[Infoligue] Quel avenir pour les associations ?
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 27 Avr 09:33:43 CEST 2010
Quel avenir pour les associations ?
Publié par : http://www.loi1901.com
Le : 27-04-2010
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Nous assistons depuis 30 ans, à une dérive du rôle des associations. Ce
n'est pas un marronnier de journaliste en mal d'inspiration, c'est un
fait qui nous pousse à jeter aujourd'hui, ce pavé dans la mare. Par des
subventions de plus en plus ciblées, les gouvernements successifs ont
incité les associations à n'être que des auxiliaires des politiques
publiques. De la formation professionnelle à la politique de la ville,
de l'action sociale jusqu'à une stratégie européenne pour l'emploi...
toutes ces politiques ont placé les associations sur le marché des
prestations.
Pourquoi les associations ont-elles été incitées à se placer sur le
marché des services dans lequel elles n'ont rien à faire? En effet,
comment peuvent-elles résister à la concurrence des entreprises qui vont
proposer les mêmes prestations en répondant aux mêmes appels d'offres
mais avec beaucoup plus d'expérience et de moyens ?
Car il ne faut pas se mentir. Pour avoir une chance d'obtenir un appel
d'offres, de nombreuses associations ont adopté un modèle inspiré du
management des entreprises et une comptabilité qui s'en rapproche de
plus en plus. Ce qui entraîne nécessairement des coûts de gestion de
plus en plus difficiles à maîtriser. Un terme comme la gouvernance
associative (qui n'est rien d'autre qu'une gestion d'entreprise) impose
de fait, de développer des services ou prestations qui sont certes payés
(quand l'appel d'offres est décroché), mais qui éloigne l'association de
sa mission première.
Car l'association a un rôle prépondérant dans la société. Maintenir le
lien social par le développement d'activités mises en place par des
bénévoles responsables et conscients de l'être. Imposer l'égalité
citoyenne partout où elle recule. Permettre l'accès aux droits quand
ceux-ci sont ignorés. Favoriser l'éducation des plus démunis et mettre
en place des structures d'accueil aussi bien sportives que sociales.
Or, de toute évidence, les pouvoirs publics poussent les associations
vers le marché des services en rendant de plus en plus incertains les
crédits publics. De plus, l'abandon de l'idée même de Fraternité(*)
remplacée par le concept anglo-saxon de Solidarité permet à l'Etat de se
défausser sur les entreprises. A elles de "subventionner" les
associations. Ce n'est pourtant pas un rôle pour elles qui n'agissent
que par intérêts logiques et structurels.
Avec cette forme de subventions (sponsoring devrions-nous dire) selon
intérêts, nous ne sommes plus très loin des "Dames patronesses" de
Jacques Brel qui chantait en 1960 : Pour faire une bonne dame
patronnesse, tricotez tout en couleur caca d'oie. Ce qui permet le
dimanche à la grand-messe de reconnaître ses pauvres à soi...
Pourquoi l'Etat se désengage-t-il ? Est-ce au nom d'une logique
comptable qui a pourtant déjà montré ses limites ? Est-ce par simple
paresse idéologique ? La réponse ne nous appartient pas.
L'association ne doit pas se transformer en entreprise, cela n'est ni
son rôle ni son avenir.
L'association doit au contraire être le garant d'une implication réelle
de citoyens qui pensent qu'une bonne gestion n'est pas de se parjurer,
mais de prévenir le risque d'explosion sociale dans la conviction
profonde que l'économie seule ne fera jamais une société.
(*) La Fraternité n'est pas la Solidarité. La Fraternité est une
revendication publique de justice. C'est un concept révolutionnaire dans
le sens de sursaut, de défense, de survie alors que la Solidarité est un
concept comptable via la défiscalisation.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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