[Infoligue] Les politiques de la jeunesse seront interministérielles et partagées avec les collectivités
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Ven 15 Fév 09:03:29 CET 2013
Les politiques de la jeunesse seront interministérielles et partagées
avec les collectivités
Publié par : http://www.localtis.info
Le : jeudi 14 février 2013
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Chômage, difficulté d'accès au logement et à l'autonomie. Constatant la
double peine subie par les jeunes face aux conséquences de la crise,
l'Anacej a réuni des élus de grandes villes pour évaluer les politiques
mises en place en direction des 15-30 ans. La ministre des Sports et de
la Jeunesse, Valérie Fourneyron, invitée, a témoigné de l'engagement de
l'Etat dans une politique de jeunesse interministérielle, globale et
partagée avec les collectivités. Un message très apprécié des
intervenants présents.
Partant du constat que la crise de 2008 a plongé de nombreux jeunes dans
une situation précaire (23% des 15-24 ans sont au chômage), fragilisant
ainsi leur accès à l'autonomie et au logement, l'Association nationale
des conseils d'enfants et de jeunes (Anacej) organisait ce mercredi 13
février à l'hôtel de ville de Paris une rencontre nationale à
l'attention des collectivités de plus de 100.000 habitants, avec pour
thème "Quelles politiques pour les 15/30 ans ?". "Quelle place peut-on
donner aux jeunes alors qu'ils sont les premières victimes de la crise,
comment développer une politique d'autonomie, une politique d'accès à
l'emploi, à la formation, au logement... ?", s'est interrogé devant un
parterre d'élus et de professionnels de collectivités le président de
l'Anacej, Gilles Pargneaux, entre autres vice-président de Lille Métropole.
"Remettre le jeune au centre de la société"
"Après des années sans politique ambitieuse en direction de la jeunesse,
il faut remettre le jeune au centre de la société, puisqu'il est son
avenir", insiste le président de l'Anacej. Un sentiment partagé par les
différents élus et intervenants de l'Injep* (venus présenter l'Atlas des
jeunes - voir encadré ci-dessous) qui, tout au long de la matinée, ont
partagé leurs expériences de terrain et leurs attentes vis-à-vis de
l'Etat. L'acte III de la décentralisation et le comité interministériel
de la jeunesse (CIJ), qui doit se tenir ce 21 février, portent les
espoirs des élus d'être entendus. Le président de la République l'avait
annoncé dans son discours de lutte contre l'exclusion, la jeunesse sera
sa priorité. Place aux actes maintenant.
Faire confiance à la jeunesse
"Nous avons lancé des actions concrètes", a rappelé la ministre des
Sports, de la Jeunesse, de l'Education populaire, et de la Vie
associative, Valérie Fourneyron, fraîchement arrivée du Conseil des
ministres ce mercredi, se félicitant d'avoir été invitée à cette
rencontre nationale. Revenant sur les contrats d'avenir et contrats de
génération, le service civique qui verra son nombre de places augmenter,
le blocage des loyers, la contraception pour les mineurs, la réforme de
l'école... la ministre a fait un tour d'horizon assez exhaustif des
actions lancées depuis 8 mois par le gouvernement pour "permettre à la
jeunesse de vivre mieux en 2017 qu'en 2012". "Il faut redonner espoir
aux jeunes, les rendre plus compétitifs et solidaires, ne laisser
personne sur le bord du chemin. Nous devons faire confiance à cette
jeunesse tant malmenée ces dernières années", a scandé la ministre. Et
d'affirmer que cette politique de la jeunesse se fera en concertation
avec les acteurs des collectivités territoriales : "Travailler sans eux
n'est pas concevable !" "Je l'ai dit lors d'un entretien avec l'ARF
[Association des régions de France] hier, nous devons partager cette
politique, nous devons prendre place ensemble et cela se fera par
l'intermédiaire d'une approche globale et interministérielle", a ajouté
la ministre. La phrase est lâchée, les acteurs présents l'attendaient
avec impatience, oui "la démarche du gouvernement est globale et
partenariale", reprenant mot pour mot Marilyse Lebranchu, précise-t-elle.
La lisibilité du droit commun
"Certes nous ne faisons pas une succession d'effets d'annonces, ce qui
ne plaît pas aux médias, mais 26 ministres travaillent depuis des mois
et de façon transversale sur le CIJ", a assuré la ministre. "L'année
2013 sera l'année de mise en oeuvre des politiques jeunesse. Le CIJ sera
l'occasion de réfléchir à la gouvernance la mieux adaptée pour mener ces
politiques", a-t-elle affirmé, avant d'ajouter : "Nous l'inscrirons dans
la durée et dans une cohérence globale en concertation avec les acteurs
associatifs, les jeunes, le CES section jeunes, avec tous ceux qui
portent les politiques de la jeunesse. Le comité n'est qu'un outil, une
étape qui vivra avec l'échange." La ministre a par la même occasion
annoncé travailler avec un groupe de travail constitué de jeunes,
d'acteurs de missions sociales... qui, de février à avril, mettront en
place des projets, notamment d'insertion, pour les plus démunis. "Un
projet va voir le jour qui s'appliquera à 100.000 jeunes pour les aider
dans leur parcours", a-t-elle précisé. Valérie Fourneyron a également
confirmé qu'elle souhaitait proposer le transfert aux régions des
centres d'information et d'orientation (CIO) et déclaré : "Je plaide
pour un véritable service public d'information et d'accompagnement, je
veux conforter les missions locales dans leur rôle." Egalement évoquée,
la fin de la myriade de dispositifs plus ou moins similaires lancés au
sein de dizaines de services et qui rendent les informations nébuleuses.
"On ne veut plus segmenter, on veut de la lisibilité, abattre le
millefeuille. Un trop grand nombre de jeunes n'ont pas recours aux aides
car ils n'ont pas accès à l'information. Si ce n'est pas dans le droit
commun ce n'est pas lisible", a déploré la ministre.
La fin du millefeuille et la lisibilité du droit commun : le message a
été entendu et apprécié. Les élus intervenants s'en sont dans l'instant
félicités. "La direction est donnée, nous travaillons dans la même
direction que le gouvernement", a approuvé Anne Crayssac, adjointe au
maire de Toulouse, qui exerce au sein d'un service Jeunesse très
impliqué et à l'origine de moultes initiatives malgré la mise en place
récente de l'équipe. "Nous avons concerté des jeunes, entendu leurs
attentes, et nous avons concrètement mis des actions en place très
rapidement. Le titre de transport à 10 euros par mois pour les moins de
25 ans, par exemple", énonce l'élue.
Pas de levier périphérique
Créer des instances de dialogue, des lieux de concertation, donner de la
visibilité à la jeunesse dans l'espace public, connaître les attentes,
les problèmes... autant d'initiatives partagées lors de cette matinée.
"Tout est important, rappelle un élu de Lorraine. Il n'y a pas de levier
périphérique comme on l'entend souvent. L'emploi est primordial, je le
sais, je viens de Lorraine, mais ce n'est pas le Graal." L'adjointe au
maire de Paris, Isabelle Gachet, a partagé quant à elle les données
spécifiques à Paris sachant que la capitale est à la fois mairie et
conseil général. Et l'élue de faire part des objectifs de la ville à
l'égard des jeunes : la lisibilité des dispositifs, la création de
12.500 places pour loger des jeunes dans des résidences et des foyers de
jeunes travailleurs, la place des jeunes dans l'espace public - avec une
place pour les ados, grands oubliés de la jeunesse -, l'exigence de la
mixité dans toutes les politiques, la participation des jeunes à
l'élaboration des politiques jeunesse... Avec des actions concrètes à la
clef. A été cité le projet de voies sur berges réclamé par la jeunesse
parisienne pour faire des fêtes d'anniversaire sous des tipis aménagés
le long des voies... ou l'aménagement mobilier du parc André Citroën,
imaginé par des jeunes, qui sera réalisé par de jeunes architectes.
La mobilisation sur le terrain des élus et des associations en faveur
des jeunes n'a plus à faire ses preuves. Même le Sommet européen a pris
la mesure de l'urgence en accouchant d'un fonds 2014-2020 pour un
montant de 6 milliards à destination des régions ayant un taux de
chômage de jeunes supérieur à 25%.
L'heure de la mobilisation de l'Etat vis-à-vis de la jeunesse en
concertation avec les collectivites, dans une approche transversale et
interministérielle, semble avoir sonné. Les prochains mois mettront les
volontés à l'épreuve des faits. La crise perdure. Le contrat d'avenir
n'est pas si populaire chez les jeunes et le contrat de génération (que
le Parlement a définitivement adopté ce 14 février) ne convainc
apparemment pas beaucoup plus : la majorité (58%) des actifs de moins de
30 ans pensent que ce contrat de génération ne permettra pas de lutter
efficacement contre le chômage, révélait le 13 février la 21e édition de
l'Observatoire du travail BVA/BPI/L’institut du leadership/L'Express.
Mais on peut aussi rester optimiste, comme l'ont été les intervenants ce
mercredi dans l'auditorium de l'hôtel de ville de Paris. "Là où il y a
la volonté il y a le chemin", a cité Gilles Pargneaux en reprenant les
mots de François Mitterrand...
Sandrine Toussaint
*Injep : Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire
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Un Atlas POUR "donner à voir la jeunesse d'aujourd'hui"
Une grande partie de la matinée a été l'occasion pour les deux auteurs
de cet atlas des jeunes en France (Yaëlle Amsellem-Mainguy, sociologue à
l'Injep, et Joaquim Timoteo, économiste à l'Injep) de faire la synthèse
de tous les travaux des cinq dernières années à l'attention des jeunes
(excepté les sondages). Logement, emploi, chômage, exclusion, autonomie,
formation, alimentation, sport, santé, vie sexuelle... leur objectif est
de donner à voir la jeunesse d'aujourd'hui. L'atlas se veut révélateur
d'une situation à un moment donné, loin des clichés. 90 pages, 5
chapitres et énormément d'informations conduisent Yaëlle Amsellem à dire
qu'il n'y a pas de jeunes, de vieux mais des individus identifiables au
regard de ce qu'ils vivent. Le jeune revendique de ne plus être un
enfant mais pas un adulte. Avec un constat : les jeunes le sont de plus
en plus tôt et de plus en plus tard. Le processus de passage à l'âge
adulte est long. Si pour l'atlas, le jeune s'arrête à 30 ans (parce
qu'il fallait une limite), les deux auteurs pensent qu'en réalité, c'est
encore un peu trop tôt... Avec une conclusion : le jeune n'est pas
vulnérable parce qu'il est jeune, c'est la situation actuelle qui le
rend vulnérable. Et que bien souvent, le jeune renvoie à l'adulte
l'image (parfois négative) que ce dernier attend de lui.
S.T.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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