[Laicite-info] La concertation sur l'école trouvera-t-elle le bon rythme ?
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 16 Aou 10:45:19 CEST 2012
La concertation sur l'école trouvera-t-elle le bon rythme ?
Publié par : http://www.localtis.info
Le : vendredi 3 août 2012
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Parmi les nombreuses concertations engagées ou annoncées par le
gouvernement, celle pilotée par le ministre de l'Education nationale a
été la première à voir le jour : "Refondons l'école", lancée de concert
le 5 juillet par Vincent Peillon et Jean-Marc Ayrault, dont les quatre
groupes de travail et les 21 ateliers se sont effectivement tout de
suite mis à l'ouvrage à raison d'une à deux réunions hebdomadaires.
Parallèlement, des "initiatives décentralisées" doivent être organisées
sous forme "de forums et de débats ouverts, co-organisés avec des
partenaires", dont les collectivités. A partir de l'ensemble de ces
travaux, un rapport est attendu début octobre, rapport qui servira
ensuite de base à un projet de loi d'orientation et de programmation
pour l'automne. Le ministère a eu l'occasion de préciser que "d'autres
engagements, ne relevant pas du domaine législatif" viendront sans doute
compléter la "colonne vertébrale" que doit représenter cette future loi.
Les associations d'élus locaux ont bien été invitées à prendre part aux
travaux. De même, l'Association nationale des directeurs de l'éducation
des villes (Andev) indique avoir "dépêché un certain nombre de membres"
pour représenter les cadres des services éducation des collectivités
territoriales (et se fait d'ailleurs l'écho, sur son site internet, du
déroulement des travaux).
Sur les quatre groupes de travail, le groupe 3, sous l'intitulé "Un
système éducatif juste et efficace", est a priori celui qui concerne le
plus les collectivités, puisqu'il y est question de carte scolaire, de
"gouvernance" et de numérique. Mais on s'aperçoit qu'en réalité, tous
les groupes impliquent les collectivités d'une façon ou d'une autre.
Ainsi, le groupe 1, consacré à "La réussite scolaire pour tous", bien
que centré sur l'acquisition des connaissances et compétences (que ce
soit en primaire, au collège ou au lycée), est forcément amené à
s'interroger aussi sur des questions liées à l'articulation entre le
scolaire et le "hors scolaire", aux mises en réseaux des établissements
et aux enjeux géographiques ("faut-il développer une formation qui
conforte les lycéens et étudiants à rester sur leur territoire ou
favoriser la mobilité ce qui suppose une politique d'hébergement, de
transports ?", rapporte par exemple l'Andev). Quant au groupe 2, baptisé
"Les élèves au cœur de la refondation", c'est lui qui est
prioritairement invité à se pencher sur le fameux dossier des rythmes
scolaires.
Rythmes scolaire : "globalité et "continuité", deux principes plébiscités
Sur cette question des rythmes, on a un peu l'impression que tout a déjà
été dit… (voir ci-contre notre dossier dédié). Mais au-delà de certaines
déclarations ministérielles jugées précipitées (notamment sur
l'allongement des vacances de la Toussaint 2012) et de quelques grands
principes (allongement de l'année scolaire, semaine de 4 jours et demi,
raccourcissement de la journée), difficile de dire si une recette
innovante - et néanmoins consensuelle... - pourra émerger de la
concertation.
Certes, tous les acteurs semblent être d'accord sur un point, en tout
cas en théorie : "Il ne s'agit pas d'une simple question d'horaires
scolaires ou d'emploi du temps, mais bien de concevoir, en s'appuyant
sur cet aménagement, un projet éducatif global, avec l'ensemble des
partenaires locaux", tel que l'avait d'emblée souligné le ministère.
Vincent Peillon lui-même dit préférer parler de "rythmes de l'enfant"
plus que de rythmes scolaires. Autrement dit, le temps périscolaire, sur
lequel les collectivités sont en première ligne, ne peut être négligé.
Et les représentants des collectivités veillent à ce qu'on ne l'oublie
pas. "Il est indispensable que l'organisation des rythmes de vie de
l'enfant soit réfléchie dans sa globalité et non pas de façon partielle,
permettant un réel rééquilibrage des temps et une véritable cohérence
dans les actions menées, en faveur d'une continuité éducative",
insistait par exemple l'Andev en juin dernier (lire notre article du 14
juin). Attention, prévenait de même l'Association des maires de France
(AMF) à la mi-juillet, à bien intégrer "les problématiques de transport
scolaire, restauration, activités sportives et culturelles des enfants"
et à tenir compte de "l'organisation et [du] financement des activités
périscolaires des élèves", en n'oubliant pas qu'il "n'existe pas partout
des associations sportives et culturelles et des animateurs qualifiés"
(lire notre article du 13 juillet).
Un cadre fixé par l'Etat
"Le débat, tel qu'il est engagé, montre bien à la fois une bonne volonté
de l'ensemble des partenaires, mais en même temps un risque de se
focaliser chacun sur le temps dont il est responsable" : "les
enseignants sur le temps scolaire actuel", "les collectivités sur le
temps périscolaire, en recherchant les moyens de faire face à
l'augmentation du temps généré par la nouvelle organisation pour offrir
aux familles la même amplitude d'accueil au quotidien les lundi, mardi,
jeudi et vendredi voire pour offrir une amplitude augmentée pour
répondre aux besoins des familles", "les familles qui vont se concentrer
sur leur propre organisation arbitrant entre travail, mode de garde, et
gestion du temps libre dans un contexte social difficile". Ces propos,
extraits d'une contribution de Bernard Meyrand, directeur de la mission
projet éducatif local (PEL) à la direction de l'éducation de la ville de
Lyon, résument bien les choses. Cet acteur de terrain propose
l'élaboration d'un "cadre commun d'analyse qui pourrait s'appeler
'charte de la continuité éducative'" qui permettrait notamment,
explique-t-il, de développer "une réponse globale de la communauté
éducative, depuis l'école aux centres de loisirs en passant par les
activités artistiques, culturelles et sportives". Une perspective,
précise-t-il, qui s'appuierait sur les Projets éducatifs locaux déjà
engagés sur les territoires.
De son côté, Vincent Peillon, lors d'une audition en juillet à
l'Assemblée (lire notre article du 12 juillet), a assuré être prêt à
"aller très loin" en termes d'adaptation aux spécificités locales et aux
préoccupations des collectivités. Avec toutefois, a-t-il prévenu, un
"verrou" : "Nous savons qu'un RPI [regroupement pédagogique
intercommunal] de Haute-Saône ou une école de Gennevilliers n'a pas les
mêmes moyens pour organiser le périscolaire qu'un établissement du
centre de Lyon, de Toulouse ou de Paris. C'est la responsabilité d'une
politique de l'Etat de créer le cadre, qui n'existe pas aujourd'hui, qui
pourra être d'ordre législatif (…), permettant de nous assurer que tous
les enfants, quel que soit leur territoire, aient les mêmes droits et la
même possibilité de rendre ces droits effectifs." L'AMF tient
semble-t-il un discours comparable : il revient selon elle à l'Etat de
"fixer un cadre national assorti de marges de manœuvre locales", les
décisions devant ensuite être prises "à l'échelle de la commune ou du
RPI, et non de l'établissement". Mais comme toujours, après le "qui
décide quoi" viendra vite la question du "qui paye quoi"…
Claire Mallet
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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