[Infoligue] Sorti en catimini, le rapport qui voulait sauver le spectacle vivant risque la polémique
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 26 Mar 14:14:55 CEST 2012
Sorti en catimini, le rapport qui voulait sauver le spectacle vivant
risque la polémique
Publié par : LE MONDE
Le : 26.03.2012
Par Nathaniel Herzberg
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Trouver de l'argent pour le spectacle vivant. Résumé de façon lapidaire,
voilà le défi qu'ont tenté de relever deux directeurs de théâtre, un
patron d'opéra et un membre de la Cour des comptes. Défi impossible, par
temps de crise et de recettes publiques en berne ? A voir la discrétion
avec laquelle le ministère de la culture a glissé sur son site, sans la
moindre publicité, ce rapport pourtant fort attendu par la profession,
la question s'impose.
De l'argent, donc, et plus particulièrement de l'argent public. Ainsi va
une économie qui "repose en grande partie sur la subvention publique de
l'Etat et des collectivités territoriales", soulignent Serge Dorny,
Jean-Louis Martinelli et Bernard Murat, respectivement directeurs de
l'Opéra de Lyon, du Théâtre des Amandiers, à Nanterre, et du Théâtre
Edouard-VII, à Paris, et Hervé-Adrien Metzger, conseiller-maître à la
Cour des comptes.
Chaque année, l'Etat donne 720 millions d'euros au spectacle vivant. Les
collectivités territoriales en accordent le double. Une situation
"particulièrement enviable" pour nombre de pays voisins, admettent les
rapporteurs, mais qui "ne doit pas masquer les limites, les signes
d'essoufflement et les besoins de rénovation des politiques publiques".
Saupoudrage
C'est que "l'Etat intervient trop et trop peu". En trente ans, les
disciplines soutenues se sont multipliées. Au théâtre, à la danse et à
la musique se sont ajoutés le cirque, les arts de la rue, les arts
numériques. De nouvelles compagnies, de nouveaux lieux sont aidés,
produisant "une dispersion des soutiens et une dilution souvent
préjudiciable aux efforts consentis et aux buts recherchés". Certes, des
efforts ont été entrepris ces dernières années pour lutter contre ce
"saupoudrage". Mais la mission veut aller plus loin, supprimer toutes
les subventions inférieures à 15 000 euros.
Créer, c'est bien, mais montrer, c'est mieux. Comme d'autres avant eux,
les rapporteurs s'inquiètent du manque de diffusion des spectacles : en
moyenne 24 représentations sur trois saisons, tournées incluses, dans le
théâtre public, moins encore dans la danse. Quant aux orchestres
permanents, "ils ne circulent que très peu". Sans apporter de réelles
solutions, le rapport invite à soutenir la diffusion en région, à
l'étranger, mais aussi sur les supports audiovisuels et numériques.
Pour offrir un élan au secteur, le rapport réclame d'abord l'élaboration
d'une "loi d'orientation". Un symbole qui marquerait "l'attachement de
la nation au spectacle vivant". Mais qui imposerait aussi des
"dispositions normatives et structurantes" : définition et liste des
disciplines, missions des structures labélisées, rôle des différents
acteurs publics (ministères, collectivités).
Pour redonner aux théâtres les marges artistiques perdues depuis dix
ans, soutenir l'émergence de nouveaux talents, favoriser la diffusion,
un obstacle demeure : l'argent. Augmenter les subventions publiques ?
Illusoire. Doper les ressources propres ? Le rapport n'écarte pas la
possibilité d'augmenter le prix de certains billets ou de développer la
location d'espace ou la commercialisation de produits dérivés. Mais les
gains potentiels restent mineurs.
Sept pistes retenues
C'est ailleurs dans des ressources "extrabudgétaires" qu'il faut
prospecter. Les rapporteurs ont évalué divers dispositifs. Ils en ont
évacué deux : la taxation de la publicité en ligne, "séduisante mais
difficile à appliquer" ; et la création d'une taxe sur la billetterie,
qui renchérirait le coût du ticket, alors même que les subventions
visent à le faire baisser.
Sept pistes sont en revanche retenues. Créer une redevance
d'exploitation commerciale des oeuvres du domaine public, une sorte de
droit d'auteur éternel qui reviendrait à la collectivité. Instaurer une
"contribution compensatoire" pour les services de télévision qui ne
diffusent pas assez de spectacle vivant. Etablir une taxe de 2 % sur le
chiffre d'affaires des parcs d'attraction. Affecter au spectacle vivant,
sur le modèle de ce qui vient d'être proposé pour le Centre national de
la musique, une part de la taxe acquittée par les fournisseurs d'accès à
Internet au bénéfice du Centre national du cinéma (CNC). Etendre le
dispositif du "1 % artistique" (qui réserve 1 % du budget de certaines
constructions publiques à la réalisation d'une oeuvre plastique) à
l'ensemble des bâtiments d'Etat et affecter les nouvelles recettes au
spectacle vivant. Créer une taxe de 0,3 % sur le chiffre d'affaires de
l'industrie hôtelière dans les villes et pendant les périodes de
festival. Attribuer enfin au spectacle vivant une partie des successions
en déshérence.
De quoi mettre en place un fonds de 150 millions à 250 millions d'euros
annuels. Un fonds qui ne devrait pas se substituer à l'action de l'Etat,
avertissent les rapporteurs. Le ministère de la culture devra continuer
à assurer le fonctionnement des institutions. Au fonds, il appartiendra
de sélectionner "des projets" en privilégiant trois axes : l'émergence,
le décloisonnement des disciplines et la diffusion.
Un programme qui ne tient pas de la révolution, assurent les quatre
rapporteurs. Plutôt de la "métamorphose". Ce qui est "plus difficile à
réussir", avertissent-ils.
Sur le Web : www.culturecommunication.gouv.fr.
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http://www.culturecommunication.gouv.fr/Actualites/Missions-et-rapports/FINANCEMENT-DU-SPECTACLE-VIVANT-DEVELOPPER-STRUCTURER-PERENNISER
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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