[Infoligue] Rythmes scolaires : au moins 80% des communes reviendraient aux quatre jours à la rentrée prochaine
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 24 Nov 11:15:58 CET 2017
Rythmes scolaires : au moins 80% des communes reviendraient aux quatre
jours à la rentrée prochaine
Publié par : https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/
Le : 23/11/2017
Par : Valérie Liquet
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L'enquête 2017 de l'Association des maires de France, sur "les nouvelles
organisations du temps scolaire" a été publiée à l'occasion du 100e
Congrès des maires. A l'en croire, la semaine de quatre jours pour les
écoliers français sera de nouveau la norme à la rentrée 2018. Mais de
nouvelles questions émergent déjà, liées à l'accueil des enfants les
mercredis matin. C'est que les parents, premiers à faire pression pour
revenir à la semaine de quatre jours, seraient devenus de plus en plus
exigeants...
"La semaine de quatre jours devrait être majoritaire à la rentrée 2018."
C'est l'un des enseignements tiré de l'enquête* menée par l'Association
des maires de France et publiée à l'occasion de son congrès 2017. Depuis
la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires en 2013, l’AMF a
mené chaque année une enquête afin de mesurer les impacts de cette
réforme pour les communes et leur intercommunalité. Cette année, le
contexte était particulier avec la publication du "décret Blanquer" du
27 juin 2017 permettant le retour à la semaine scolaire de quatre jours
(voir notre article du 28 juin 2017). Si cette année 43 % des communes
sont revenues à 4 jours, elles pourraient être bien plus nombreuses à la
rentrée prochaine. Car sur les 57% des communes qui sont restées à 4,5
jours, seule une toute petite partie (7%) est décidée à conserver cette
formule et 40% veulent repasser à 4 jours. Entre les communes déjà à
quatre jours et celles qui sont décidées à y passer à la prochaine
rentrée, cela fait donc 79 % des communes qui reviendraient à l'avant
réforme Peillon.
Et encore, ce n'est qu'un minimum puisque la très grande majorité (53%)
des communes aujourd'hui à 4,5 jours ne savent pas quelle sera leur
position. Elles attendent les résultats des concertations locales et/ou
une meilleure visibilité sur les financements. Sur ce dernier point,
l'intervention de Jean-Michel Blanquer au Congrès des maires a peut-être
rassuré les derniers partisans de la semaine à quatre jours.
Le plan Mercredi serait en partie financé par la Cnaf
Pour cause de conseil des ministres, Jean-Michel Blanquer n'a fait
qu'une apparition éclair à l'atelier du mercredi 22 novembre sur la
réussite éducative. Quelques minutes au cours desquelles il a tout de
même eu le temps de confirmer que le fonds de soutien à l'organisation
des activités périscolaires ne serait pas supprimé, rappelant qu'il
serait réservé aux communes à 4,5 jours (pour rappel, il est doté de 237
millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2018, contre 373
millions d'euros l'année dernière).
Le ministre de l'Education nationale en a dit un peu plus sur le "plan
Mercredi" annoncé le 8 novembre en commission nationale du Sénat (voir
notre article ci-dessous du 9 novembre 2017). Son objet serait de
"permettre à chaque commune, quand elle le désire, de renforcer l’offre
périscolaire", en insistant sur la nécessaire "qualité" de cette offre.
Il bénéficierait d'aides de l’Etat et de la Cnaf.
Le ministère a ainsi commencé à répondre à une nouvelle demande de l'AMF
: "Un accompagnement financier de l'Etat et des modalités d'organisation
plus souples pour les collectivités souhaitant organiser un accueil le
mercredi."
54% des communes qui n'avaient jamais organisé d'accueil le mercredi
matin s'y sont mises en revenant aux quatre jours
Le mercredi est en effet apparu comme LE sujet pour les communes étant
repassé cette année à la semaine des quatre jours. Car les parents, qui
ont dans leur majorité fait pression pour revenir aux quatre jours, ont
demandé simultanément que leurs enfants soient gardés le mercredi, et
cela, même dans des communes où ce type d'accueil n'existait pas avant
la réforme de 2013. 54% des communes sont dans ce cas de figure, selon
l'enquête de l'AMF. Dès lors, il n'est pas étonnant que près des trois
quarts des collectivités interrogées (72%) seraient intéressées par une
extension, sur le temps du mercredi qui deviendrait "extrascolaire", des
normes d'encadrement allégées appliquées aux ALSH (accueil de loisirs
sans hébergement).
Aujourd'hui, seules 37% des communes et intercommunalités à quatre jours
organisent un accueil le mercredi matin. Et cet accueil est très
majoritairement (80%) organisé sous forme d'ALSH, donc payant pour les
parents (pour obtenir les aides de la CAF), les autres l'organisant sous
forme d'accueil non déclaré à la CAF (garderie). Pour la collectivité,
le coût de la mise en place de cet accueil le mercredi matin est estimé
en moyenne à 148 euros par enfant (en fonctionnement), sachant qu'il
atteint plutôt 191 euros pour les plus grandes collectivités.
92% des communes à quatre jours facturent aux familles les accueils
périscolaires du soir
Les parents n'avaient sans doute pas venu venir une autre conséquence du
retour à quatre jours : ils doivent davantage mettre la main au
portefeuille, y compris hors mercredi. En effet, selon l'enquête de
l'AMF, 92% des communes à quatre jours facturent aux familles les
accueils périscolaires du soir, "contrairement aux anciennes NAP",
commente l'Association d'élus. Cet accueil est proposé par la majorité
des communes ("plus de 8 sur 10").
Selon le sondage de l'AMF, le premier motif avancé par les communes et
intercommunalités pour revenir à la semaine de quatre jours est la
demande des parents. 83% des communes seraient revenues à la semaine des
quatre jours sous la pression des parents. La pression des enseignants
est moindre (71%). La fatigue des enfants est également invoquée (72%).
La question du coût des anciennes activités périscolaires n'aurait
motivé que 53% des communes ! Et les difficultés relatives au partage
des locaux, au recrutement et la qualification des intervenants ont été
avancées par un tiers des communes.
Il n'empêche, les trois quarts des collectivités déclarent avoir fait
une économie financière. Mais 22% estiment que le coût est identique et
même 5% affirment que le coût est plus important.
Seules 17% des communes restées à 4,5 jours l'ont fait au motif de
respecter les rythmes chronobiologiques de l'enfant
Les communes qui sont restées à 4,5 jours "sont 79% à juger que la
concertation lancée sur la semaine de quatre jours a été trop tardive
pour se positionner dès la rentrée 2017". 17% ont été contraintes par
les horaires de transports scolaires et 13% n'ont pas voulu rompre des
contrats avec des associations ou diminuer brutalement l'activité des
animateurs. A noter que seules 17% des communes interrogées ont souhaité
rester à 4,5 jours parce qu'elles estimaient que le rythme était plus
adapté aux rythmes chronobiologiques de l'enfant. D'autres ont mis en
avant la qualité des activités qu'elles proposaient, satisfaisant les
parents (16%) ou les enfants (15%).
Et quoi qu'il en soit, la suppression éventuelle du fonds de soutien en
2018 ou 2019 conduirait 91% de ces communes à revenir aux quatre jours.
Pour les communes de plus de 30.000 habitants, ce serait 100%.
* L'enquête a été menée entre le 15 septembre et le 5 octobre 2017,
auprès des 21 700 communes disposant d’une école publique en 2017. Plus
de 6.500 communes ou intercommunalités ont répondu, soit un taux de
retour de 30 %.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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