[Laicite-info] Laïcité, Dominique Schnapper prend la tête d’un « conseil des sages »

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 15 Déc 08:17:29 CET 2017


Laïcité, Dominique Schnapper prend la tête d’un « conseil des sages »

par : Bernard Gorce et Denis Peiron
Publié par : https://www.la-croix.com
Le : 13/12/2017

***********************

Nommée à la tête du « conseil des sages » de la laïcité à l’éducation 
nationale, la sociologue incarne une fermeté républicaine, tout en se 
tenant à l’écart des passions idéologiques qui agitent le sujet.

Il est de coutume d’appeler « sages » les membres du Conseil 
constitutionnel. Un titre que va retrouver Dominique Schnapper, ancienne 
membre du conseil (2001-2010), désormais chargée par le gouvernement de 
présider un « conseil des sages » de la laïcité à l’éducation nationale.

Sociologue et politologue, Dominique Schnapper a consacré à la 
citoyenneté de très nombreux ouvrages (1) affirmant la nécessaire 
défense des valeurs républicaines pour dépasser les sentiments 
d’identification à des identités particulières.

Dans les débats qui traversent la société sur le sujet, intellectuels et 
politiques s’opposent à la fois sur l’ampleur des replis communautaires, 
en particulier dans les milieux musulmans, et le modèle d’intégration 
qu’il convient de promouvoir (assimilation ou inclusion). Dans ce 
contexte, le choix de Dominique Schnapper est stratégique. Il est un 
signe fort adressé aux « républicains » les plus vindicatifs, qui ne 
peuvent l’accuser de naïveté.

Dans un entretien récent à La Croix, Dominique Schnapper avait ainsi 
souhaité que le président Macron, nouvellement élu, fasse preuve de « 
tranchant politique » (nos éditions du 23 mai 2017). « Il ne faut pas se 
montrer complaisant envers la progression de l’islamisme comme du 
populisme », avertissait-elle. Mais cette grande figure intellectuelle 
s’est toujours tenue à l’écart des postures idéologiques qui, sur le 
terrain de la laïcité, réveillent les passions.

« Une fonction d’éclairage, une mission de conseil »

Quelle sera la mission de ce comité des sages ? Selon la communication 
faite en conseil des ministres le 8 décembre, son rôle sera de « 
préciser la position de l’institution scolaire en matière de laïcité et 
de fait religieux ». Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer a 
indiqué ce week-end du 10 décembre que cette instance serait chargée de 
« définir la règle du jeu de la laïcité ». Une notion qui interroge, car 
il revient en principe à la loi et à la jurisprudence de fixer la norme, 
comme on l’a vu sur la question extrêmement sensible du port du voile 
musulman par les élèves (la loi de 2004 l’interdit) ou par des mamans 
d’élèves lors des sorties scolaires (le Conseil d’État l’autorise, sous 
conditions).

Les positions du conseil des sages « n’auront pas de valeur juridique. 
Mais par sa réflexion, par son expertise, il exercera une fonction 
d’éclairage, aura une mission de conseil quant aux méthodes et aux 
pédagogies », précise le cabinet du ministre. Sa marge de manœuvre, 
cependant, pourrait être réelle, estime un fin connaisseur du dossier. 
Car « sur bien des points, il ne suffit pas de se référer au droit, les 
juristes eux-mêmes n’étant pas d’accord ».
Une dizaine de membres « de sensibilités différentes »

Concrètement, quand un professeur rencontre un problème lié à la 
laïcité, il doit s’adresser d’abord à son chef d’établissement. Au 
besoin, celui-ci sollicite les unités laïcité, composées de plusieurs 
professionnels dotés de compétences complémentaires (juridiques, 
psychologiques, pédagogiques) et qui seront généralisées dans toutes les 
académies début 2018. Leur rôle est à la fois la prévention et 
l’intervention.

L’affaire peut ensuite éventuellement remonter à l’équipe laïcité mise 
en place au sein du ministère, et qui travaille en dialogue avec le 
comité des sages. Cette instance devrait compter une dizaine de membres 
« de sensibilités différentes » dont les noms seront connus dans les 
jours à venir. Il s’agit de faire en sorte que « les personnels ne se 
sentent plus seuls et qu’ils n’hésitent plus à nommer les problèmes », 
explique-t-on encore au cabinet.
Une ligne plus ferme

Sous la précédente majorité, on comptait déjà des référents laïcité dans 
chaque académie. Après les attentats, des formations à la laïcité 
avaient été développées à l’endroit des personnels. Un guide pratique 
avait été adressé aux chefs d’établissement.

Ce livret évoquait, en y apportant des réponses étayées par le droit, la 
conduite à tenir en cas de contestation de certains enseignements au nom 
de convictions, de prières quotidiennes lors de voyages scolaires, ou 
encore de port de signes religieux par des élèves en stage dans une 
entreprise privée.

« La ministre Najat Vallaud-Belkacem avait une approche pragmatique et 
le climat s’était apaisé », analyse un bon connaisseur de l’éducation 
nationale, qui s’inquiète des effets que pourrait avoir une ligne 
désormais plus intransigeante.
Bernard Gorce et Denis Peiron

-- 

-----------------------
Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
-----------------------
Nos sites :
http://www.laligue-alpesdusud.org
http://www.laligue-alpesdusud.org/associatifs_leblog
-----------------------





Plus d'informations sur la liste de diffusion Laicite-info