[Infoligue] Quelques pistes pour développer le bénévolat

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 3 Nov 08:41:47 CET 2011


Quelques pistes pour développer le bénévolat

Par Muriel Jaouën
Publié par : http://www.place-publique.fr/
Le : Nov 2011

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La hausse du niveau des compétences requises par la société civile, 
l’exigence accrue exprimée par les bénévoles : tout incite le monde 
associatif et les pouvoirs publics à revisiter les cadres du bénévolat. 
Le Centre d’analyse stratégique propose quelques pistes.

Le Centre d’analyse stratégique (CAS) a publié en septembre 2011 une 
note sur la nature et les évolutions du bénévolat. Dans son second 
volet, cette étude liste un certain nombre de préconisations pour 
développer l’engagement des citoyens dans l’action sociale et d’utilité 
publique.

Susciter les vocations

Le bénévolat doit tout d’abord susciter les vocations. Plusieurs champs 
d’actions peuvent ici être exploités. Première piste : la communication. 
Celle des associations, bien sûr, qui sont les mieux placées pour 
valoriser leurs actions. Mais aussi celle d’organismes et de 
représentations impliquées dans le développement du modèle associatif. A 
l’image de France Bénévolat, qui édite un portail précieux 
(www.francebenevolat.org), du Haut Conseil à la vie associative (HCVA), 
qui remplace depuis juillet 2011 le Conseil national de la vie 
associative., ou encore des multiples dispositifs locaux.

Deuxième piste : l’adaptation aux contraintes de temps auxquelles sont 
soumis les bénévoles. Des associations ont mis en place des modes 
d’organisation et des actions spécifiques dans ce sens. La Croix Rouge a 
imaginé des projets ponctuels, sur quelques semaines ou quelques mois, 
et mis en place un “corps de réserve de l’urgence” regroupant des 
citoyens peu disponibles mais prêts à fournir une aide en situation 
d’exception.

Troisième piste : les contreparties matérielles. Aujourd’hui, les 
pouvoirs publics concentrent leurs efforts sur les avantages fiscaux 
octroyés pour les dons aux organismes d’utilité publique ou d’intérêt 
général. Aux yeux du législateur, l’octroi d’avantages matériels serait 
susceptible de pervertir l’esprit du bénévolat, qui doit demeurer un 
choix individuel et spontané. Certaines initiatives se développent 
néanmoins, comme celle de la Ville de Paris et de l’association 
“PariSolidaire”, qui offre à certains étudiants la possibilité de louer 
un logement à très bas prix, en échange de visites à des personnes âgées 
isolées quelques heures par semaine.

Diversifier les profils

Le développement du bénévolat est également conditionné à une 
diversification des profils. La donnée démographique constitue un 
terrain majeur de réflexion et d’initiatives. Le vieillissement de la 
population est en effet un facteur de d’impact pour les bénévoles comme 
pour les bénéficiaires de leur action. Il semble donc impératif 
d’adapter les missions de bénévolat associatif à ces nouveaux publics 
plus âgés. Aux Etats-Unis, les retraités font l’objet de programmes 
publics spécifiques d’incitation à l’engagement bénévole. Pourquoi ne 
pas développer cette approche en France ? Aujourd’hui, l’indemnité 
associée au statut de volontaire n’est pas cumulable avec une pension de 
retraite. Pourquoi ne pas réfléchir à une compatibilité des deux 
indemnités ?

La diversification des profils doit également reposer sur des actions 
d’incitation menées auprès des publics les plus jeunes. Les adolescents 
pourraient être sensibilisés dès le lycée au bénévolat. Certaines 
associations s’organisent pour favoriser l’engagement des étudiants. 
L’Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV), au sein de 
laquelle l’aide aux enfants défavorisés est prise en charge par des 
étudiants bénévoles, a établi des conditions de participation très 
souples, adaptées à l’emploi du temps des étudiants, à raison de deux 
heures par semaine.

Côté demandeurs d’emploi, pour lesquels le bénévolat constitue un 
élément avéré d’enrichissement du CV, on pourrait envisager des 
passerelles entre les têtes de réseaux associatifs, les partenaires 
sociaux et Pôle emploi. En veillant, rappelle le CAS, à ce que le 
bénévolat ne génère pas du “travail gratuit”.

Valoriser les compétences acquises

S’il est nécessaire de susciter des vocations, il s’agit également de 
fidéliser les bénévoles en activité. Notamment an favorisant la 
valorisation des compétences acquises. L’octroi d’avantages matériels 
étant susceptible de dénaturer le bénévolat, les dispositifs existant 
actionnent plutôt des mécanismes de reconnaissance immatérielle, comme 
la facilitation des mobilités professionnelles.

Selon le Baromètre opinion des bénévoles 2010, 19 % des bénévoles 
(surtout les plus jeunes) privilégient comme levier de reconnaissance la 
prise en compte des compétences professionnelles acquises dans le cadre 
de leur action bénévole. Près de 40% des moins de 25 ans se disent 
favorables à une valorisation de leur engagement dans le cadre de leurs 
études. Là encore, les initiatives existent. L’engagement associatif au 
sein de certaines grandes écoles donne droit à des crédits European 
Credits Transfer System (ECTS).

Pourquoi ne pas systématiser ce dispositif ?

Le “passeport bénévole”, créé en 2007 par France Bénévolat, permet aux 
étudiants, aux hommes ou femmes au foyer et aux salariés de faire 
valider par un responsable associatif leur expérience bénévole. Sous 
certaines conditions, la validation des acquis de l’expérience (VAE) 
permet de faire valoir une expérience bénévole pour obtenir des 
équivalences de diplômes d’État ou de titres ou certificats de 
qualification professionnelle. Les activités exercées.
« On pourrait aussi s’appuyer sur la liste de huit “compétences clés” 
dans la formation tout au long de la vie définie par l’Union européenne, 
et sur les certifications et habilitations correspondant à des 
compétences transférables que le législateur français a établies », 
ajoute le CAS.

Les leçons à tirer de quelques expériences étrangères

Pour illustrer le poids de la délégation d’activités de service public à 
des organisations impliquant des bénévoles, le CAS cite un certain 
nombre d’initiatives relevées dans les pays anglo-saxons, où 
l’implication de la société civile se double généralement d’un discours 
sur sa complémentarité (et non sa substitution) aux aides publiques 
traditionnelles. Quelques exemples : le Citizen Corps, créé en 2002 qui 
propose des postes de volontaires de sécurité intérieure ; le programme 
Volunteer in Service to America (VISTA) qui vise à combattre la pauvreté 
en incitant des individus à rejoindre des associations ou des 
communautés locales défavorisées ; la Corporation for National and 
Community Service, qui déploie des actions dans le domaine de la santé, 
de l’enseignement, de l’énergie verte, du soutien aux vétérans de guerre 
et du développement économique.

Autre exemple, à Londres : les Volunteer Police Cadets, des jeunes de 14 
à 19 ans qui participent à des activités sans risques de la police. 
Celle-ci cherchant à identifier des “talents cachés” dans toutes les 
communautés de la ville, y compris parmi les populations les plus 
vulnérables en termes de délinquance. À l’issue d’une formation, les 
adolescents se voient confier des missions précises, leur permettant 
d’acquérir des compétences transférables au monde du travail et de 
consolider leur identité de citoyen.

Toujours en Grande-Bretagne, la Big Society, mise en œuvre en 2010, vise 
à réformer des services publics pour réduire les coûts, en confiant des 
missions de service public à la société civile, dont les associations et 
les entrepreneurs sociaux. Le projet devant également, à la faveur d’un 
processus de décentralisation, donner aux citoyens davantage de choix et 
un droit de regard sur ces services. Cofinancé par des fonds privés, le 
dispositif encourage le bénévolat de masse. « Au-delà des interrogations 
sur la faisabilité de ce dispositif, et à la lumière des événements de 
l’été 2011, la Big Society s’est vue reprocher de masquer des coupes 
budgétaires derrière un discours affiché de transfert de compétences de 
l’État aux communautés et aux pouvoirs publics locaux », rappelle le CAS.

Constitution de dossiers de subventions, réponse à des appels à projets 
concurrentiels, évaluation de plus en plus drastique de l’utilité 
sociale des associations, contraintes légales accrues en matière 
d’administration, d’assurance et de management… Pour les dirigeants 
bénévoles, les exigences requises s’apparentent de plus en plus à celles 
relevant du monde de l’entreprise. Quant aux bénévoles non dirigeants, 
ils doivent également acquérir des compétences de plus en plus 
spécifiques et pointues. C’est le cas pour le soutien aux personnes 
âgées dépendantes. La valorisation de certains bénévoles alimente les 
réflexions, l’aide à domicile étant perçue comme un véritable métier 
avec des qualifications précises et certifiées. La possibilité d’une VAE 
est d’ailleurs débattue.

Ces évolutions se traduisent par une porosité des frontières entre 
salariés et bénévoles au sein des associations. Certains organismes, 
comme la Fondation des apprentis d’Auteuil, cherchent à éviter la 
confusion en établissant un partage clair des missions des salariés et 
des bénévoles, via des fiches de postes clairement définies.

Les responsables associatifs sont clairs : la gratuité du temps accordé 
aux autres par les bénévoles ne doit pas disparaître. Pour concilier la 
professionnalisation de certaines activités et l’esprit désintéressé du 
bénévolat, plusieurs pistes peuvent être examinées, comme le statut de 
volontaire, qui permet de bénéficier d’une indemnité financière et/ou 
d’une couverture sociale. C’est le statut des quelque 200 000 pompiers 
volontaires, qui fédèrent à eux seuls 80 % des pompiers. Autre formule 
intéressante : le service civique, créé en 2010, dans lequel 11 000 
jeunes de 16 à 25 ans se sont déjà engagés. En juin 2011, la Commission 
européenne, avec le “corps volontaire européen d’aide humanitaire”, a 
amorcé une réflexion sur l’extension du volontariat et lancé des projets 
pilotes.

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Denis Lebioda
Chargé de mission 
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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