[Infoligue] Gérer une association, un avant-goût de l'entreprise
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 16 Nov 08:00:29 CET 2012
Gérer une association, un avant-goût de l'entreprise
Publié par : LE MONDE EDUCATION
Le : 15.11.12
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Lever des fonds, démarcher des partenaires, piloter des équipes : les
responsabilités associatives peuvent constituer une préparation
judicieuse aux fonctions d'encadrement dans la vie professionnelle
L'engagement associatif est un laboratoire d'expérimentations de
l'entrepreneuriat. » C'est ainsi qu'Alexis Bonillo, diplômé de l'ESCE
(Ecole supérieure du commerce extérieur) et détenteur d'un master de
l'école de management de Lyon et Centrale Lyon, raconte son expérience.
En troisième année d'école, il met sur pied un équipage pour participer
au 4L Trophy, un raid-aventure étudiant à visée humanitaire dans le
désert marocain. « Nous devions trouver 50 kilos de fournitures
scolaires et lever 12 000 euros de fonds. J'ai appris l'organisation, la
rigueur, le sens du travail en équipe, l'audace »
Des compétences qu'il applique aujourd'hui à sa propre entreprise : la
création d'une application mobile, Alert Us, autour de la sécurité
parentale. « Mon passé associatif m'a servi pour lever les 400 000 euros
nécessaires au lancement de mon projet », poursuit le jeune entrepreneur
de 24 ans.
Des histoires comme celle d'Alexis, il en existe des centaines dans les
grandes écoles. Les associations étudiantes sont au coeur des business
schools, et les écoles d'ingénieurs ou Sciences Po leur ont emboîté le
pas ces dix dernières années. Bureau des élèves, bureau des arts, «
junior-entreprises », associations humanitaires... Elles animent la vie
du campus, fédèrent les promotions et participent à la notoriété de l'école.
Au niveau individuel, les bénéfices sont multiples et certaines écoles
ont choisi d'accorder des crédits ECTS, qui comptent pour l'obtention du
diplôme, aux étudiants volontaires. C'est le cas de l'école de
management de Strasbourg, qui accorde de trois à six crédits (sur un
total annuel de soixante) à ses étudiants de deuxième année, en fonction
de leur niveau de responsabilité. « Nous considérons que l'engagement
associatif est un enseignement à part entière, détaille Isabelle Barth,
directrice de l'école. C'est une autre manière d'apprendre, sur un mode
inductif : les étudiants expérimentent avant d'approfondir en cours. Ils
développent aussi des compétences qu'on ne peut apprendre sur le papier,
comme gérer l'imprévu. »
Guillaume Belkacem, 24 ans, consultant chez Accenture, a joué à
l'apprenti chef d'entreprise lorsqu'il était président de la
junior-entreprise Sprint JE de son école, Télécom Sud Paris. A 21 ans,
il gérait une équipe de vingt bénévoles, un chiffre d'affaires de 120
000 euros, délivrait des études de marché et assurait la création et le
design de sites Internet pour des PME ou des grands groupes.
« Mes missions relevaient surtout de la gestion de projet et du
management, raconte-t-il. Il faut être inventif pour stimuler une équipe
permanente qui n'est pas payée ! En tant que président, j'ai revu la
stratégie de communication, travaillé sur nos offres, développé notre
réseau de sous-traitance... Avec pour objectif d'améliorer notre qualité
et d'être parmi les meilleures junior-entreprises. J'ai acquis des
compétences précieuses qui n'étaient abordées que très rapidement dans
ma formation d'ingénieur. Ça facilite aussi grandement l'intégration
dans la vie active. Je n'ai pas eu l'impression de tomber des nues en
arrivant en entreprise. »
A l'ESC La Rochelle, les étudiants doivent effectuer un stage
obligatoire de trois mois dans une structure associative extérieure à
l'école, le plus souvent à l'étranger. « Les grandes écoles ont compris
que, dans les associations, on fabrique des compétences dont on aura
besoin demain, analyse Dominique Thierry, vice-président de France
bénévolat. Nous avons par exemple accompagné un groupe d'étudiants de
l'Ecole des mines ParisTech sur un projet de fabrication de fours
économes au Burkina Faso. Ils ont bien vu qu'il fallait adapter le
produit à la culture locale. Ce qui est un élément fondamental de la
formation de l'ingénieur. »
Dominique Thierry met toutefois les écoles en garde contre la tentation
d'institutionnaliser l'engagement : « Du bénévolat obligatoire, ça n'a
plus de sens. Il y a un risque de dérive et d'instrumentalisation. Tout
dépend aussi du sérieux de l'évaluation. »
L'expérience associative peut être un atout pour décrocher un stage ou
un premier job. « C'est un moyen de départager deux candidatures
équivalentes », juge Mariam Khattab, responsable du pôle de recrutement
et conseil en ressources humaines du cabinet Mozaïk RH. « C'est même un
incontournable dans les secteurs associatifs, de l'économie sociale et
solidaire, de la santé ou de l'éducation. Et dans la plupart des grands
groupes cotés, c'est devenu un élément différenciateur. Les entretiens
d'embauche commencent souvent sur la partie associative et les loisirs
du candidat. » Un atout qu'il faut savoir justifier et mettre en valeur.
« La ligne sur le CV ne fait pas tout », relativise Véronique Dusser,
directrice des relations écoles et du recrutement France de L'Oréal. «
Tout dépend de son niveau de participation et d'initiative. Il faut
creuser en entretien. Démarcher des entreprises pour trouver des fonds,
travailler en groupe dans un univers qui n'est pas contraint, faire
preuve d'une certaine maturité pour s'engager... Ce sont des qualités
intéressantes pour l'entreprise. Que l'on peut aussi développer dans un
autre cadre que l'association. Mais il est certain que, si un candidat
n'a ni expérience associative ni expérience entrepreneuriale, il aura
moins de chances d'être retenu. »
Julia Zimmerlich
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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