pas dans les cases édictées par le
nouvel EPCI). Le problème est accentué par le fait que de nombreux élus,
et en particulier ceux des petites communes, sont eux-mêmes en train de
découvrir et d’apprendre une autre manière de fonctionner.
Sont-ce seulement les habitudes qui sont ainsi bousculées ou s’agit-il
d’une tendance vers une relation plus exigeante, professionnelle et
entrepreneuriale entre le monde associatif et les collectivités ? Une
chose est sûre, la vie associative entre en zone de turbulence.
Un article de Michel Lulek
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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