[Laicite-info] Peut-on encore parler de laïcité?

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 25 Jan 11:00:49 CET 2018


Peut-on encore parler de laïcité?

Publié par : 
http://religion-gaulmyn.blogs.la-croix.com/peut-on-encore-parler-de-laicite/2018/01/24/
Le mercredi 24 janvier 2018

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Crèches, cantines scolaires, « prières de rue » puis croix de 
Ploërmel….Difficile de passer une semaine sans que la laïcité ne 
s’invite à la une des médias, et de manière polémique. Une forme de 
frénésie médiatique, relayée et amplifiée par les réseaux sociaux, et 
qui dérive vite dans l’invective, quand ce n’est pas l’injure…. 
Qu’est-ce qui explique cette hystérisation du débat ? C’est à cette 
question que chercheurs et journalistes se sont attelés, mercredi, lors 
d’un colloque sur les médias et la laïcité, organisé conjointement par 
l’Observatoire de la laïcité et Science Po Paris. Les journalistes ont 
pu dire leur malaise face à ce sujet mouvant, complexe, et surtout 
piégé. Parler des religions en France dans les médias, c’est 
immédiatement se trouver au cœur de polémiques, pris à partie, par un 
camp ou par un autre.

Une laïcité polysémique

Sans doute d’abord parce que c’est un sujet qui dit beaucoup de ce que 
nous sommes. Comme le note l’historien Alain Bergounioux, en France, « 
parler de la laïcité, c’est parler de la société, de comment elle se 
considère elle-même ». Avec des variations selon les époques, car la 
laïcité est un terme polysémique, dont les sens diffèrent selon 
l’histoire. Au fond, derrière le terme de laïcité, on n’a jamais parlé 
du même sujet.

Au début, lors du vote de la loi de 1905, c’était le rôle de l’Église 
catholique qui était en cause. Ensuite, et jusque dans les années 1980, 
la laïcité évoquait immédiatement la querelle scolaire. Puis, à partir 
de l’affaire de Creil (1989), ce fut autour du voile. Et maintenant, 
débattre de la laïcité, depuis les attentats en France, c’est débattre 
de la question de l’intégrisme et du terrorisme islamiste. Avec un 
durcissement des oppositions, puisque le journaliste court le risque de 
se faire taxer soit d’islamophobe, soit de dangereux naïf. C’est un 
sujet où la nuance est devenue impossible…
Ce qui ne devrait être qu’un cadre juridique devient ainsi un objet de 
passions et de controverses. Et aujourd’hui, encore plus qu’hier, le 
débat sur la laïcité n’a plus grand-chose à voir avec la loi de 1905, 
comme l’a noté justement Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire 
de la laïcité. Les polémiques autour de la laïcité mettent en jeu 
d’abord la question de la ségrégation et de la discrimination en France, 
visible dans les écoles, mais aussi les quartiers, et les emplois. Pour 
que le cadre de la laïcité soit accepté, il faut que les citoyens se 
sentent intégrés, quelle que soit leur religion. Comme le disait déjà 
Jean Jaurès en 1905, « la République restera laïque si elle est sociale 
». Second point de tension, l’islam. Avec cette question, toujours 
sous-entendue, dans tous ces débats: l’islam est-il compatible avec la 
laïcité? Sujet qui charrie son lot de visions faussées, de complotisme 
et de désinformation. À cette question, la réponse est 
–relativement-simple: les croyants musulmans respectent-ils la liberté 
des autres croyants ? Leur expression religieuse menace-t-elle l’ordre 
public ?

Islam politique

De ce point de vue, force est de reconnaître que la très grande majorité 
des citoyens français de confession musulmane vivent dans le cadre de la 
laïcité, et y vivent bien. Même si il est vrai qu’il existe des tensions 
communautaires, voire communautaristes. Et si une minorité, active, au 
nom de l’islam politique, combat cette laïcité.

Enfin, la laïcité pose aujourd’hui la question de notre identité, comme 
Français. Qui sommes-nous ? Qu’est-ce que la France ? Question légitime, 
au regard des bouleversements récents de ces cinquante dernières années 
qui ont affecté notre société. Question qui doit de toute façon être 
reposée à chaque époque. Question grave, qui convie intellectuels, 
politologues, et religieux. Et qui mérite mieux que la médiocrité du 
buzz médiatique actuel.


L’auteur

Isabelle de Gaulmyn est rédactrice en chef adjointe au journal La Croix. 
Longtemps responsable du service d’Information religieuse du quotidien, 
et envoyée spéciale permanente de La Croix au Vatican, elle est 
l’auteure de « Benoît XVI, le pape incompris », chez Bayard Culture 
(2008) et de « François un pape pour tous » aux Editions du Seuil (2014).

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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