[Infoligue] Financement participatif : les plates-formes de dons ne font plus recette
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 24 Jan 10:54:23 CET 2019
Financement participatif : les plates-formes de dons ne font plus recette
Les fonds collectés par le biais du « crowdfunding » ont progressé de 20
% en 2018, mais ils reculent sur les projets financés par des dons.
Publié par : LE MONDE
Par Véronique Chocron
Le : 24/01/19
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C’est un des piliers du « financement par la foule » (crowdfunding) qui
vacille. Les fonds collectés par les plates-formes de dons ont reculé
l’an dernier, selon le baromètre 2018 réalisé par KPMG pour
l’association Financement participatif France (FPF), et publié jeudi 24
janvier. La baisse est certes faible (- 2 %, pour un total de 81,5
millions d’euros collectés) mais la dynamique s’est bel et bien enrayée.
L’idée s’annonçait pourtant prometteuse. A l’heure des réseaux sociaux
et de l’économie collaborative, permettre à des particuliers de faire
des dons, le plus souvent avec une récompense à la clé (un disque
préacheté, par exemple), avait d’abord suscité une vague d’enthousiasme.
Les plates-formes de dons ont d’ailleurs constitué le socle du
financement participatif en France, avant qu’il ne s’étende aux prêts
aux entreprises et à l’investissement en capital.
Désormais, les Français utilisent d’autres canaux pour soutenir des
projets, et notamment des cagnottes ouvertes au public, qui échappent
aux contraintes d’origine des sites de crowdfunding. Plus simples à
utiliser puisque l’initiateur n’a pas à mettre en scène son projet,
elles n’obéissent ni à la logique de contrepartie (offrir une place pour
un concert privé, une chanson dédicacée…) ni à celle du « tout ou rien »
(si l’objectif de collecte n’est pas atteint, le projet est abandonné).
Financement en direct
L’une des principales plates-formes de collecte de dons,
KissKissBankBank, qui s’est lancée en 2009, est touchée de plein fouet
par cette tendance. Le site, qui a enregistré dans le passé des taux de
croissance exponentiels de son activité, est aujourd’hui dans le creux
de la vague. Sa collecte devrait avoir reculé de 2 % à 3 % en 2018. « Le
secteur de la culture, le premier à s’emparer du crowdfunding, l’utilise
moins qu’avant, or il représente la moitié de nos projets, constate
Vincent Ricordeau, PDG de KissKissBankBank. Les musiciens, les
YouTubeurs, ont trouvé d’autres sources de financement en direct avec
leur communauté : ils peuvent maintenant récolter de l’argent
directement sur YouTube, sur Facebook et sur des sites de streaming. »
Son concurrent Ulule s’en sort mieux, avec une collecte en croissance
l’an dernier. « À l’intérieur de la famille du don, certains secteurs
marchent mieux que d’autres, c’est la raison pour laquelle nous
proposons depuis un mois des préventes de jeux, d’articles de mode, de
design, de life style… que des semi-pro utilisent pour tester leurs
produits sur le marché. Et nous nous lançons dans le don simple, qui
fonctionne comme une cagnotte », explique M. Ricordeau.
« Il y a de plus en plus de porosité entre les cagnottes et les
plates-formes de dons, ça n’a plus de sens de les séparer, dans les deux
cas il s’agit de collecte d’argent basée sur le lien social », abonde le
directeur général d’Ulule, Arnaud Burgot.
Un secteur transformé
Au-delà du don, c’est en réalité l’ensemble du secteur du crowdfunding
qui s’est transformé l’an dernier. La très forte croissance des fonds
collectés, enregistrée au début des années 2010, et gonflée en 2014 par
la mise en place d’un cadre réglementaire pour ces nouvelles start-up,
appartient déjà au passé. Selon KPMG, le financement participatif en
France pesait l’an dernier 402 millions d’euros (+ 20 % par rapport à
2017). « 20 % de croissance annuelle sur un marché assez jeune, c’est
peu », reconnaît Geoffroy Guigou, directeur général de Younited Credit,
plate-forme de finance alternative spécialisée dans le crédit à la
consommation « par la foule », qui a enregistré pour sa part un taux de
croissance de plus de 60 % dans l’Hexagone.
Les fonds collectés sous forme d’investissement en capital ont continué
de baisser en 2018 (-19 %), les Français goûtant de moins en moins ces
projets risqués d’investissement dans des start-up. Les plates-formes
spécialisées dans le prêt aux entreprises ont donc tiré à elles seules
la croissance de cette finance désintermédiée, avec des fonds collectés
en hausse de 40 % l’an dernier.
Si le financement de la promotion immobilière et de la production
d’énergies renouvelables par le biais d’obligations très bien rémunérées
(au taux de 5 % à 10 % pour les particuliers prêteurs) connaît un
véritable succès, l’activité plus classique de prêts aux entreprises,
faiblement rémunérés en raison de la concurrence des banques, a piqué du
nez en 2018. La mise en liquidation judiciaire à l’automne dernier du
numéro trois du secteur, Unilend, a pesé dans les statistiques. Et
pourtant, en cinq ans, la plate-forme n’aura prêté que 33 millions
d’euros. Avec une collecte modeste et des taux de croissance qui sont
déjà ceux d’un secteur déjà mature, le financement participatif reste
vulnérable.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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