[Laicite-info] La Halde veut clarifier les règles sur les signes religieux dans les établissements et services
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 31 Mar 10:33:25 CEST 2011
La Halde veut clarifier les règles sur les signes religieux dans les
établissements et services
Publié par : http://www.localtis.info/
Le : mardi 29 mars 2011
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Le collège de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et
pour l'égalité (Halde) a adopté, le 28 mars, une délibération et des
recommandations sur le fait religieux au travail. Ces recommandations,
qui seront transmises au gouvernement, portent sur l'ensemble du champ
du travail, dans le secteur privé comme dans le public. Une bonne part
des observations de la Halde porte toutefois sur le secteur public et,
plus précisément, sur les établissements sanitaires, sociaux et
médicosociaux.
Dans les entreprises - et en s'appuyant sur les 80 délibérations déjà
adoptées en matière de discrimination religieuse -, la Halde fait le
constat "d'une gestion pour l'essentiel pragmatique et sereine, qui ne
saurait masquer des interrogations et des crispations croissantes". Les
employeurs privés ont généralement à coeur de ne pas interférer avec la
pratique religieuse, mais simplement de s'interroger "sur la
conciliation entre les demandes formulées par un salarié et la bonne
marche de l'entreprise". La Halde reconnaît cependant que le respect des
droits individuels doit être concilié avec celui des droits collectifs.
De même, la prise en compte des demandes ayant trait au fait religieux
"ne doit pas conduire à créer des divisions au sein de la communauté des
salariés". Du côté des employeurs, le souhait exprimé porte
essentiellement sur la sécurisation et la clarification du cadre
juridique de la prise en compte du fait religieux.
Un sujet particulièrement sensible
Mais, comme le reconnaît la Halde, les consultations menées pour
préparer la délibération "font apparaître une spécificité du secteur
social, médicosocial et de la petite enfance, ainsi que du secteur privé
hospitalier eu égard, d'une part, aux missions d'intérêt général dont
ils ont la charge, du public concerné (enfants, personnes âgées) ou
encore des conditions d'exercice de leurs missions (interventions à
domicile ou dans des établissements qui constituent le domicile des
usagers, relevant souvent de l'intimité de la personne)". Tout en
rappelant que le principe constitutionnel de laïcité ne s'oppose pas à
celui de la liberté religieuse et en soulignant que des réponses
existent au sein du dispositif juridique actuel, la Halde admet que
"certains aspects méritent d'être clarifiés". Ces clarifications
juridiques devraient porter notamment sur la manifestation visible de la
religion (vêtements, signes...) pour les salariés en contact avec les
usagers. Il s'agit là d'un sujet particulièrement sensible dans les
établissements de santé et dans les établissements d'accueil de la
petite enfance (voir la récente affaire de la crèche Baby Loup dans les
Yvelines). Ainsi que l'indique la délibération, "dans les secteurs du
social, médicosocial et de la petite enfance, la haute autorité
s'interroge sur le point de savoir dans quelle mesure l'employeur,
lorsqu'il est investi d'une mission d'intérêt général ou d'une mission
de service public, peut être fondé à restreindre l'expression religieuse
de ses employés". Nombre de structures attendent effectivement la
réponse... Les motifs tenant à la sécurité, la santé ou l'hygiène posent
en revanche moins de problèmes, dans la mesure où les incompatibilités
sont matériellement vérifiables.
Etendre aux structures sociales privées les obligations du public
En attendant, le collège de la Halde recommande au gouvernement de
confier au Défenseur des droits, qui va absorber la haute autorité,
"l'organisation d'un dialogue permanent avec l'ensemble des acteurs de
l'emploi public et privé en y associant les partenaires sociaux, pour
accompagner les employeurs dans la gestion de leurs ressources humaines
et mutualiser les bonnes pratiques". Ce dialogue pourrait, dans un
premier temps, porter sur deux points principaux. D'une part, il devrait
contribuer à mutualiser les bonnes pratiques et à fournir des "points de
repère" sur la portée de la liberté religieuse dans le monde du travail.
D'autre part, il conviendrait "d'examiner l'opportunité d'étendre les
obligations de neutralité qui s'imposent dans les structures publiques,
aux structures privées des secteurs social, médico-social, ou de la
petite enfance chargées d'une mission de service public ou d'intérêt
général". Enfin, la Halde recommande de clarifier la portée de la
circulaire du ministère de la santé du 2 février 2005, relative aux
conditions d'obligation du principe de neutralité pour les
établissements de santé privés d'intérêt collectif, chargés de missions
de service public.
Jean-Noël Escudié / PCA
Références : Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour
l'égalité, délibération 2011-67 du 28 mars 2011 sur le fait religieux.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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