[Infoligue] Programme Leader : des porteurs de projets au bord de la crise de nerf
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 5 Oct 08:39:53 CEST 2017
Programme Leader : des porteurs de projets au bord de la crise de nerf
Publié par : http://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/
Le : 04/10/2017
Par : Emilie Zapalski
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Alors que les crédits du programme de développement rural Leader ne sont
toujours pas parvenus sur le terrain, les porteurs de projets commencent
à trouver le temps long. Le risque de devoir restituer les crédits non
consommés à temps est bien réel, même si l'Etat, les régions et les
associations s'activent pour rattraper le retard...
Deux ans après la validation du programme de développement rural
français et presque quatre ans après le lancement de la programmation
2014-2020, les 340 pays et parcs naturels régionaux constitués en GAL
(groupes d’action locale) n’ont toujours pas vu la couleur des crédits
qui leur étaient destinés. Soit une enveloppe de 687 millions d’euros du
programme Leader, correspondant à 5% du Feader (fonds européen agricole
pour le développement rural). Alors que l’enveloppe aurait dû quasiment
doubler par rapport à la programmation précédente, la déception est
grande dans ces territoires de projets qui pouvaient ainsi escompter
entre 1 et 2 millions d’euros chacun. "C'est assez catastrophique, on
est bientôt au quatrième trimestre 2017 et le programme n'a pas
véritablement démarré. Il y a des retards, des blocages, sans compter le
fameux logiciel Osiris pour lequel l'Etat et les régions se renvoient la
faute", s’époumone l’animateur d'un GAL de Nouvelle-Aquitaine, qui
regrette aussi la complexité du système. "Le programme est devenu d'une
complexité kafkaïenne ce qui décourage les porteurs de projets qui ont
tendance à se démobiliser." Plus grave, la dynamique de territoire, qui
faisait l’originalité de Leader, pâtit de cette désorganisation. "Ce
n'est plus du tout un outil de développement local pour les territoires,
c'est devenu une grosse machine."
Depuis plusieurs mois, les régions (désormais gestionnaires du
programme), l’Association nationale des pôles d'équilibre territoriaux
et ruraux et des pays, ou encore la fédération des GAL Leader France,
alertent le gouvernement sur les difficultés de mise en œuvre : des
problèmes concernant l'outil de paiement des aides confié à l’Agence des
services de paiement (ASP), une insuffisance de moyens pour instruire
les dossiers, des questions autour du cofinancement de l'Etat (voir
ci-dessous nos précédents articles)… Aujourd’hui, elles alertent sur un
risque majeur : devoir restituer les fonds à Bruxelles s'ils ne sont pas
dépensés à temps. "Lors de la précédente programmation, 1,2 milliard
d'euros (de fonds européens) ont ainsi été restitués", rappelle ainsi
Michael Restier, directeur de l'Association nationale des pôles
territoriaux et des pays (ANPP). Ce que dans le jargon de Bruxelles, on
appelle les "dégagements d’office".
Turn-over, démissions…
Beaucoup de territoires de projets ont dû faire appel à des avances de
trésorerie ou aux banques pour faire face au retard. "Certaines régions,
comme la Nouvelle-Aquitaine ou l'Occitanie, ont mis en place un système
d'avances", explique en effet Michael Restier. Même si "cela reste
marginal", d'après Thibaut Guignard, président de Leader France. D’après
lui, des dizaines de projets ne verront pas le jour. Et on n’est pas
loin de la débandade. Démobilisation, turn-over, démissions, voire
dépressions… "Les porteurs de projets ne comprennent pas le
dysfonctionnement et ne travaillent pas dans de bonnes conditions",
estime le directeur de l'ANPP. Le président de la Fédération des GAL
constate lui aussi le départ de techniciens qui étaient sans aucune
visibilité de leur mission. "On a constaté ces derniers mois beaucoup de
mouvements au sein de l'ingénierie dédiée à Leader dans les GAL et on
peut penser que les nouveaux animateurs/gestionnaires auront besoin de
formations. Ce qui pourra retarder encore la mise en œuvre", prévient
Thibaut Guignard, sans pouvoir donner de chiffres. Le maire de
Ploeuc-L'Hermitage (Côtes-d’Armor), parvient cependant à garder
l’optimisme : "Les GAL sont des structures dynamiques et réactives ; ils
n'ont pas arrêté de travailler."
Sur le terrain, on a en effet le sens de la débrouille : concentrer les
avances de trésoreries pour les plus gros à projets GAL, taper à la
porte des collectivités pour les plus petits...
"C'est encore faisable"
Au niveau national, une démarche collective menée par Leader France en
partenariat avec Régions de France et l'AMF (Association des maires de
France) a permis d'obtenir des améliorations concrètes suite au comité
Etat Région de novembre 2016. Une rencontre a par ailleurs été organisée
entre l'ANPP et l'ASP en juillet 2017, durant laquelle l'agence a livré
un calendrier de déploiement des logiciels permettant la gestion, le
calcul et le paiement des aides. L'ASP devait aussi former les agents
des régions jusqu’au mois d’octobre. Les agents des structures porteuses
de projet devront ensuite être formés par les régions, avec un
accompagnement possible par l'ASP. L'ANPP reste toutefois "vigilante sur
le suivi et la mise en œuvre de ces mesures". "Nous n'engagerons les
projets qu'en 2018, avec quatre ans de retard (sur le début théorique de
la programmation en 2014, ndlr) et quelques loupés concernant des pays
européens qui se sont finalement tournés vers d'autres partenaires que
la France pour leurs projets de coopération, explique Michael Restier.
Nous n'avons encore rien perdu, il nous reste trois ans, c'est encore
faisable."
Pour Thibaut Guignard, les équipes sont en place depuis 2016 dans la
majorité des cas, les projets sont prêts et dès que les derniers
obstacles administratifs seront levés, les dynamiques vont se lancer
rapidement. "En fin de programme, les enveloppes seront sûrement
consommées et des milliers de projets auront été financés grâce à
Leader", insiste-t-il. Mais encore faut-il que les territoires disposent
bien des ressources nécessaires, notamment en ingénierie, pour mettre en
œuvre les projets de coopération. Dans 90% des cas, les GAL sont portés
par des pays. Alors, "quand on casse les pays comme en région
Auvergne-Rhône-Alpes, cela met à mal le programme Leader", dénonce
Michael Restier.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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