[Laicite-info] « Faire vivre la laïcité », sous la direction d’A. Seksig
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 3 Juin 10:03:53 CEST 2014
« Faire vivre la laïcité », sous la direction d’A. Seksig
Publié par : http://www.gaucherepublicaine.org
Le : Samedi 31 mai 2014
Par : Pierre Hayat
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Vient de paraître Faire vivre la laïcité, ouvrage collectif, utile et
singulier1. Il rend enfin public deux des derniers travaux de la
mission Laïcité du Haut conseil à l’intégration (HCI) liquidée par le
cabinet de Jean-Marc Ayrault2
La laïcité dans l’enseignement supérieur et dans la société
Le livre contient l’Avis du 28 mars 2013, Expression religieuse et
laïcité dans les établissements publics d’enseignement supérieur en
France. Ce rapport fait le point avec précision sur les problèmes
rencontrés à l’université et dans les écoles supérieures en matière
d’expression religieuse et de laïcité : professeurs empêchés de faire
cours au nom de convictions religieuses, récusations d’un examinateur en
raison de son sexe, financements et allocations d’un local à des
organisations manifestement communautaristes… Tout en cherchant à
préserver la tradition libérale de l’Université, le rapport prend acte
que la réalité universitaire d’aujourd’hui n’est plus celle du XIXe
siècle et qu’il convient de garantir par la neutralité laïque la liberté
et la sérénité indispensables à l’enseignement et à la recherche.
Le second grand texte du volume rassemble les Actes des Conférences
organisées en 2012 et 2013 par le HCI. L’ensemble foisonne d’analyses
instruites et de discussions concrètes sur l’école mais aussi sur des
secteurs de la vie sociale trop longtemps contournés quand on traite de
laïcité, comme l’Hôpital, le travail social, la petite enfance et
l’entreprise privée.
Un Manifeste pour réfléchir à des solutions
Ces deux textes sont précédés d’un avant-propos d’Élisabeth Badinter et
d’un Manifeste pour faire vivre la laïcité signé des 24 bénévoles qui
ont œuvré à la mission Laïcité du HCI. Ce texte militant ne cache rien
des difficultés présentes. Il rappelle que des mouvances religieuses
font pression sur la société pour mettre fin à la suprématie du droit
civil sur les interprètes des commandements religieux. Il montre
également que la laïcité est aujourd’hui prise en tenaille entre la
xénophobie identitaire et le communautarisme inclusif qui aggravent
chacun à leur façon la fragmentation sociale.
Contre le déni de réalité
Une réunion de présentation de cet ouvrage collectif s’est tenue mardi
27 mai dans l’Amphithéâtre Abbé Grégoire du Conservatoire national des
Arts et Métiers (Paris). Autour d’Alain Seksig, cinq des contributeurs
du livre ont présenté succinctement leur champ d’intervention. Natalia
Baleato, directrice de la crèche Baby-Loup, a expliqué avec sobriété la
pugnacité nécessaire pour résister à l’intimidation intégriste. Le Pr
Sadek Beloucif (hôpital Avicenne) a rendu compte du travail déjà
accompli pour surmonter à l’aide de la laïcité les difficultés qui
apparaissent au quotidien dans des établissements publics où doit aussi
être respectée l’autonomie du patient. La sociologue Yolène
Dilas-Rocherieux a pointé l’antagonisme des requêtes communautaristes
et de l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 et
insisté sur la puissance normative de la laïcité comme code de vie
collective. Et Philippe Fanartzis (Paprec) a évoqué le besoin pour de
nombreuses entreprises privées de se doter d’une « charte de la laïcité
et de la diversité », afin d’anticiper avant que des difficultés ne
surviennent.
Élisabeth Badinter a clos les interventions de la tribune sur le déni de
la réalité de l’intégrisme religieux. Elle a montré que ce déni opérait
comme une censure efficace contraignant à taire un attachement très
majoritaire à l’universalité laïque.
Un échange s’est ensuite engagé avec l’auditoire, qui remplissait
l’Amphithéâtre, sur la querelle des accompagnateurs de sorties
scolaires, l’interprétation des statistiques des conflits surgissant au
quotidien, le besoin d’un « intellectuel collectif » de la laïcité et
sur l’apparition à l’école publique de nouvelles tenues religieuses3.
Après le 25 mai 2014
Cette réunion s’est tenue deux jours après le désastre électoral du 25
mai 2014. Elle a confirmé que les politiciens et divers idéologues de «
gauche » qui ont abandonné au FN la classe ouvrière et les secteurs les
plus précarisés du peuple, ont également déserté la laïcité
républicaine, toujours au bénéfice du FN.
Le combat à mener contre le déni du péril intégriste, contre les
intimidations, les confusions et les détournements, n’est cependant pas
perdu. Car il s’agit maintenant d’offrir à l’immense majorité des
Français, sans religion et de toutes religions, attachés à
l’intégration républicaine, les moyens de se revendiquer de la laïcité,
de la faire évoluer en fonction des besoins présents et d’apercevoir ce
que nous perdrions si elle venait à disparaître.
Ainsi, cette réunion appelée par « l’ex-mission Laïcité du HCI » a
montré que des forces étaient partout disponibles pour assumer et
propager ce bien structurant d’un peuple libre et fraternel qu’est la
laïcité. Chacun, malgré les difficultés socio-économiques et à cause
d’elles, peut devenir co-auteur responsable de la laïcité républicaine
et contribuer ainsi « faire vivre la laïcité ». Voilà pourquoi l’article
15 de la Charte de la laïcité à l’école prévoit que « par leurs
réflexions et leurs activités, les élèves contribuent à faire vivre la
laïcité au sein de leur établissement ».
Faire vivre la laïcité, sous la direction d’Alain Seksig,
Avant-propos d’Élisabeth Badinter, Le Publieur, mai 2014, 310 p., 22 €.
Le Comité de réflexion et de propositions sur la laïcité auprès du
HCI a été installé en 2010 par le président du HCI suite à la décision
du Président de la République de confier au HCI une mission de suivi des
questions liées à l’application du principe de laïcité. Les services du
Premier ministre ont mis fin à l’automne 2013 à cette mission, peu
après une campagne de presse mensongère contre son rapport sur
l’enseignement supérieur qui avait mystérieusement « fuité », et peu
avant l’interdiction par le cabinet du Premier ministre de la
publication de ce rapport par la Documentation française. Et, pour que
la signification politique de cet « avis de décès » de la mission
Laïcité du HCI n’échappe à personne, on trouva en décembre 2013 sur le
site du Premier ministre un « rapport sur la refondation de la politique
d’intégration » d’inspiration communautariste, visant à substituer une
politique dite d’ « inclusion » à une politique républicaine
d’intégration. La mise en ligne sur le site du Premier ministre de ce
rapport signa sans gloire le second « avis de décès » de la mission
Laïcité du HCI.
Sur cette questions des « abayas », l’auditoire a été renvoyé la
contribution de Sophie Mazet :
http://www.hommes-et-migrations.fr/index.php?id=6581.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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