[Infoligue] 21 propositions pour sauver les colonies de vacances

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Jeu 22 Aou 09:33:15 CEST 2013


21 propositions pour sauver les colonies de vacances

Publié par : Localtis.info
Le : lundi 29 juillet 2013

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Les colonies de vacances n'ont plus la cote, surtout auprès des familles 
de la classe populaire. Faut-il les sauver, comme le pense le rapporteur 
d'une mission sur l'accessibilité des jeunes aux séjours collectifs, 
pour qui leur extinction n'est pas acceptable ? Ou faut-il voir dans 
cette désaffection des séjours collectifs, tout simplement, des 
réticences d'enfants qui ne veulent plus que "tous les ans ça 
recommence"... ?

Le constat est sans appel : la fréquentation des séjours de vacances de 
plus d'une semaine baisse de manière continue depuis 1995. L'âge d'or 
des années 45-65 des colonies de vacances, qui accueillaient jusqu'à 
1,35 million d'enfants pour les seules colonies d'été, semble bel et 
bien révolu. Une désaffection qui aurait plusieurs raisons, affirme un 
rapport d'information du 10 juillet portant sur l'accessibilité des 
jeunes aux séjours collectifs et de loisirs.
La principale raison serait le coût élevé des séjours. "C'est en premier 
lieu sur le prix des transports qu'il faut travailler. La SNCF reconnaît 
d'ailleurs avoir durci les conditions de réservation des voyages en 
groupe depuis 2006. Les nombreuses contraintes légales et la mise aux 
normes de sécurité des installations recevant du public ont également 
contribué à relever le coût des colonies de vacances", peut-on lire dans 
le rapport du député Michel Ménard, débattu à la commission des affaires 
culturelles de l'Assemblée, et qui vient d'être publié (à télécharger 
ci-contre).

"1 enfant sur 4 ne part jamais" : les classes populaires les plus touchées

"Le prix d'une semaine de vacances en colonie coûte entre 400 et 600 
euros par enfant, avec un coût moyen à la journée de 63 euros contre 47 
euros pour un séjour en village familial", peut-on lire dans le rapport. 
Un montant que peuvent payer, selon le rapporteur, soit une famille très 
défavorisée et subventionnée pour ces séjours (par la municipalité ou 
par des services sociaux), soit les familles gagnant entre 2.000 et 
4.000 euros mensuels, c'est-à-dire les classes moyennes supérieures, 
"dans lesquelles se retrouve la majeure partie des 3,5 millions de 
salariés des grandes entreprises dont les comités subventionnent encore 
les départs en colonies de vacances". Selon les observations de 
L'Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes 
(OVLEJ) relevées dans le rapport, "l'absence des enfants des classes 
populaires et moyennes entraîne non seulement une stagnation voire une 
baisse de la fréquentation mais aussi une segmentation sociale de plus 
en plus marquée des séjours". Plus de trois millions d'enfants (1 sur 4) 
âgés entre 5 et 19 ans ne partent jamais en vacances, rappelle Michel 
Ménard.

Taxe, transports, chèques-vacances, CAF...

"L'objectif du rapport (et de ses 21 propositions) est de permettre aux 
trois millions d'enfants qui ne partent pas, d'avoir un temps de 
vacances dans l'année", résume le député PS de Loire-Atlantique, nommé 
fin 2012 par la commission des affaires culturelles et de l'éducation de 
l'Assemblée nationale.
Parmi les 21 propositions, la toute première a fait l'unanimité... 
contre elle. Michel Ménard, reprenant une proposition de la Ligue 
française de l'enseignement, propose en effet de rétablir une taxe sur 
l'hôtellerie de luxe afin de financer un fonds national d'aide aux 
départs en vacances collectives des mineurs. "Ce fonds doit être la 
première pierre d'une politique ambitieuse d'éducation populaire pour la 
jeunesse qui prenne le relais, pendant les vacances, de l'école dont la 
refondation a été voulue par le gouvernement." Cette idée de taxe "qui 
stigmatise un secteur économique, facteur d'attractivité de notre 
territoire, me semble quelque peu caricaturale", a répondu le député 
Patrick Hetzel, membre de la commission des affaires culturelles et de 
l'éducation, lors de la présentation du rapport. "Ce n'est pas la 
première des priorités de rajouter une taxe, la première priorité c'est 
de diminuer le coût sans diminuer la qualité et l'ambition du projet 
éducatif", avait répondu le 25 juillet la ministre des Sports interrogée 
sur cette proposition lors de la visite d'un centre UCPA dans le 
Finistère. L'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie, 
avait immédiatement averti que cette taxe constituerait "un nouveau 
coup" pour le tourisme en France.
Il est également indispensable d'intervenir sur le coût des transports, 
rappelle le rapport. Si la SNCF s'est engagée à revoir l'offre 
commerciale destinée aux groupes de jeunes, Michel Ménard propose 
également de diminuer encore la charge pour les familles en élargissant 
le dispositif des chèques-vacances aux salariés des petites entreprises. 
"Les entreprises doivent être incitées à soutenir le départ en vacances 
des enfants, car le droit aux vacances est l'affaire de tous." 
Proposition à laquelle Frédéric Reiss a répondu favorablement : "C'est 
une bonne mesure puisqu'elle respecte le libre choix des familles et 
encourage autant les départs en vacances familiales que les séjours 
collectifs."
Parallèlement à l'élargissement du dispositif des chèques-vacances, 
Michel Ménard prône le rééquilibrage des aides des caisses d'allocations 
familiales en faveur des colos. "Je constate que la quasi-totalité de 
ces aides, actuellement près d'un milliard d'euros, est fléchée vers les 
accueils de loisirs. Or ceux-ci ne concernent, en très grande majorité, 
que les enfants de moins de douze ans. Les plus âgés ne les fréquentent 
pas. Les adolescents doivent pouvoir bénéficier de ces aides." Et le 
rapporteur de rappeler : "Les aides distribuées par les caisses 
d'allocations familiales et les municipalités en faveur du départ des 
mineurs en séjours collectifs ont été en grande partie réorientées au 
milieu des années 1990 au profit de subventions de fonctionnement 
versées aux accueils de loisirs sans hébergement", ce qui a fortement 
selon lui contribué à la désaffection pour les colonies de vacances.

Un volontariat de l'animation…

"L'affaire du temps de repos des animateurs sous contrat d'engagement 
éducatif a été la norme de trop qui a provoqué une révolte dans le monde 
des colos et a ouvert une réflexion collective sur leur avenir", affirme 
le rapport.
S'il faut reconquérir les classes moyennes qui ont déserté les colos, 
conférer de nouveau à l'Etat un rôle actif d'incitateur, il faut 
également, pour Michel Ménard, repenser le statut de l'animateur. "Cette 
dernière proposition est d'une large portée. Il ne s'agit pas, 
simplement, d'établir un statut de l'animateur, pour répondre à des 
exigences d'ordre administratif, mais de reconnaître véritablement un 
savoir-faire à part entière. L'animateur n'est pas seulement responsable 
de la sécurité de l'encadrement. Il est aussi celui qui stimule et 
provoque l'épanouissement du jeune sur son lieu de vacances. Il invente 
des sources de divertissement et de rencontre avec les autres membres du 
groupe dont il fait partie. Il installe des repères du 'vivre ensemble' 
et les principes de l'échange et du partage en collectivité", affirme le 
rapporteur. Celui-ci dénonce "la décision du Conseil d'Etat du 10 
octobre 2011 sur le principe du repos journalier des moniteurs", qui 
selon lui va "à l'encontre de l'esprit de leur contrat de travail 
saisonnier, a compliqué l'organisation et a augmenté le coût de 
l'encadrement des séjours". Il se dit à ce propos "favorable à la 
définition d'un statut de volontaire qui se distingue nettement de celui 
du salarié et garantisse une formation tout au long de la vie".

86% des enfants partent en famille

Parallèlement à ces mesures, et en adéquation avec certaines d'entre 
elles, Annie Genevard, présidente de la mission d'information, a 
néanmoins soulevé un fait, rarement abordé et encore moins dans les 
considérations de ce rapport, créant peut-être la surprise. "On n'a pas 
évoqué, parmi les causes de la désaffection des séjours collectifs, les 
réticences des enfants eux-mêmes pour ce genre de séjours collectifs. 
Les enfants ne veulent plus partir en colonies de vacances. S'ajoutent à 
ces réticences les multiples craintes des parents exprimées en termes de 
pédophilie, de mauvaises fréquentations ou de risques physiques." Et la 
présidente d'aller encore plus loin dans sa réflexion en affirmant : 
"Les enfants sont beaucoup en collectivité durant l'année scolaire, 
cette vie collective finit par leur peser et ils peuvent souhaiter y 
échapper pendant les vacances." Reprenant le chiffre cité au cours de 
l'audition par Valérie Fourneyron, la présidente voit d'un très bon oeil 
le fait que "86% des enfants et des jeunes qui partent en vacances le 
font en famille, avec leurs parents, contre 80% auparavant". "Mais cela 
ne signifie pas que les séjours collectifs n'ont pas leur place dans les 
vacances des enfants et des jeunes. Leur valeur éducative est 
essentielle car ils permettent de lutter contre le déterminisme 
communautaire et le repli sur soi", reconnaît-elle.
Prenant acte de toutes ces impressions, Michel Ménard, qui souhaite voir 
le rôle de l'Etat affirmé, notamment en "maintenant des centres de 
vacances sur tout le territoire", espère qu'"à travers de telles mesures 
puisse être retrouvé, réinventé, l'esprit des colonies de vacances, à 
savoir la découverte, l'émancipation des jeunes, l'apprentissage du 
savoir-vivre en collectivité". Reste à voir combien d'enfants auront pu 
ou voulu chanter la chanson de Pierre Perret au cours de cet été 2013...

Sandrine Toussaint

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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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