[Infoligue] La citoyenneté européenne devra être sociale

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 17 Déc 08:18:52 CET 2012



La citoyenneté européenne devra être sociale


Publié par : http://www.liberation.fr/
Le : 14 décembre 2012

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Tribune La construction européenne autour de la seule dimension 
écono­mique et monétaire révèle crûment son absence de réalité en temps 
de crise.

Par Jean-Marc Roirant, secrétaire général de la Ligue de l’enseignement 
(France), Raffaella Bolini, membre de la direction nationale de l’Arci, 
association de promotion sociale (Italie), Cristian Pirvulescu, 
Président de Pro Democracia (Roumanie) et Jan Robert Suesser, membre du 
comité central de la Ligue des droits de l’homme (France) (1)


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La crise que traverse la construction de l’Union européenne amène à 
s’interroger sur la notion de citoyenneté. L’histoire de l’Europe depuis 
deux siècles nous enseigne que nous construisons et exerçons chacun 
notre citoyenneté comme un tout avec ses trois dimensions : 
­démocratique (avec la façon dont on est écouté et entendu), économique 
(l’emploi surtout) et sociale (avec les poli­tiques publiques permettant 
l’accès ­effectif aux droits fondamentaux).

Ce sont les problèmes rencontrés et l’expérience des solutions apportées 
qui consentent à juger de la légitimité des institutions, locales et 
nationales, européennes et globales. Là où le vote n’est pas 
obligatoire, l’évolution des taux de participation d’une élection à 
l’autre donne une indication de cette légi­timité. La construction 
européenne autour de la seule dimension écono­mique et monétaire révèle 
crûment son absence de réalité en temps de crise. Dans ce contexte, 
l’art de gouverner consiste à mettre en place des politiques publiques, 
sociale et démocratique qui permettent aux résidents un avenir partagé 
dans l’espace économique ­unifié. La légitimité des institutions et 
l’intériorisation par chacun d’être ­citoyen dans cet espace impliquent 
que les trois dimensions de la citoyenneté y aient toute leur place.


Les dimensions sociale et démocratique ne sont pas régies dans le même 
espace que la dimension économique. ­Les politiques publiques sont 
presque ­to­ta­lement renvoyées à l’espace ­national, sans pouvoir 
s’appuyer sur une redistribution significative des ­richesses produites 
dans l’ensemble de l’Union.

Pour les résidents, les institutions européennes sont celles qui 
prennent des décisions économiques et monétaires par lesquelles 
surgissent les pro­blèmes qu’ils rencontrent. Quant aux insti­tutions 
nationales et locales, ce sont celles dont on attend les éven­tuelles 
­politiques publiques rectifi­catives d’accompagnement. Le renvoi à 
l’espace national des attentes en terme social et démocratique pendant 
que les poli­tiques économiques s’appliquent à l’échelle européenne 
signifie que les pays les plus riches décident avec leurs moyens, et que 
les pays les plus pauvres subissent avec les leurs. Ainsi, les règles 
actuelles gouvernant l’espace écono­mique unifié ne permettent aux pays 
en difficulté de réagir, pour l’essentiel, qu’au travers d’un dumping 
fiscal et ­social. Lorsque les déséquilibres éco­nomiques durent depuis 
déjà une décade, les problèmes d’apurement du passé s’ajoutent à ceux, 
récurrents, de dégradation de la compétitivité.

Comment construire une citoyenneté européenne partagée dans ce cadre ? 
Conscients des dégâts produits par la gestion de la crise telle qu’elle 
a été décidée et mise en œuvre ces derniers temps, plusieurs dirigeants 
en Europe proposent de relégitimer les insti­tutions européennes par des 
propositions sur leur fonctionnement (pré­sident de la Commission issu 
de la majorité du Parlement européen, par exemple). Le pilier social de 
la citoyenneté n’est ni mentionné ni traité, mais ignoré.

Nous réaffirmons solennellement que la citoyenneté européenne nécessite 
une cohérence entre les trois dimensions : démocratique, économique et 
sociale. Les différents niveaux insti­tutionnels ne seront légitimes que 
si les citoyens perçoivent comment ils contribuent à assurer leur pleine 
citoyenneté.

Lorsqu’on refuse la dimension sociale, il ne faut pas s’étonner que les 
citoyens cherchent à traiter cette question au ­niveau national et, au 
vu des difficultés, de plus en plus au niveau infranational, les 
territoires se sentant plus riches ne voulant plus partager avec les 
territoires moins fortunés.

Il ne faut pas davantage s’étonner que de question nationale, elle 
devienne une question nationaliste minée par la tentation xénophobe.

Le découplage entre les trois dimensions de la citoyenneté ne se traduit 
pas seulement par la dé-légitimisation de la citoyenneté européenne, 
mais par celle de tous les niveaux institutionnels. Il délégitime tout 
le projet européen qui s’est construit autour de la belle idée d’avenir 
partagé et de solidarité.

Il est urgent que les responsables poli­tiques, européens, nationaux, 
­locaux, réagissent en mettant leurs propositions en conformité avec les 
valeurs et les objectifs que les textes fondateurs pro­clament ! Le mot 
social n’est pas davantage un «gros mot» que «économique» ou 
«démocratique». Les politiques publiques européennes doivent assurer les 
moyens de l’accès aux droits fondamentaux pour tous les résidents en 
Europe. C’est la base d’une citoyenneté européenne à construire.

(1) Le premier est président du Forum civique européen, les trois autres 
en sont vice-présidents.

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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