[Infoligue] Les Assises numériques / L'école sera numérique ou s'épuisera
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 19 Avr 09:16:21 CEST 2010
Les Assises numériques ont fédéré les acteurs de l'Ecole pour préparer
sa révolution culturelle
Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le : 19/04/10
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Peut-on réunir sur une question tous les acteurs de l'Ecole ? Oui s'il
s'agit du numérique. C'est sans doute le principal enseignement des
Assises nationales de l'éducation et de la formation numériques. Pendant
deux jours, les 15 et 16 avril, les Assises ont réuni à la Cité des
sciences de Paris, plus de 400 acteurs de l'Ecole, faisant de cet
événement un rendez-vous majeur qui, d'ailleurs, va être pérennisé.
Il y avait là des enseignants bien sûr, des chercheurs, mais aussi des
chefs d'établissement, des formateurs, des associations, des
syndicalistes, des représentants des parents d'élèves, des chefs
d'entreprise et des politiques. Au premier plan, Jean-Michel Fourgous et
Benoît Loutrel, directeur des programmes Economie numérique au
Commissariat général à l'investissement. Tous réunis pour échanger sur
les apports du numérique à l'éducation et à la formation. Tous aussi, il
faut le dire, en attente de deux opportunités pour l'Ecole : le plan
Chatel pour l'Ecole numérique, suite au rapport Fourgous.
En clôturant les Assises, Henri Verdier, président de Cap Digital,
appelait les participants à faire des propositions pour l'appel public
du Commissariat général à l'investissement. C'est que les participants
sont partis convaincus que le système éducatif français doit rattraper
son retard. La force de conviction de JM Fourgous, les synthèses des
ateliers, les informations données sur le développement de l'éducation
numérique dans le monde, ont rendu cette exigence évidente. Cette
"révolution numérique" qui rendra l'Ecole plus efficace, l'enseignement
plus personnalisable, les heures d'école moins ennuyeuses nécessite du
matériel. C'est le sens de la venue du représentant du Commissariat
général à l'investissement et de JM Fourgous. Pour ce dernier il faut
aller plus loin : "l'essentiel c'est la culture numérique". Il demande
rien moins qu'une révolution culturelle dans l'éducation en commençant
par une modernisation des rapports humains dans l'institution. Ca vaut
la peine de lire notre reportage !
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L'école sera numérique ou s'épuisera
L'Éditorial de Francois Jarraud
Publié par : http://www.cafepedagogique.net
Le : 19/04/10
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Ces quelques lignes sont écrites à la sortie des Assises de l'éducation
et de la formation numériques et, sans doute, sous l'influence du
dynamisme impulsé par Jean Michel Fourgous.
L'école sera numérique parce qu'elle doit être plus efficace.
C'est-à-dire capable de hisser un pourcentage supérieur de la jeunesse
vers des études supérieures longues. Rappelons parmi les particularités
du système éducatif français son taux croissant d'échec en lecture et en
maths (22% d'élèves mauvais lecteurs dans Pisa 2006), son nombre
important de jeunes quittant l'école sans qualification reconnue (130
000), son faible taux d'accès aux études supérieures longues (64%). Ces
taux ont évidemment un lien dialectique. Ces mauvais résultats auront un
impact économique croissant face à des pays qui peuvent entrer dans la
compétition mondiale parce qu'ils ont la main d"oeuvre compétente pour
le faire. L'OCDE a pu calculer la plus value apportée par des études
supérieures à l'intéressé mais aussi à l'ensemble de la société. Le même
calcul existe pour les jeunes non diplômés. Si l'école n'est pas à même
de produire les travailleurs qualifiés nécessaires au développement
économique durable, nous ne pourrons même plus financer l'école
traditionnelle.
Le numérique est-il à même de relever le défi de la transmission du
savoir ? Sans doute pas à n'importe quelle condition. Mais il permet de
lutter contre le décrochage et donc de faciliter la démocratisation de
l'enseignement, qui est le vrai enjeu de ce début de siècle. L'étude de
Jean Heutte (voir plus bas) montre l'efficacité des technologies de
l'information et de la communication pour progresser scolairement : les
élèves habitués à utiliser les tic ont de meilleurs résultats et
particulièrement sur des items qui commandent la suite des études, comme
la lecture et l'écriture. Le numérique favorise aussi le travail
collaboratif des enseignants et là aussi cela se répercute sur le niveau
des élèves.
Le numérique est aussi le langage de la jeunesse actuelle, son univers.
Il y a des régimes pour persévérer à enseigner dans une langue étrangère
à celle de la jeunesse. C'est d'ailleurs ce que faisait l'école de Jules
Ferry et ce n'est pas pour rien dans son échec. A moins de se
désintéresser des jeunes, il est vital si l'on veut démocratiser
l'enseignement, c'est-à-dire amener les enfants des milieux défavorisés
vers l'éducation, de créer des passerelles entre l'école et son
environnement.
Le numérique est aussi le langage de la culture. Toute la culture
contemporaine, même les tribunes journalistiques, est numérisée. La
question pour l'école c'est justement de sonner à tous les enfants els
clés pour pouvoir accéder à ces outils culturels et d'en tirer parti.
Refuser el numérique c'est simplement ne pas donner aux jeunes les
moyens d'accéder de façon efficace et critique à la culture. C'est les
enfermer dans une culture scolaire qui souvent s'éloigne rapidement de
la culture savante. Faire de la géographie aujourd'hui ce n'est pas
apprendre la carte du Vidal c'est savoir utiliser un SIG ou décrypter
une image satellitale. Si la culture scolaire ne peut pas être la
culture savante ou même la culture professionnelle, elle doit s'en
rapprocher. Là encore on sait comment l'école de Jules Ferry construisit
des disciplines et des savoirs disciplinaires souvent fort éloignés des
savoirs savants.
Le numérique peut-il assurer la formation morale des jeunes ? A lui seul
certainement pas. Mais il les expose justement à la nécessité d'une
éducation non seulement citoyenne mais aussi des usages sociaux. Il est
urgent que l'école s'empare de cette éducation. Certains de nos voisins
ont décidé de le faire sérieusement dès le primaire. Rappelons là aussi
aux partisans de l'école de Jules Ferry, soit-disant "garante des
valeurs de la République" qu'elle n'a pas empêché la faillite politique
et morale de 1940.
Comme l'école française a perdu beaucoup de temps pour amorcer une
véritable mutation qui permette sa démocratisation, on aimerait que le
tournant du numérique, parce qu'il peut être porteur d'une mutation plus
vaste, soit pris rapidement. Deux rendez-vous seront à surveiller en mai
2010. D'abord la répartition des moyens du grand emprunt : il serait
souhaitable que l'enseignement scolaire ne soit pas le grand oublié...
Ensuite , probablement courant mai, le plan Chatel pour l'école
numérique. Réussira-t-il à redonner confiance à des enseignants
largement échaudés par les errements de ces dernières années ?
Réussira-t-il à imposer une véritable formation pour les nouveaux
enseignants ? Sans réponse positive à ces questions, les jeunes Français
pourraient bien voir leur cadre scolaire traditionnel se désagréger plus
ou moins doucement et leurs voisins progresser surement.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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