[Laicite-info] Lutte contre les sectes : comment faire respecter l'obligation scolaire ?
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 8 Avr 09:19:39 CEST 2010
Lutte contre les sectes : comment faire respecter l'obligation scolaire ?
Publié par : http://www.localtis.info
Le : 07 avril 2010
Auteur : Hélène Lemesle
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La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les
dérives sectaires (Miviludes) a pour mission non seulement d'informer le
grand public sur les sectes, mais également de coordonner l'action des
pouvoirs publics et de contribuer à l'information et à la formation des
agents publics. C'est dans ce cadre qu'elle a publié en 2008 un guide
intitulé "Les collectivités territoriales face aux dérives sectaires"
(voir ci-contre). Si les néo-chamans et les nutritionnistes fantaisistes
sont dénoncés dans son rapport 2009 publié le mercredi 7 avril, un thème
abordé cette année concerne directement les collectivités : il s'agit de
la protection des mineurs face aux dérives sectaires. Deux niveaux de
collectivités sont en première ligne : les communes et les départements.
Protection de l'enfance : un guide pour la fin de l'année
Côté conseils généraux, la Miviludes pointe l'amélioration qu'a
constitué l'adoption de la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de
l'enfance : elle estime que la législation en vigueur "permet en
principe de circonscrire avec efficacité le phénomène sectaire lorsqu'il
met les mineurs en danger".
Dans la pratique, l'application de ce texte "peut se révéler néanmoins
délicate s'agissant d'un phénomène difficile à repérer et à analyser,
aussi bien au niveau de la prévention que de l'enquête pouvant aboutir à
des poursuites pénales. En effet, la situation d'un mineur en danger
sectaire ne peut être appréhendée comme toute autre situation de risque
ou de maltraitance avérée". Une seule solution : la formation de
l'ensemble des intervenants. C'est dans cette optique que sera publié au
troisième trimestre 2010 un "Guide pratique de la protection de
l'enfance face aux dérives sectaires." Il fournira des repères
législatifs, des outils pratiques et des études de cas concrets pour
faciliter le travail de repérage, la prévention et le traitement de ces
situations.
Niveau communal : contrôler les enfants instruits à domicile, "sans
suspecter par principe"
Le rapport souligne également le rôle des maires dans le contrôle de
l'obligation scolaire : outre l'établissement de la liste des enfants
soumis à l'obligation scolaire, le maire doit suivre les enfants
instruits à domicile. Pour chacun de ces enfants, la mairie doit
réaliser une enquête dès la première année de non-scolarisation puis
tous les deux ans. Celle-ci a pour but d'établir les raisons de cette
instruction à domicile et de vérifier s'il est donné aux enfants une
instruction compatible avec leur état de santé et les conditions de vie
de la famille. Le résultat de cette enquête doit être communiqué à
l'inspecteur d'académie.
13.547 enfants de 6 à 16 ans étaient instruits à domicile en 2007-2008
selon une enquête du ministère de l'Education nationale dont la synthèse
est reproduite dans le rapport. La grande majorité de ces enfants
(10.272) étaient inscrits au Cned (Centre national d'enseignement à
distance) en classe à inscription réglementée (inscription après avis
favorable de l'inspecteur d'académie). 1.392 étaient inscrits dans un
organisme privé d'enseignement à distance ou au Cned en classe à
inscription libre et 1.883 étaient instruits à domicile sans inscription
déclarée dans un organisme d'enseignement à distance.
Pour le directeur de cabinet du ministre de l'Education nationale, "s'il
doit être rappelé que la solution retenue pour ces enfants par leurs
familles correspond en elle-même à l'exercice d'une liberté et ne doit
pas être suspectée par principe, et s'il convient donc d'écarter tout
amalgame entre instruction à domicile et risque de dérives sectaires, il
faut cependant être conscient que la volonté de ne pas scolariser un
enfant dans des structures publiques ou privées sous contrat peut, en de
rares cas, ne pas résulter de considérations liées au bien-être et à
l'épanouissement de l'enfant et s'avérer un terrain propice à la
manifestation de risques de dérives sectaires" (lettre du 21 janvier
2010, rapport p.250).
En cas de problème, le conseil municipal peut créer, par délibération,
un "Conseil des droits et des devoirs des familles" qui peut entendre la
famille, l'informer de ses droits et de ses devoirs envers l'enfant,
proposer des mesures d'aide à l'exercice de la fonction parentale (art.
L141-1 du Code de l'action sociale et des familles). Si la situation est
de nature à "compromettre l'éducation des enfants et la stabilité
familiale", ce conseil peut proposer au maire de saisir le président du
conseil général.
Le rapport propose enfin une étude de la jurisprudence actuelle sur ces
questions ainsi qu'une liste complète des contacts utiles.
Le rapport 2009 de la Miviludes
>>> http://www.miviludes.gouv.fr/-Rapport-2009-?iddiv=5
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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