[Infoligue] Emplois d'avenir : risque-t-on de passer à côté de la cible prioritaire ?
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 25 Avr 09:27:17 CEST 2013
Emplois d'avenir : risque-t-on de passer à côté de la cible prioritaire ?
Publié par : http://www.localtis.info
Le : mercredi 24 avril 2013
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"Le dispositif emplois d'avenir n'est pas une politique de l'emploi,
c'est une politique de l'insertion des jeunes peu ou pas diplômés", a
martelé Nathalie Hanet lors d'un colloque sur les emplois d'avenir
organisé par Profession sport et loisirs – une fédération de 79
associations départementales faisant office de groupements d'employeurs
pour quelque 14.000 adhérents –, mardi 23 mars à Paris (voir aussi
ci-contre notre autre article de ce jour). Pourquoi cette mise au point
? Parce qu'avec seulement 12.000 contrats signés fin mars – alors que
l'objectif de 100.000 signatures fin 2013 en exigerait deux fois plus –,
la cible prioritaire fixée par le gouvernement peut faire débat. "Les
jeunes pas ou peu diplômés, dont le CV ne passe pas la barre des
recruteurs, sont aujourd'hui 500.000, c'est considérable, a insisté la
conseillère technique auprès du ministre du Travail, chargée du
déploiement des emplois d'avenir. C'est pourquoi François Hollande et
Michel Sapin ont réitéré que nous ne changerons pas la cible du
dispositif. Si nous cédons à la pression du chiffre, ce sont ces
jeunes-là qui vont rester sur le carreau."
Un bon dispositif au mauvais moment ?
Preuve des difficultés à recruter des jeunes peu ou pas diplômés, trois
des quatre jeunes en emploi d'avenir qui ont témoigné à l'issue de la
conférence étaient déjà titulaires d'un diplôme dans le domaine du
sport, et éligibles au dispositif car issus de zones de revitalisation
rurale (ZRR). Si l'intérêt à faire appel à un jeune titulaire d'un
diplôme pour prendre en main une association sportive paraît évident
pour celle-ci, que peuvent en attendre les jeunes visés ? Tout d'abord
une première expérience professionnelle dans le domaine qu'ils ont
choisi. Ensuite la possibilité d'obtenir un diplôme plus valorisant
économiquement, comme le brevet d'Etat activités physiques pour tous,
véritable sésame dans un secteur du sport et des loisirs en croissance,
y compris pour préparer le concours d'éducateur territorial des
activités physiques et sportives (Etaps).
Ces exemples, s'ils n'ont pas valeur statistique, démontrent les limites
du dispositif vis à vis de son public prioritaire : des jeunes non
seulement pas ou peu diplômés, mais souvent sans repères et démotivés. A
ce titre, la formation figure parmi les facteurs empêchant un plus large
déploiement des emplois d'avenir. "Beaucoup de missions locales
exigeaient que le plan de formation soit intégralement rédigé avant le
recrutement, précise Nathalie Hanet. Ce n'est pas la meilleure idée qui
soit, car les jeunes [visés par le dispositif] ont plutôt un mauvais
souvenir de l'école. On se donne désormais trois mois pour que le plan
de formation soit planifié."
D'autres obstacles ont été identifiés par les intervenants du colloque.
"Les financements sont longs et compliqués à mobiliser", a ainsi confié
Frédéric Bas, directeur emploi-formation de l'UCPA. Alors que pour
Sébastien Darrigrand, délégué général de l'Usgeres (Union de syndicats
et groupements d'employeurs représentatifs dans l'économie sociale), si
c'est un "bon dispositif", il "n'arrive pas au bon moment, car il y a
une crise du financement associatif". Or, selon le ministère du Travail,
les contrats emplois d'avenir sont signés en priorité par des
associations (43%), suivies par les collectivités locales (36%).
La réforme des rythmes scolaires au secours des emplois d'avenir ?
Nathalie Hanet a toutefois pointé quelques satisfactions pour le
gouvernement. Dans le détail, plus de 60% des contrats en emplois
d'avenir ont une durée de trois ans – le dispositif permettant une durée
de un à trois ans – et 5% sont des CDI. A ce sujet, Nathalie Hanet a eu
une sortie pour le moins iconoclaste lorsqu'elle a lancé : "Un CDI est
presque moins engageant qu'un CDD, car cela se rompt beaucoup plus
facilement. Face à des difficultés économiques, c'est quelquefois plus
facile de motiver une rupture. Dans l'incertitude chronique dans
laquelle évoluent les dirigeants associatifs, et j'en ai été, le pari en
CDI est moins périlleux. Quand un financement s'interrompt au milieu
d'un CDD, vous êtes chocolat." Par ailleurs, 95% des contrats signés le
sont à temps plein. Autre chiffre encourageant : seuls 158 jeunes sont
sortis du dispositif fin mars, dont la moitié à l'initiative de l'employeur.
Enfin, la réforme des rythmes scolaires pourrait donner un nouvel élan
au dispositif à la rentrée prochaine. Nathalie Hanet souhaite en effet
"apporter des réponses opérationnelles aux collectivités qui vont faire
le choix de s'engager dans la réforme des rythmes scolaires dès cette
année". Pour cela, une certaine souplesse devrait être de mise : "Le
temps partiel n'est pas l'horreur absolue [sic] même si ce n'est pas
notre souhait. Nous avons donné consigne aux opérateurs [missions
locales, maisons de l'emploi, etc.] de signer des contrats de 30 à 35
heures par semaine pour les activités qui justifient un temps partiel."
Le sport étant sur ce chapitre particulièrement concerné.
Jean Damien Lesay
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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