[Infoligue] Les colonies de vacances du rêve unitaire à la ségrégation sociale
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 10 Juil 08:34:29 CEST 2018
Les colonies de vacances du rêve unitaire à la ségrégation sociale
Publié par : http://www.cafepedagogique.net/
Le : 10/07/18
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" Service socio-éducatif qui s’ancre dans l’espace parapolitique de la
protection sociale, et non dans les structures plus durables de l’État
providence, la colonie d’aujourd’hui est victime des coupes budgétaires
juste au moment où elle doit faire face à des frais de fonctionnement
qui ne cessent d’augmenter. Si son ancrage dans la sphère associative
assure à la colonie l’énergie et le zèle des jeunes militants de
l’éducation populaire, il est aussi un facteur de faiblesse économique
qui rend l’institution extrêmement fragile. Quand 3 millions de jeunes
ne peuvent pas partir en vacances, n’est-il pas urgent de trouver un
moyen de renouer avec la mission fondatrice des colos ?" En marge des
débats sur le service national universel, le site Jean Jaurès publie une
intéressante analyse historique des colonies de vacances depuis la
naissance du mouvement à aujourd'hui signée par Laura Lee Downs.
" Que reste-t-il aujourd’hui de cette mission de mixité sociale à une
époque où la République est passée de la « fracture sociale » des années
1990 à la franche « sécession des riches » qui s’affirme aujourd’hui
dans plusieurs domaines de la vie sociale ? Pour répondre à cette
question, il faut revenir brièvement sur l’histoire des colonies",
explique t-elle. Elle rappelle le role des mouvements d'éducation
populaire, porteuses d'une vision de la société mise en application dans
les colonie sde vacances.
" Après quarante ans de basculement progressif dans une logique de
marché, nous sommes aujourd’hui devant une institution qui s’appelle «
colo » mais n’a plus rien à voir avec la colo des années 1950-1980",
souligne t-elle. "Cette dernière plaçait au cœur de son projet la mixité
sociale, des sexes et des groupes d’âge à travers des activités «
généralistes », comme la randonnée, qui rassemblaient la petite
communauté tout en lui laissant beaucoup de temps libre. Son
organisation favorisait donc la rencontre : entre enfants, adolescents
et adultes ; entre urbains et ruraux ; entre filles et garçons ; entre
croyants et laïcs ; entre habitants des banlieues et ceux des
centre-villes. La colonie de vacances actuelle, en revanche, sépare les
publics, en raison d’une organisation centrée sur la consommation
d’activités, ce qui segmente les jeunes selon leurs préférences (poney,
VTT, séjour linguistique). En outre, les politiques publiques renforcent
la séparation des publics dans la mesure où elles ciblent les
populations selon des critères sociaux et culturels. Pensons à ces
municipalités de banlieue qui créent des séjours ou activités rap,
hip-hop ou graff à des fins de prévention de la délinquance. De fait,
ces séjours visent une population très ciblée – les jeunes garçons des
cités – et excluent les autres, notamment les filles".
Pour elle, la colonie "ne remplit plus sa mission initiale qui est de
procurer des vacances aux enfants « les plus malingres et les plus
pauvres », c’est-à-dire aux enfants de ceux qu’on appellerait
aujourd’hui les « working poor ». Or, c’est précisément cette population
qui en France est écartée dans l’organisation actuelle des vacances
dites populaires, puisque les enfants des classes moyennes supérieures
ou aisées comme ceux sous la tutelle de la DASS[34] ont toujours accès
aux colonies. Les familles qui se trouvent entre ces deux pôles, en
revanche, ne peuvent plus envoyer leurs enfants dans des colonies de
plus en plus chères".
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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