[Laicite-info] Contre la censure, aux actes !
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 25 Mar 16:37:20 CET 2014
Contre la censure, aux actes !
Par l'Observatoire de la liberté de création
Publié par :
http://www.liberation.fr/culture/2014/03/23/contre-la-censure-aux-actes_989316?xtor=rss-450
Le : 23 mars 2014
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/NB : La Ligue de l'enseignement est membre de l'Observatoire de la
liberté de création et signataire de cette tribune./
En février 2014, le film «Tomboy», de Céline Sciamma, a été attaqué par
Civitas qui demande son retrait du dispositif d'éducation artistique
«école et cinéma», et a cherché à s'opposer à sa diffusion sur Arte.En
février 2014, le film «Tomboy», de Céline Sciamma, a été attaqué par
Civitas qui demande son retrait du dispositif d'éducation artistique
«école et cinéma», et a cherché à s'opposer à sa diffusion sur Arte.
(Photo DR)
REBONDS
Il y a eu, en 2000, «Présumés innocents», exposition au CAPC de
Bordeaux, dont les commissaires ont été poursuivies au pénal par
l'association la Mouette. La procédure a fini par un non-lieu. En 2010,
le Baiser de la Lune, film d'animation de Sébastien Watel, montrait un
poisson lune qui aimait un poisson chat. Le ministre de l'Education
nationale, Luc Chatel, a interdit sa diffusion à l'école, sur demande de
Christine Boutin.
En avril 2011, Immersion (Piss Christ) et Soeur Jeanne Myriam, d'Andres
Serrano, furent vandalisées à la Collection Lambert d'Avignon à la suite
d'une manifestation conduite par Civitas. Certains évêques s'étaient
joints aux intégristes dans la dénonciation d'un prétendu blasphème.
Quelques mois plus tard, des représentations de la pièce Sur le concept
du visage du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, furent empêchées par
des catholiques intégristes. Il a fallu que la police protège les
théâtres, comme ce fut le cas ensuite pour la pièce Golgota Picnic, de
Rodrigo García. Le porte-parole de la Conférence des évêques dénonçait
ces deux spectacles sans les avoir vus.
Le 21 novembre 2013, le Fonds régional d'art contemporain de Lorraine a
été condamné pour la présentation des oeuvres d'Eric Pougeau dans
l'exposition «Infamilles» à la demande de l'Agrif, une association «pour
le respect de l'identité française et chrétienne», sur le fondement de
l'article 227-24 du code pénal, dont l'Observatoire de la liberté de
création demande la modification depuis 2003 (1).
En février 2014, le film Tomboy, de Céline Sciamma, a été attaqué par
Civitas qui demande son retrait du dispositif d'éducation artistique
«école et cinéma», et a cherché à s'opposer à sa diffusion sur Arte. Une
candidate du FN à La Roche-sur-Yon dénonce Tragédie, spectacle
chorégraphique d'Olivier Dubois, jugé «décadent» pour cause de nudité.
Tous à poil ! livre de Claire Franek et Marc Daniau, est vilipendé au
même moment par Jean-François Copé au nom du «respect de l'autorité».
Les 28 janvier et 5 février 2014, sont remis en cause les visas
d'exploitation du film NymphomaniacVolume I et Volume II de Lars von
Trier, par deux décisions du juge des référés du tribunal administratif
de Paris, qui, seul, donne raison à une association (Promouvoir) dont le
but est clairement confessionnel et qui développe une stratégie
d'actions contentieuses, administratives et pénales, contre les films et
les livres, depuis vingt ans. Les visas annulés ont été délivrés par la
ministre de la Culture après avis collégial de la commission de
classification des films. Le film est désormais interdit aux moins de 16
ans (Vol. I), et 18 ans (Vol. II), avec des conséquences lourdes sur sa
diffusion, dont la portée est loin de ne concerner que les mineurs
prétendument protégés par de telles mesures. Le 20 février, le même juge
des référés déboute l'association Promouvoir qui prétendait faire casser
le visa du film la Vie d'Adèle, d'Abdellatif Kechiche (interdit au moins
de 12 ans). Uniquement parce que l'association s'y est prise trop tard,
ce qui laisse présager de la suite. Il y a encore l'artiste Steven
Cohen, arrêté en septembre 2013 au Trocadéro en pleine performance, pour
cause «d'exhibition sexuelle», car il était partiellement nu, par les
policiers du commissariat de la Faisanderie, proche du bois de Boulogne.
Il sera jugé par le tribunal correctionnel de Paris, aujourd'hui, lundi
24 mars, à la demande du parquet.
Il y a les pressions exercées par des mouvements extrémistes, sur les
bibliothèques pour censurer tel ou tel ouvrage, jugé par eux immoral ou
scandaleux. Il y a les mêmes anathèmes, lancés sur les manuels et les
bibliothèques scolaires, les enseignants et les éducateurs, au nom d'un
ordre moral qui ne s'autorise que de lui-même ou d'une rumeur autour
d'une «théorie du genre», prétendument enseignée à l'école. Cette fois,
sont rassemblés les fondamentalistes de toutes les religions.
Ce n'est évidemment pas fini. Ces faits devenus réguliers ont plusieurs
caractéristiques communes alarmantes. Quelques groupes, actifs et
organisés, s'érigent en arbitres et en gardiens des bonnes moeurs et de
la religion. Ils s'attaquent à l'art et tentent d'empêcher la diffusion
des oeuvres qui leur déplaisent par tous moyens. Tous les lieux publics
de culture et de connaissance sont devenus leur cible.
Or, nous vivons dans une république démocratique et laïque. Il est temps
de rappeler que la culture et l'éducation fondent notre pacte
républicain, autour des valeurs de diversité, de tolérance et de
dialogue. Si le débat sur les oeuvres est légitime et sain, aucune
censure ne peut être dictée par des minorités agissant au nom de
principes communautaristes, ou d'arguments idéologiques, religieux ou
moraux.
Est en cause, ici, le jugement que chacun peut faire librement des
oeuvres qui lui sont données à voir ou à entendre. Ce n'est pas
seulement la liberté des créateurs que nous défendons, mais aussi celle
du spectateur. Si l'oeuvre est polémique, elle requiert un débat
démocratique, pas une interdiction. Il est très préoccupant que
l'Observatoire de la liberté de création ait à rappeler ces évidences.
Il dénonce, depuis plus de dix ans, le dispositif légal fort mal rédigé,
et qui promet des sanctions pénales contre les oeuvres pour des motifs
touchant à la morale.
Pendant sa campagne électorale, le candidat François Hollande s'est
publiquement engagé auprès de l'Observatoire de la liberté de création à
«revoir profondément la législation en vigueur», dénonçant les attaques
et remises en cause de manifestations artistiques, et affirmant qu'il
convient de faire «cesser les poursuites contre des commissaires
d'exposition ou l'autocensure des élus». Il est temps de passer aux
actes. Nous en appelons solennellement au président de la République, au
gouvernement et aux parlementaires pour procéder aux modifications
législatives qui s'imposent. Nous en appelons aussi aux élus locaux pour
protéger, autant de fois qu'il sera nécessaire, les oeuvres, les
artistes et les lieux de connaissance et de culture, par la garantie
réaffirmée de la liberté de création et de diffusion des oeuvres.
Associations membres : Ligue des droits de l'homme (LDH) Association
internationale des critiques d'art (Aica)-France Association du cinéma
indépendant pour sa diffusion (Acid) Fédération des professionnels de
l'art contemporain (Cipac) Fédération des réseaux et associations
d'artistes plasticiens (Fraap) Ligue de l'enseignement, Syndicat
français des artistes interprètes (SFA) Société des gens de lettres
(SGDL) Syndicat national des artistes plasticiens (Snap)-CGT Société des
réalisateurs de films (SRF). Autres organisations signataires : ADBGV,
SDI, UPP, Syndeac, AARSE, Sipac-CGT.
(1) Manifeste consultable sur ldh-france.org
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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