[Infoligue] De l’éducation populaire à la domestication par la «culture» - Par Franck Lepage

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 30 Avr 11:00:32 CEST 2009



Histoire d’une utopie émancipatrice

De l’éducation populaire à la domestication par la «culture» - Par 
Franck Lepage

Publié par : http://www.monde-diplomatique.fr
Le : Mai 2009

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Il y a cinquante ans, le général de Gaulle présidait à la création du 
ministère des affaires culturelles. La naissance de cette institution a 
précipité le déclin d’un autre projet, à présent méconnu : l’éducation 
politique des jeunes adultes, conçue dans l’immédiat après-guerre comme 
un outil d’émancipation humaine. Pour ses initiateurs, culture devait 
rimer avec égalité et universalité.


En France, quand on prononce le mot «culture», chacun comprend «art» et 
plus précisément «art contemporain». Le mot Culture, avec son singulier 
et sa majuscule, suscite une religiosité appuyée sur ce nouveau sacré, 
l’art, essence supérieure incarnée par quelques individus eux-mêmes 
touchés par une grâce — les «vrais» artistes. La population, elle, est 
invitée à contempler le mystère.

Entamée dès les années 1960 sous l’égide du ministère des affaires 
culturelles, la réduction de la culture à l’art représente une 
catastrophe intellectuelle pour tout homme ou toute femme de progrès. Si 
«culture» ne veut plus dire qu’«art», alors ni l’action syndicale, ni 
les luttes des minorités, ni le féminisme, ni l’histoire, ni les 
métiers, ni la paysannerie, ni l’explication économique, etc., ne font 
plus partie de la culture. Entre cette dernière et la politique 
s’instaure un rapport d’exclusion. Et la gauche a un problème. Tel n’a 
pas toujours été le cas. Il fut un temps — pas si éloigné — où un petit 
groupe de militants nichés au cœur des institutions françaises tentait 
de faire rimer culture — populaire — et politique.

En 1944, un paquebot fait route tous feux éteints vers la France. A son 
bord, une jeune femme. Cinquante ans plus tard, elle se rappelle : «Ma 
prise de conscience date de 1942 et de la promulgation des lois 
antijuives par l’Etat français. J’étais alors professeure de lettres au 
lycée de jeunes filles d’Oran, en Algérie. J’ai été totalement choquée 
par la tranquillité avec laquelle ces lois antisémites ont été acceptées 
et mises en œuvre par mes collègues.» La vénérable dame de 86 ans qui 
nous livre ses souvenirs, ce jour de 1994, se nomme Christiane Faure. 
Elle repose désormais au cimetière de Lourmarin (Vaucluse) à côté de sa 
sœur et de son beau-frère, Albert Camus.

Elle raconte comment les noms juifs sont rayés à l’encre rouge ; comment 
ses élèves quittent l’établissement, leur blouse sous le bras. Mlle 
Faure organise alors des cours clandestins de préparation au 
baccalauréat. L’affaire s’ébruite ; on la menace ; elle persiste. (...)

/*Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde 
diplomatique actuellement en kiosques.*/


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Denis Lebioda - Ligue de l'enseignement
Chargé de mission Alpes du Sud
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