[Infoligue] Retraite et bénévolat, un nouveau projet de vie à construire
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 24 Mai 08:33:11 CEST 2011
Retraite et bénévolat, un nouveau projet de vie à construire
Publié par : http://www.viva.presse.fr
Le : 21.05.11
Auteur : Elsa Maudet
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Contrairement aux idées reçues, les retraités ne s’engagent pas plus que
les autres générations.
Pendant les vingt-cinq années qu’il a passées en Afrique, Félix
Antonietti a travaillé dix à douze heures par jour. « On n’avait pas le
temps de faire de bénévolat, on avait des chantiers qui tournaient jour
et nuit ! », se souvient cet ancien chef de chantier dans le BTP,
aujourd’hui âgé de 74 ans.
A son retour en France, il a pris deux, trois années pour retaper les
appartements dont il était propriétaire, puis un certain vide s’est
installé ... « Entre le moment où on arrête son activité et celui où on
prend sa retraite, il y a une drôle de coupure, reconnaît-il. Je me
sentais vraiment inutile. »
Afin de « se rendre utile », il a rejoint l’Agir (Association générale
des intervenants retraités), qui envoyait notamment de vieux ordinateurs
en Afrique. Et depuis quelques mois, il est bénévole à la Maison du
bonheur, à Nice, une association qui héberge les parents d’enfants
malades durant leur hospitalisation.
Bien murir le projet
Si le passage de la retraite au bénévolat a paru tout naturel à Félix
Antonietti, il n’en va pas de même pour tous les seniors. La retraite,
grâce au temps libre qu’elle apporte, semble être le moment idéal pour
s’engager, mais seuls 29 % des 60-69 ans le font, soit la même
proportion que chez l’ensemble des Français de plus de 15 ans. Chez les
plus de 70 ans, on tombe à 19 %.
« Beaucoup de gens n’y vont pas par manque de connaissance. Il faut
savoir un minimum comment marche une association, savoir comment s’y
impliquer, explique Jean-Louis Leroux, ancien directeur de Médecins du
monde. Et puis beaucoup ont peur de repartir dans des contraintes trop
importantes. » Cet homme a récemment créé une entreprise de « formation
» des seniors au bénévolat, Jubilacion.
Selon lui, il est évident que la transition entre l’activité
professionnelle et l’activité bénévole est un instant délicat, et que le
projet d’engagement doit être bien mûri. Pourquoi je m’engage ? Qu’ai-je
envie de faire ? Comment être sûr de ne pas m’embarquer dans une
activité trop contraignante ? D’après France bénévolat (document en
pdf), « on constate les échecs complets de certains de ces nouveaux
bénévoles qui se précipitent dans le bénévolat, dans une démarche
occupationnelle, pour compenser le vide de l’entrée en retraite ou pour
reproduire en milieu associatif les schémas de pouvoir et d’organisation
qu’ils ont connus dans l’entreprise ». La retraite doit être réellement
pensée comme un nouveau projet de vie, et non comme un espace temps à
combler.
Pour Jean-Louis Leroux, la période nécessaire de réflexion dure un à
deux ans. Et le pire moment pour l’entamer est l’arrivée à la retraite :
il faut y penser soit avant, soit après.
Bénévolat de compétences
Il est d’autant plus important de pousser les seniors à s’engager qu’ils
apportent une plus-value non négligeable aux associations. « Ce que
j’apprécie, c’est qu’ils sont à la fois disponibles et ils ont toute
l’expérience professionnelle nécessaire, ne serait-ce qu’au niveau de
l’organisation, salue Johanna Abolgassemi, présidente de la Cimade à
Rennes. Ils ont pris des habitudes professionnelles qu’ils appliquent.
Et puis ils arrivent avec leur carnet d’adresses. » C’est d’ailleurs
parce qu’il a constaté « un réel besoin de bénévolat de compétences »
que Jean-Louis Leroux a créé Jubilacion. Sans compter que les seniors
sont plus fidèles que les étudiants et jeunes actifs, chez qui le turn
over est important.
Le rôle des caisses de retraite
Pour l’heure, l’activité de Jubilacion est balbutiante. L’entreprise
avait initialement ciblé les entreprises, obligées de mettre en
application le Plan senior, mais sans grand succès, car les actifs âgés
sont toujours loin d’être une priorité pour les employeurs.
Jubilacion propose donc désormais ses services aux caisses de retraite.
Une démarche qui pourrait être payante : les pays dans lesquels le taux
d’engagement est fort – notamment les pays anglo-saxons – sont ceux qui
utilisent les organismes de retraite comme intermédiaire pour orienter
les seniors vers un bénévolat adapté. Et avec 600 à 700 000 nouveaux
retraités chaque année, il devrait y avoir de quoi faire.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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