[Infoligue] Le Conseil national du sport installé sur fond de dissensions avec le mouvement sportif
Denis Lebioda
denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Lun 8 Juil 10:46:58 CEST 2013
Le Conseil national du sport installé sur fond de dissensions avec le
mouvement sportif
Publié par : http://www.localtis.info/
Le : vendredi 5 juillet 2013
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Valérie Fourneyron a installé, vendredi 5 juillet, le Conseil national
du sport, une instance de concertation qui fait la part belle aux
collectivités locales. Egalement invités, plusieurs représentants du
mouvement sportif ont, eux, préféré boycotter la séance. Laboratoire
d'idées en vue de l'élaboration de la future loi de modernisation du
sport, le CNS va devoir se mettre rapidement en ordre de marche.
Après une semaine d'un psychodrame dont l'acmé fut le départ, avant la
fin des travaux, du Comité national olympique et sportif français
(CNOSF) du conseil d'administration du Centre national pour le
développement (CNDS) - voir notre article du 3 juillet -, la tension
n'est pas tout à fait retombée entre les représentants du mouvement
sportif et le ministère des Sports. Ce vendredi 5 juillet, à l'occasion
de l'installation du Conseil national du sport (CNS), Denis Masseglia,
président du CNOSF, s'est bien présenté pour l'ouverture des travaux,
avant de s'éclipser très vite. "Certains représentants n'ont pas
souhaité être présents aujourd'hui, je le regrette, ainsi que l'ensemble
des membres du CNS qui se sont exprimés aujourd'hui. Ils ont dit qu'ils
reviendraient à la prochaine séance et la porte reste largement
ouverte", a commenté Valérie Fourneyron, pressée de questions sur le
sujet lors de la conférence de presse qui a suivi l'installation.
Les collectivités à la hauteur de l'Etat
L'absence du CNOSF ne peut certes réjouir la ministre des Sports, mais
cela n'a semble-t-il pas été jusqu'à gâcher sa matinée. Ce conseil, elle
le portait depuis son arrivée il y a un peu plus d'un an dans un
ministère qui, lui-même, tournait autour de cet objet de concertation
depuis 2011. Entre le projet Jouanno, jugé trop large, et la formation à
la Douillet, jugée trop restreinte, Valérie Fourneyron a choisi une
assemblée de soixante membres aux équilibres revus (voir la composition
ci-dessous). "Nous avons voulu nous doter d'une instance de concertation
et de dialogue de tous les acteurs du sport, avec une composition qui
reflète l'ensemble des acteurs qui font vivre le sport français,
a-t-elle précisé. Pour la première fois, les collectivités territoriales
ont la même place que l'Etat. C'était pour nous essentiel de reconnaître
leur place, et important d'entendre leurs interrogations sur leurs
relations avec les clubs, les inégalités sur les territoires, la place
que doit leur accorder le mouvement sportif quand elles accueillent de
grands équipements et des grandes compétitions."
Un rôle à jouer dans la loi de modernisation du sport
Pour ce qui est de ses missions, la nouvelle instance va plonger
rapidement dans le vif du sujet. "Un enjeu essentiel, annonce Valérie
Fourneyron, sera sa contribution à l'élaboration de la future loi de
modernisation du sport sur laquelle nous avons commencé à travailler, et
que nous avons la nécessité de coconstruire avec tous les acteurs du
CNS." Le dernier grand texte portant organisation du sport en France
date en effet de 1984. Depuis cette époque, de nouvelles questions ont
surgi, au premier rang desquelles les enjeux de solidarité du mouvement
sportif, les liens entre le sport professionnel et le sport amateur, la
délégation de service public, les relations entre associations et
sociétés commerciales, ou encore une meilleure définition du service
public du sport en termes de cohésion sociale, la redéfinition du rôle
des collectivités territoriales, l'articulation des interventions
publiques entre elles, etc.
A ce titre, la ministre a annoncé que les travaux prendraient en compte
les rapports des missions parlementaires menées ces derniers mois. La
dernière en date, achevée cette semaine et portant sur le modèle
économique des clubs de football professionnel français, s'est notamment
interrogée sur la propriété des stades par les clubs et sur la
pertinence des partenariats public-privé. Au-delà de la préparation de
cette loi, la ministre a lancé à la présidente du CNS : "Vous allez être
un laboratoire d'idées, un outil de propositions et d'évaluation des
politiques publiques."
En guise de réponse, Dominique Spinosi - ancienne internationale de
volley-ball, devenue inspectrice de la Jeunesse et des Sports, puis
directrice de la sécurité au comité d'organisation de la Coupe du monde
de football 1998, et actuellement directrice de la délégation santé au
travail d'EDF - a témoigné de son "envie", louant un "format de
concertation toujours productif". "Il faudra qu'on avance ensemble, je
suis très optimiste malgré ce qui s'est passé ce matin, l'intérêt
supérieur du sport va tous nous porter", a-t-elle affirmé.
La FSGT également très critique
Pour avancer ensemble, la première question à laquelle les promoteurs du
CNS devront répondre est : où se trouve l'intérêt supérieur du sport ?
Si Denis Masseglia a fait la trop brève apparition que l'on sait, Lydia
Martins Viana, coprésidente de la Fédération sportive et gymnique du
travail (FSGT) et membre titulaire du CNS désignée par le CNOSF, a,
elle, choisi de ne pas participer à cette première réunion… tout en se
démarquant de la position du CNOSF. Dans un communiqué publié ce 5
juillet, la FSGT indique en effet que si elle se félicite "de la mise en
place d'un espace contribuant au dialogue", elle regrette "que cet
espace ne soit que consultatif". "Nous pensons en effet qu'il devrait
être un espace de coconstruction des politiques publiques. Nous
regrettons les décalages entre les déclarations de la ministre, que nous
partageons largement, et les actes du ministère […]", continue
l'organisation qui revendique 260.000 pratiquants. Tout comme le CNOSF,
la FSGT annonce finalement qu'elle participera aux travaux du CNS. Reste
à savoir si tout le monde jouera dans la même équipe…
Jean Damien Lesay
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Conseil national du sport, mode d'emploi
Le CNS est composé de 60 membres représentants cinq collèges :
- L'Etat (ministère en charge des Sports, de l'Intérieur, de la Santé,
du Tourisme, du Budget…) ;
- Le mouvement sportif dans ses différentes composantes : représentants
des fédérations olympiques et paralympiques, des autres fédérations
unisports et des fédérations multisports ;
- Les collectivités locales : deux représentants de l'Association des
régions de France, deux représentants de l'Assemblée des départements de
France, six représentants de l'Association des maires de France et deux
membres élus de la Commission consultative d'évaluation des normes (CCEN) ;
- Les acteurs économiques et les partenaires sociaux ;
- Les membres associés : autorités indépendantes (CSA, ARJEL et AFLD) et
parlementaires.
Des experts extérieurs seront régulièrement associés aux groupes de
travail ou aux comités restreints pour une plus grande ouverture.
Outre la réunion plénière, le CNS se décline en quatre commissions
thématiques :
- La commission "Ethique et valeurs du sport" émettra des préconisations
pour lutter contre les discriminations, violences et incivilités dans le
sport ; promouvoir le sport féminin et le respect de l'objectif de
parité ; lutter contre le dopage, les matchs truqués et prévenir les
addictions au jeu ; accroître la transparence financière et lutter
contre les conflits d'intérêts ; développer le sport pour les personnes
handicapées.
- La commission "Egalité des territoires" aura pour mission d'analyser
les inégalités territoriales en matière sportive et leur évolution et de
formuler des propositions pour compenser les inégalités d'accès à la
pratique sportive, notamment en matière d'équipements sportifs en zone
rurale, en outre-mer et dans les territoires "politique de la ville".
- La commission "Sport de haut niveau" sera appelée à déterminer une
véritable réflexion stratégique pour le sport de haut niveau, pour les
sportifs, les entraineurs et les arbitres.
- La commission d'examen des règlements fédéraux relatifs aux
équipements sportifs (Cerfres) devient une composante du CNS avec des
pouvoirs renforcés (voir plus haut). Désormais présidée par un élu, elle
procédera à un passage en revue des normes sportives en vigueur et
exercera une fonction de veille sur tous les nouveaux projets de normes
des fédérations délégataires relatives aux équipements sportifs requis
pour accueillir les compétitions. Il est enfin demandé aux fédérations
de faire une veille sur les projets de règlements internationaux qui
souvent, transposés au niveau national, entraînent des dépenses pour les
collectivités.
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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
Mel : denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
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