[Infoligue] La culture, quatrième pilier du développement durable
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 2 Juil 14:52:02 CEST 2013
La culture, quatrième pilier du développement durable
Publié par : http://www.goodplanet.info
Le : 28 Juin 2013
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Et si il manquait quelque chose au développement durable ? Et si les
trois piliers qu'inclue sa définition officielle : le social,
l'environnement et l'économie, avaient laissé quelque chose de bancal et
qu'il en manquait un quatrième pour établir le concept plus fermement ?
Plus de 20 ans après la définition proposée par Gro Brundtland pour les
Nations Unies, c'est ce que pensent certains experts. Ils proposent
d'ajouter la diversité culturelle au triptyque actuel. La culture
deviendrait ainsi le quatrième pilier du développement durable.
Prendre en compte la dimension culturelle dans l'alimentation c'est, par
exemple, protéger la richesse des traditions gastronomiques de la
société française, mais c'est aussi les modes de production alimentaires
qui lui sont associés, comme les appellations d'origine contrôlée, qui
associent économie agricole, savoir-faire locaux, et environnement. Dans
certains cas, l'imbrication est encore plus étroite. Pour améliorer la
sécurité alimentaire de plusieurs pays d'Afrique, par exemple, on
recommande une diversification des aliments, diversification qui a été
mise à mal par les importations de riz ou de maïs à bas prix, aux
dépends des productions locales. Mais relancer les cultures locales de
légumes implique que les populations redécouvrent des recettes pour
cuisiner ces aliments, y trouvent goût, aient envie de les consommer,
etc. C'est un problème autant culturel qu’environnemental, économique ou
social.
Dans l'habitat, la dimension culturelle est également très forte. Avec
deux dimensions contradictoires : d'une part, avec une standardisation
croissante des formes d'habitat sur toute la planète. Et de l'autre,
avec la réhabilitation des savoir faire-locaux qui ont permis pendant
des siècle à des populations de vivre de manière adaptée et résiliente.
« Il ne s'agit pas de faire du folklore. Mais dans perspective du
développement durable, les savoir-faire ancestraux ont certains mérites.
Ainsi, lors de tremblements de terre en Chine ou Pakistan, plusieurs
bâtiments traditionnels ont résisté aux secousses tandis que les
bâtiments modernes en béton se sont effondrés. Il faut donc faire en
sorte que les grandes entreprises de BTP intègrent cette dimension, ce
qu'elle sont capables de faire dès lors qu'il y a une demande qui
s'exprime », explique Jean Musitelli, ancien ambassadeur de France à
l'Unesco et président de Diversum, association qui encourage une prise
en compte de l'environnement culturel dans les politiques de
développement durable.
En 2002, lors du sommet de la Terre à Johannesburg, cette dimension
culturelle a été reconnue. Puis, en 2010, le troisième Congrès mondial
de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), regroupant de nombreuses
villes comme Paris, Mexico, Istamboul et Sao Paulo, a adopté un document
intitulé “La Culture: Quatrième Pilier du Développement Durable”. Le
document affirme, entre autres, que la culture est nécessaire dans toute
sa diversité pour relever les défis actuels auxquels l’humanité doit
faire face. « Cette vision repose sur la notion de diversité culturelle
portée par l'Unesco », souligne Jean Musitelli.
Le texte mentionne. « Le monde ne fait pas uniquement face à des défis
d'ordre économique, social ou environnemental. La créativité, la
connaissance, la diversité et la beauté sont autant de fondements
indispensables au dialogue en faveur de la paix et du progrès. Ces
valeurs sont, en effet, intrinsèquement liées aux notions de
développement humain et de liberté. Les défis culturels de notre monde
sont bien trop importants pour justifier qu'ils ne reçoivent pas une
attention égale aux trois autres dimensions originales du développement
(l'économie, l'inclusion sociale et l'équilibre environnemental). Ce
quatrième pilier crée de solides passerelles avec les trois autres
dimensions du développement, et il est complémentaire avec chacune
d'entre elles. »
C'est dans ce cadre que s'inscrit un mouvement plus récent encore :
celui de l'économie mauve, lancée en France en 2011 par Diversum.
Qu'est-ce donc ? L'économie mauve, c'est un clin d’œil à l'économie
verte. Elle repose sur l'idée d'une nouvelle alliance entre culture et
économie. Mauve est la couleur « de la créativité et de l'imaginaire,
dont les nuances signent le reflet d'une adaptation aux spécificités de
chacun, pour autant qu'elles respectent les libertés fondamentales »,
écrivent plusieurs intellectuels et personnalités dans une tribune
publiée par le journal Le Monde.
Plus globalement, alors que la crise économique se fait ressentir chaque
jour d'avantage en Europe, l'idée est que « ce marasme n'est pas
conjoncturel, mais qu'il renvoie à des causes profondes : l’épuisement
du modèle productiviste de nos sociétés occidentales ». D'une part à
cause de l'utilisation peu judicieuse des ressources naturelles, mais
aussi parce que le monde se reconfigure à l'aube du XXIe siècle, entre
autres, autour de l'intelligence et de la culture et que cela n'a pas
été suffisamment pris en considération dans les modèles classiques. Or,
la culture est une valeur ajoutée, un facteur de croissance, et donc une
source d'emplois, un mode de développement qu'il faut encourager.
Pour poursuivre le parallèle avec l'économie verte et le concept associé
de responsabilité des entreprises (RSE), il y a également une
responsabilité culturelle des entreprises : toute activité humaine
produit des externalités positives ou négatives qui impactent sur la
culture comme elles impactent sur environnement. Cet aspect a été
analysé sur l'environnement mais beaucoup moins sur la culture. Et pour
poursuivre le parallèle avec un autre concept « vert », celui de
l'empreinte écologique (l'impact sur les écosystèmes), on peut imaginer
calculer un jour une empreinte culturelle.
Bref, comme l'explique Jean Musitelli : « Il faut se remettre à penser. »
Olivier Blond
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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