[Infoligue] Emplois d’avenir, où en est-on côté associations ?

Denis Lebioda denis.lebioda at laligue-alpesdusud.org
Mar 19 Mar 16:00:08 CET 2013


Emplois d’avenir, où en est-on côté associations ?

Publié par : http://cpca.asso.fr
Le : Mercredi 13 mars 2013

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Début mars 2013, soit cinq mois après le lancement du dispositif, 10 000 
emplois d'avenir ont été créés selon le ministre Michel Sapin. Des 
premiers chiffres qui font apparaître une forte mobilisation du secteur 
associatif et des moyens de formations significatifs dégagés par les 
OPCA. Mais les inquiétudes restent entières quant à la capacité des 
structures associatives employeuses à pérenniser ses postes. Un défi qui 
rend d’autant plus nécessaire leur accompagnement.

Mobilisation majoritairement associative

Contrairement aux premiers bilans parus dans la presse qui témoignent 
d’un certaines impatience, le rythme de créations d’emplois (qui s’élève 
à environ 150 signatures par jour) s’avère correct. Certes, ce rythme ne 
devrait pas permettre d’atteindre l’objectif affiché des 100 000 emplois 
d’avenir d’ici la fin 2013 mais il correspond à quelques détails près au 
rythme des dispositifs antérieurs. Comme on pouvait s’y attendre, ce 
sont les associations qui sont les premières à se mobiliser puisqu’elles 
représentent la majorité des employeurs (46% contre 33% dans les 
collectivités, où le rythme de délibérations est moins rapide). Des 
conventions d’engagement ont été signées entre l’Etat et les grandes 
coordinations associatives parmi lesquelles la CPCA, la CNAJEP, 
l’UNIOPSS, le COORACE, ou des fédérations comme la FNARS. Certaines ont 
fait l’objet d’engagement chiffrés telles que les conventions signées 
avec le CNOSF , déclinés en protocole d’accord avec les fédérations 
sportives (handball, équitation, sport d’entreprises) correspondant à 3 
500 emplois ;  la Ligue de l’enseignement, l’AFEV, la FUAJ, la 
fédération nationale des familles rurales pour un engagement de 1000 
postes ; la fédération Léo Lagrange pour 150 postes ; la Fédération des 
APAJH (association pour adultes et jeunes handicapés) pour 300 postes. .

  Une orientation « insertion » qui se confirme

S’agissant de la cible visée,  les premiers chiffres confirment 
l’orientation du dispositif vers l’insertion de jeunes très éloignés de 
l’emploi, telle que souhaitée par le gouvernement. En effet, 90% des 2 
500 premiers emplois d’avenir ont concerné des jeunes peu ou pas 
diplômés : 45% niveau inférieur à  CAP /BEP, 35% niveau CAP /BEP. La 
forte vigilance des services pour éviter l’élévation des niveaux de 
recrutement semble avoir payé. Il n’en reste pas moins que cette 
orientation continue de constituer un frein majeur pour certaines 
associations dont les besoins d’emploi portent principalement sur des 
postes à qualifications importantes, comme c’est le cas dans le secteur 
médico-social.

Les premiers secteurs employeurs sont les loisirs et l’animation (16.5% 
des emplois), l’aide à la vie quotidienne (14.5%), les personnels 
hospitaliers (8%) et l’entretien des espaces verts, maintenance ou 
nettoyage de locaux (7%). On peut noter quelques initiatives 
volontaristes telles que le groupement d’employeurs Géans qui propose 
aux associations employeuses d’Ile-de-France de mutualiser certaines 
fonctions telles que la GRH, la communication, la sécurisation 
juridique, la comptabilité, l’administration. Ce recours à des logiques 
de mutualisation pourrait permettre d’éviter d’accentuer un phénomène 
inquiétant  qui affecte le monde associatif : la généralisation des 
formes d’emplois atypiques (emplois à temps partiels).

  Mais une implication associative chargée d’inquiétudes

Malgré ces premiers chiffres, une enquête réalisée par Recherche et 
Solidarité et publiée en janvier 2013 montre que l’implication 
associative reste chargée d’appréhensions. Nombreux sont les dirigeants 
associatifs à exprimer des craintes quant à leur capacité à pérenniser 
ces emplois après la fin de l’aide de l’Etat (71% d’entre eux éprouvent 
des hésitations liées à cette problématique). Une autre difficulté 
réside dans  la situation financière difficile de beaucoup 
d’associations qui ont perdu des emplois ces dernières années. Ces 
pertes d’emploi ont pu entrainer une réduction de  leur capacité 
d’encadrement qui ne leur donne plus aujourd’hui la possibilité de gérer 
des emplois d’avenir. Par ailleurs, l’enquête montre que les dirigeants 
bénévoles estiment manquer d’informations sur la formation et la nature 
de l’accompagnement dont ils peuvent bénéficier en cas d’embauche d’un 
jeune en emploi d’avenir. De manière plus inquiétante, l’étude confirme 
un risque important : plus les associations se sentent en difficulté 
financière en 2012, plus elles envisagent un recours aux emplois 
d’avenir. Ce qui pose une question redoutable : comment ces 
associations, déjà mises en difficultés par la crise,  seront-elles 
réellement en capacité d’accompagner des jeunes dans leur insertion ?

  Mobilisation de moyens en faveur de la formation

Ces inquiétudes légitimes pointent l’importance du volet formation et 
accompagnement des jeunes en emploi d’avenir. C’est pourquoi, dès la 
mise en place du dispositif, l’USGERES s’est mobilisé pour que des 
moyens supplémentaires soient dégagés afin de répondre aux besoins de 
qualification des associations. Ce qui s’est traduit par la signature 
d’un protocole avec l’Etat en janvier dernier qui prévoit que ce dernier 
prenne des engagements avec les  principaux financeurs de la formation 
professionnelle. Cela a conduit le Fonds paritaire de sécurisation des 
parcours professionnels (FPSPS) à lancer un appel d’offres de 30 
millions d’euros auprès des OPCA pour la formation des jeunes salariés 
en emplois d’avenir. Uniformation a prévu de réserver 20 millions 
d’euros à ces actions et l’Unifed s’est engagée à la mise en œuvre de « 
parcours d’avenir », parcours professionnels intégrés mobilisant des 
dispositifs de formation et d’ingénierie de la branche. De même, UNIFAF 
réservera dès 2013 5 millions d’euros pour les salariés en emplois 
d’avenir. A ces moyens conséquents mobilisés par les OPCA, s’ajoutent 
les démarches de certaines collectivités locales qui s’engagent sur 
l’accompagnement ou la formation des jeunes bénéficiaires. A l’image de 
la région Centre à l’origine de « visas compétences pour l’avenir » dont 
l’objectif est de proposer des méthodes innovantes, en privilégiant par 
exemple les TIC et la formation à distance, pour permettre à ces emplois 
d’avenir de se transformer en emplois durables. A l’échelle des 
territoires, c’est bien  le partenariat entre tous ces acteurs qui reste 
est une des conditions déterminante de réussite de parcours réellement 
professionnalisant et qualifiants pour les jeunes.

  Quid de l’accompagnement des employeurs ?

Quant à l’accompagnement des employeurs associatifs eux-mêmes, qui 
suscite de fortes attentes, il reste encore balbutiant. Certes, les 
associations peuvent s’appuyer sur le Dispositif local d’accompagnement 
(DLA) afin de réaliser un diagnostic de leur situation et se faire 
accompagner pour élaborer le parcours de formation du jeune. Comme l’a 
souligné Nathalie Hanet, conseillère technique chargée du déploiement 
des emplois d’avenir au cabinet de Michel Sapin, le 13 février dernier,  
lors d’une journée de mobilisation des DLA sur les emplois d’avenir,  
“le DLA peut accompagner les employeurs associatifs aux étapes clés du 
dispositif : avant le recrutement, pendant l’emploi, puis en fin de 
contrat”. Mais au vu des capacités d’action restreintes du dispositif et 
des forts besoins d’accompagnement du secteur associatif auquel il doit 
répondre par ailleurs, un réel appui structuré des employeurs reste 
indispensable. Pour cela, l’articulation entre l’ensemble des acteurs 
sur les territoires constitue un facteur de réussite essentiel du 
dispositif. Ce que n’a pas manqué de rappeler Emmanuelle Wargon, délégué 
générale à l’emploi et à la formation professionnelle, en conclusion des 
travaux : « le partenariat le plus large doit exister à toutes les 
étapes de l’emploi d’avenir ».


En savoir plus :

 >>> 
http://cpca.asso.fr/actualite/emplois-davenir-ou-en-est-on-cote-associations


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Denis Lebioda
Chargé de mission
Ligue de l'enseignement dans les Alpes du Sud
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